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Le problème du non-retour chez Hermann Broch

[article]

Année 1989 16 pp. 109-114
Fait partie d'un numéro thématique : Broch
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LE PROBLÈME DU NON-RETOUR CHEZ HERMANN BROCH

Richard THIEBERGER

Plus le temps passe, plus l'image de l'Autriche des aimées trente et quarante ressemble à celle d'un pays démocratique et antifasciste, victime d'une inva¬ sion qui mit fin à son indépendance. L'observateur non averti se demande alors pourquoi tous ces écrivains chassés par Hitler ne se sont pas empressés dès 1945 de revenir dans leur pays libéré — dans la mesure, évidemment, où ils avaient eu la chance de survivre. Il paraît aujourd'hui nécessaire de réagir contre cette grossière simplification.

La déchéance de la Première République Autrichienne n'a pas son origine dans l'invasion de 1938. Celle-ci fut plutôt une conséquence de celle-là1. Le pays annexé alors au Troisième Reich avait cessé d'être une démocratie sous le Chancelier Dollfuss. Que celui-ci ait finalement été assassiné par des natio¬ naux-socialistes n’y change rien. L'Autriche des Dollfuss et des Schuschnigg avait été un État authentiquement autoritaire ayant chassé ou emprisonné les défenseurs de la démocratie, bien avant d'être envahi par les troupes hitlérien¬ nes. En 1938, la population autrichienne s'empressa — qui par conviction, qui par opportunisme — d'adhérer massivement au parti national-socialiste. Le pourcentage de ces adhésions dépassa celui de n’importe quelle autre région du Troisième Reich2.

C'est ainsi que l'on trouve dans la correspondance de Broch, dès 1934, l'expression d'un certain malaise à vivre à Vienne, accompagné d'une vive sympathie pour l'Angleterre. Le 1er août, il écrit à Stefan Zweig, qui se trouve alors à Londres :

L'atmosphère qui règne ici n'est absolument pas favorable au travail. Pour l'instant, je ne puis bouger d'ici, mais tôt ou tard, il devra m'être possible de changer cela, et j'espère pouvoir venir à Londres à ce moment-là.3

1. Cette évolution est analysée par Félix Kreissler dans son livre De la révolution à l'annexion. L'Autriche de 1918 à 1938, notamment pp. 255-386 (P.U.F., 1971).

2. Le supplément à l'hebdomadaire Das Parlament (B 9/88, 26 février 1988) a publié d'excellentes études de Gerhard Botz et de Rolf Steininger sur cette question. On peut se reporter aussi à la discussion organisée sur ce sujet à Vienne par l'hebdomadaire Die Zeit et publiée dans les numéros des 5 et 12 juin 1987. Le professeur Mommsen y déclara notam¬ ment que le nationalisme extrême, précurseur du national-socialisme, eut son berceau en Autriche, où l'antisémitisme a toujours été plus populaire qu'en Allemagne.

3. Briefe, I, Frankfurt/M. 1981, p. 291.

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