Couverture fascicule

Un poète normand contemporain : Wilfrid Lucas

[article]

Année 1973 270 pp. 1-12
doc-ctrl/global/pdfdoc-ctrl/global/pdf
doc-ctrl/global/textdoc-ctrl/global/textdoc-ctrl/global/imagedoc-ctrl/global/imagedoc-ctrl/global/zoom-indoc-ctrl/global/zoom-indoc-ctrl/global/zoom-outdoc-ctrl/global/zoom-outdoc-ctrl/global/bookmarkdoc-ctrl/global/bookmarkdoc-ctrl/global/resetdoc-ctrl/global/reset
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
Page 1

Un poète normand contemporain

WILFRID LUCAS

A l'heure où paraît cette étude, le poète Wilfrid Lucas est âgé, il a quatre-vingt-onze ans. Pur poète dont les ancêtres furent d'authentiques neustriens, sans doute est-il connu par son épopée spirituelle des Cavaliers de Dieu éditée chez Grasset à Paris en 1935 et par sa pièce biblique en vers Marie de Magdala créée au Pré-Catelan de Paris en 1921 et éditée en 1923 aux éditions Suvervie à Rodez. Ces deux publications ne constituent cependant que les premier et quatrième degrés d'un tout homogène solidement édifié. Un plan général, préala¬ blement établi, y préside, et l'auteur a mis cinquante-deux ans de nuits après nuits pour l'établir.

Grand ami et protégé du ménage René Etienne, fondateur de cette revue, c'est dès 1963 que les Etudes normandes ont longuement analysé l'œuvre. Sous forme d'interview, l'auteur Pierre Ferran, autre Normand, ne cachait rien de la situation matérielle difficile du vieux scalde, ce qui n'est plus.

L'œuvre est cyclique et il y a neuf volumes à consi¬ dérer.

Sept constituent la hardiesse présentée. Deux sont en surnombre. L'un annonça douze ans à l'avance ce que serait le grand ensemble. L'autre, le neuvième et dernier, tend à mettre Marie, la Vierge, au-dessus de l'étonnant concept, lequel fait penser à Parsifal de Wagner.

Lui-même, l'auteur a dit de la vastitude, dans sa Marie de Magdala, le premier degré :

Non vous ne savez pas le vœu de la lumière,

La promesse divine au toit de la chaumière Et le don que Jésus a fait au cœur trop lourd : Du profond de l'abîme, Il m'a tendu l'amour !

(A. III, s. IX, page 121)

car il s'agit d'amour, de pur amour haut claironné, quarante-cinq ans vécu, tout flamboyant, sorte de parole de lumière que l'auteur a entendu servir à la François d'Assise et même à la Duns Scot, voire selon la fluo¬ rescence du premier christianisme.

Et l'âge de lumière apparut pour les hommes Avec la pauvreté

Qu'un saint François d'Assise, à l'audace des Romes, Transforme en liberté.

{Le Grand Voilier, page 28)

Ce grand effort ayant nécessité une vie pénible, occasionné de graves jalousies, mais apparaissant devoir rendre un sang jeune à notre vieille religion millénaire, la relever, la ramener au temps premier de sa naissance

que notre fin de siècle trop désaxé semble oublier, est-ce cela qu'a voulu faire l'écrivain ?

J'ai mis par mon calvaire un signe à mon Eglise Un signe resté grand,

Afin que l'âme humaine ait vœu qui tranquillise Et vienne à moi d'élan.

(page 274)

fait-il dire à Jésus dans la pièce précitée.

Je ne le crois pas. Ce n'est même point une sorte de réforme du prêchi-prêcha habituel qu'il a entendu nous offrir. Le grand édifice est d'un autre style, le point de départ plus simple, plus près de nous, parce que sub-jectivé.

Humain, amené, éclairé, nimbé pour une femme, une seule femme, la propre épouse de l'auteur, le concept est tellement élevé, universalisé et sublimé qu'il fait voir celle-ci atteignant Dieu, Dieu le Père, c'est-à-dire l'es¬ sence, outre le sens ultra surélevé de la Trinité, et, par suite pour elle, sa propre et parfaite libération.

Par suite, l'œuvre est mariale. Elle conjugue deux sortes d'amour. Celui du couple et celui d'En-Haut. Ascension, par conséquent, de la chair vers l'Esprit. La trame n'en est pas rigoureuse. Il s'agit de poésie, non d'une thèse. Tout se suit cependant logiquement. L'effer¬ vescence qui l'ensoleille provient du cœur. Quand même, elle est construite, fortement charpentée, chrétienne dans son allure générale et, dans son fondamental, il y a là presque un nouvel Evangile.

Interrogé sur son impérieuse vocation d'enfant, le poète m'a répondu : «Ce que j'ai entendu exalter, en hommage, c'est ce que je puis appeler, quant à l'amour, sa luminosité. Rien de plus. Ma femme n'est plus et, moi, grand mutilé, sourd de guerre, je vis très retiré.

— Et Jésus, le Fils, la double Personne, ai-je rétor¬ qué ?

— Cela découle du tout construit », a-t-il ajouté.

Du point de vue strictement littéraire, l'œuvre est perçue comme en contact étroit avec la nature. Son tout est psalmique, quelque peu chargé d'orphisme, imprégné de celtisme. Mais notre Credo romain y do¬ mine. D'ailleurs plusieurs pères de nos grands ordres religieux ont tout vu des textes avant impression et ils ont fait eux-mêmes couronner sept fois l'ensemble par l'Académie française.

Quelque part dans son ceuvre, le poète André Breton a parlé de vapeur qui passe sur les prés (ou plutôt qui

1

doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw