Philippe LOUPÉS *
FASTES BORDELAIS
POUR BRAGANCE ET BOURBON D’ESPAGNE AUX XIXe et XXe SIÈCLES
Quels rapports la ville de Bordeaux entretient-elle aux XIXe et XXe siè¬ cles avec l’Espagne et le Portugal ? Comment les Bordelais appréhendent-ils à l’époque contemporaine la réalité hispanique et ibéro-américaine ? Quelle image la presse bordelaise donne-t-elle de nos frères latins ? Autant de questions qui sous-tendent un vaste programme de recherches que nous étalerons sur plusieurs années K En introduction, nous nous bornerons à étudier ce que les Anglais pourraient appeler «le côté léger » du sujet, en l’occurrence les visites des souverains d’Espagne et de Portugal dans le sud-ouest de la France. Certes, au «siècle des nationalités », les relations diplo¬ matiques ne reposent plus comme par le passé sur le principe dynastique. Les souverains n’en jouent pas moins au XIXe siècle et au début du XXe siè¬ cle un rôle appréciable dans les relations internationales, comme tend à le prouver le cas ibérique.
Octobre 1846. Le duc de Montpensier, fils de Louis-Philippe, accompa¬ gné de l'infante qu’il vient d’épouser, est reçu fastueusement par la ville de Bordeaux. La célèbre affaire des mariages espagnols vient de se terminer conformément aux intérêts de la France2; aussi, le maire de Bordeaux engage-t-il vivement ses concitoyens à «prouver à la jeune princesse que les Français ont vu avec joie une alliance, gage de paix et d’avenir pour les deux nations faites pour s'estimer et s'entendre 3 ».
* Docteur ès-lettres, Maître-assistant d’histoire moderne à l'Université de Bor¬ deaux III.
1. Dans le cadre du C.E.N.P.A. (Centre d’études Nord-Portugal -Aquitaine), et en collaboration avec le professeur Oliveira Ramos, recteur de l’université de Porto, et le professeur Fernando de Sousa, nous étudions actuellement le consulat de Portu¬ gal à Bordeaux des origines à nos jours. Nous nous proposons ensuite d’élargir cette étude à l’ensemble des consulats ibéro-américains à Bordeaux.
2. En 1846, l’affaire des mariages espagnols compromit le récent rapprochement franco-britannique. L’Angleterre souhaitait un mariage d’Isabelle II avec un Saxe-Cobourg. La France finit par l’emporter grâce à un «doublé » : Isabelle épousa son cousin germain François d’Assise, tandis que sa sœur Louise-Fernande prit pour époux le duc de Montpensier.
3. A.D.G., 1 M 729. Affiche du maire de Bordeaux. Brives-Cazes (E.), Passages des princesses royales françaises et espagnoles en Guyenne (1721-1748), dans Actes de l'Aca¬ démie des sciences, belles-lettres et arts de Bordeaux, 1884, p. 35-174.