Couverture fascicule

Kenneth John Conant, Cluny. Les églises et la maison du chef d'ordre.

[compte-rendu]

Année 1969 127-2 pp. 183-186
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Kenneth John Conant, Cluny. Les églises et la maison du chef d'ordre. Cambridge (Massachusetts), The Mediaeval Academy of America ; Mâcon, Protat frères, 1968, in-fol., 149 p., 121 pi. hors texte, 1 frontispice en couleurs, index et tables.

Voici donc, si longtemps et si impatiemment attendue, la grande monographie de Cluny qui devait faire la synthèse des recherches poursuivies depuis 1927 par M. Kenneth John Conant sur le site vénérable qu'il a patiemment fouillé avec l'autorisation du gouvernement français. Rien n'a été épargné par la Mediaeval Academy of America et par la maison Protat pour que l'ouvrage témoigne par son luxe de l'immensité de l'effort entrepris et mené aujourd'hui à son terme. Grand format (avec impression sur deux colonnes), papier épais, excellence de la typographie, initiale ornée en tête de chaque chapitre, abondance (au total 276 figures) et qualité de l'illustration, il n'est rien qui n'atteigne à la perfection dans la présentation de l'ouvrage. Pareille réussite de l'édition française mérite certes d'être mise en lumière.

Dois- je avouer que j'ai en même temps éprouvé comme une petite déception à la lecture du texte ? Ce n'est pas le désaccord doctrinal que j'entretiens, dans l'amitié, avec M. Conant qui en est cause : sa doctrine a été par lui mainte fois publiée et je me suis expliqué ici même sur les divergences qui nous séparent.

J'attendais sans doute un plus vaste ouvrage, en plusieurs tomes, vu l'importance et l'ampleur du sujet. Il s'agit en effet de l'histoire architecturale du plus grand monastère de la Chrétienté, depuis sa fondation en 910 — et même avant

si l'on tient compte de la construction « réputée franque » de Cluny A — jusqu'aux démolitions achevées en 1823 et jusqu'aux fouilles entreprises en 1913, puis en 1928. Même en grand format, 149 pages constituaient un cadre bien étroit pour y loger tant de choses. Je ne doute pas que M. Conant s'y soit trouvé gêné. Sans doute aurait-il préféré saisir cette occasion de compléter, voire d'éclairer sa pensée sur nombre de points qu'il a abordés dans ses précédents articles. En fait, le présent volume ne dispensera pas les archéologues de recourir aux dissertations données par lui dans Spéculum, le Bulletin monumental, la Revue de l'art, les Mélanges Kingsley Porter et ailleurs.

Dans l'ouvrage définitif, on pouvait espérer, en particulier, trouver un compte rendu détaillé des fouilles. En fait, elles n'ont fait l'objet que de trois articles dans Spéculum, 1929, 1931 et 1954 (avec résumé de l'histoire des premiers sondages dans le Bulletin monumental, 1929). C'était relativement peu pour permettre aux archéologues de vérifier le bien-fondé des conclusions qui en ont été tirées. Il faudra donc, pour une étude vraiment exhaustive, se référer aux documents originaux établis avec beaucoup de soin au jour le jour par M. Conant et déposés au Musée Ochier, et même aux originaux du plan de fouilles (au Musée Ochier et au Service des Monuments historiques), car la reproduction qui en est donnée ici, planche II, est à trop petite échelle pour permettre une lecture détaillée. Je remarque d'ailleurs — d'après le plan tout au moins — qu'il ne semble pas qu'on ait fait de sondage dans la chapelle Saint-Martial ouverte sur le bras sud du grand transept de Cluny III et reconstruite au xive siècle ; la restitution d'une absidiole semblable aux autres en cet endroit devrait donc passer pour hypothétique et imposée seulement par une idée de symétrie. Tous ceux qui m'ont lu avec attention comprendront pourquoi je mets un point d'interrogation en cette partie, précisément, de l'édifice.

Autre regret : on ne trouvera pas dans le présent ouvrage un plan à grande échelle, c'est-à-dire présenté en dépliant, de Cluny III tel qu'on peut l'établir à la lumière des fouilles. Pourtant il nous était annoncé depuis longtemps, dressé « with astonishing précision » par M. Frédéric Palmer et M. Conant lui-même. La publication, mais à très petite échelle, de nombreux plans restitués de l'abbaye vers 1050 (planche IV), en 1088 (planche V), vers 1157 (planche VI), à l'étage vers 1200 (planche VII), vers 1600 (planche VIII) et à l'étage au même moment (planche IX) ne sauraient atténuer ce regret — ■ ni même celle du « plan de Cluny III dans sa perfection » (planche XXXVII), plan schématique à l'échelle « approximative » de 1 : 800. Nous attendions évidemment un grand plan, « teinté » selon l'usage, qui nous aurait éclairé sur la chronologie de la construction telle que l'imagine M. Conant. Faute de l'avoir, il est difficile de se faire une idée définitive d'une doctrine qui a quelque peu varié avec les années et dont les variations, certes légitimes, ne nous ont pas été clairement expliquées.

Ainsi, en 1930, il était admis que la date de 1088 — « fun- datio » de la grande église — était celle du début des travaux, la fameuse libéralité d'Alphonse VI prouvant ■ — ce qui me paraît certain — que l'on préparait tout quelques années auparavant pour la mise en chantier. Mais, dès 1939, la « fundatio » était une cérémonie solennelle pour marquer la naissance de la « superstructure», c'est-à-dire des premières assises au-dessus du sol. En 1966, dans les Mélanges René

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