Uri Eisenzweig, Université de Haifa.
LA RECHERCHE DU RÉFÈRENT L'ÉGLISE DE COMBRAY
A. Théorie
1. Le réfèrent dans l'étude sémiotique du texte
1.0. La réalité du réfèrent
Essentielle à l'analyse du texte nous semble être la position qu'y investit le réfèrent. Le réfèrent : c'est-à-dire ce dont on parle, ce à quoi l'on se réfère. Et il n'est pas indifférent à ce qui nous occupe qu'avec le développement de la conception structurelle du texte se soit précisée l'importance du statut du réfèrent dans sa mise en place sémiotique.
Ou plutôt, devrions-nous dire : hors sa mise en place. Car, en effet, refusant toute explication extérieure au texte, c'est-à-dire l'intégration du signifié au réfèrent \ beaucoup de chercheurs n'ont voulu considérer que la relation signifiant-signifié, négligeant le fait qu'à priori tout signe renvoie à un réfèrent qui ne doit pas, lui, être identifié au signifié 2.
Or, le tercet saussurien signifiant-signifié-référent est indissociable et c'est à tort, croyons-nous, que ces chercheurs expulsent, d'une manière ou d'une autre, le réfèrent au dehors du système sémiotique qu'est le texte, sous prétexte de préserver l'autonomie fonctionnelle de celui-ci. D'une manière ou d'une autre : car c'est là que se détache l'erreur commune à tous ceux qui accordent au réfèrent une réalité extérieure à la structure même du signe, les uns pour l'utiliser comme critère ou comme moyen d'explication (« biographique », « historique » dans le cas du texte), les
1. Compris ici dans son sens vulgaire, habituel.
2. Ainsi, Roland Barthes, dans son « Introduction à l'analyse structurale du récit », in Communications 8, 1966, nous semble ouvrir la voie à une éventuelle interprétation de ce genre, de par l'ambiguïté de ses propos : « Le récit ne fait pas voir, il n'imite pas ; la passion qui peut nous enflammer à la lecture d'un roman n'est pas celle d'une vu/on (en fait, nous ne voyons rien), c'est celle du sens [...], c'est le langage tout seul, l'aventure du langage, dont la venue ne cesse jamais d'être fêtée » (p. 26-27). Cependant, dans ces mêmes lignes, parlant de ce « spectacle qui nous reste encore très énigmatique », Barthes concède qu'il s'agit, quand même, d'un spectacle.
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