Un ouvrier poète
(Documents inédits)
En 1889, dans la Revue de Paris, — où collaboraient Paul de Musset, Léon Gozlan, Xavier Marmier, Philarète Chasles, Castil Blaze, etc..., — paraissait, le 24 mars, sous le titre Les Penseuis inconnus, un article d'Emile Souvestre.
Ce titre flatteur l'eût peut-être été davantage, d'un certain point de vue, remplacé par celui-ci : Penseurs ouvriers, ou, pour employer un mot particulièrement affectionné à l'époque : Pen¬ seurs prolétaires,
Ces penseurs inconnus et prolétaires qu'Emile Souyestre vou¬ lait faire connaître s'appelaient L.-M. Pont\ , Gabriel Gaun\ , Jules Mercier.
A Gauny était consacrée la plus importante partie de l'article. En 1839, il avait trente-trois ans et son œuvre était déjà relati¬ vement étendue. Jusqu'à sa mort, en 1889, il n'a cessé d'écrire. Il a donc laissé de nombreux manuscrits, ainsi que des lettres de lui ou à lui adressées. Ma mère, qui a été son exécutrice testa¬ mentaire, avait ces papiers en sa possession (1).
Ils apportent une contribution qui n'est pas négligeable à l'étude psychologique de l'élite ouvrière, aux alentours de 1830 à 1848, élite encore imbue des principes de la Révolution, encore émue par les lyriques injonctions de Rousseau, bercée par les h\nmes d'un socialisme sentimental
(i) La Bibliothèque de Saint-Denis en est à présent propriétaire.