Michel Deguy : La Machine matrimoniale ou Marivaux. Paris, Gallimard
(NRF), 1981, 301 p. (Coll. «Le chemin »).
À l'ère de la «cybernétique » et de «l'après-lacanisme », Marivaux peut être un ferment de modernité : c'est l'arrière-pensée que semble vouloir nous transmettre l'A. de cet «essai » qui se présente tour à tour et simultanément comme inventaire (I : «Journal de lectures »), démontage (II : «Du fil à retordre ») et célébration (III : «Poétique de la Dispute »). Comment donner idée d'un texte dont l'action ressemble à celle du «marivaudage », au sens où le critique l'accepte pour commencer : «action de mots », «tourniquet de mots » ; fils tordus et retordus, fil conquérant d'une réflexion qui ne rejaillit, «sans fin », sur elle-même, que pour revenir plus fortement sur son objet (voir précisément p. 28-29, 56, 68, 98, 147-148, 194, 206-209, 223, 262, les variations sur le «marivaudage ») ? L'A. développe les vertus spécifiques du théâtre de Marivaux en le confrontant aux plus grands moments de ses œuvres morales ; pour en analyser le fonctionnement rien ne le sert mieux que de lui poser des questions difficiles (où est la passion ? la présence de la mort ? le poids du corps ?) et d'y faire valoir les plus subtiles tentations : le jeu vertigineux des différences,