L'AUDIENCE DU SCEAU
Hommage à M. François Olivier-Martin.
A la veille de la Révolution, huit « jurisconsultes et gens de lettres », Boucher d'Argis père et Boucher d'Argis fils, de Sèze, Garran de Goulon, Henrion de Pensey, Merlin, Robin de Mozas et Treilhard, la plupart avocats au Parlement de Paris1, réunis sous la direction de Guyot, entreprenaient d'exposer à leurs contemporains le statut détaillé de tous les agents de ce qu'on appellerait aujourd'hui la fonction publique 2, entreprise que les événements n'allaient pas tarder à rendre vaine pour ne plus lui laisser qu'un intérêt rétrospectif et historique. Sacrifiant à une conception traditionnelle, les auteurs tendaient à confondre le droit public avec la situation juridique des représentants de la puissance publique et par conséquent, dans une large mesure, avec le droit des offices. Ils mettaient l'accent sur le statut personnel de chaque officier, ses droits, ses privilèges, plutôt que sur la description des rouages et du fonctionnement de la machine politique, judiciaire, administrative. Tel quel, le Traité des droits, s'il avait été achevé, n'en aurait pas moins constitué un tableau sans équivalent des institutions de l'ancienne monarchie à la veille de leur effondrement. Mais, alors qu'il devait comporter douze livres, il s'arrête après le deuxième chapitre du livre II.
1. Boucher d'Argis fils était conseiller au Châtelet de Paris, Merlin, avocat au Parlement de Flandre.
2. Le tome I, paru en 1786, s'intitule : « Traité des droits, fonctions, franchises, exemptions, prérogatives et privilèges annexés en France à chaque dignité, à chaque office et à chaque état, soit civil, soit militaire, soit ecclésiastique, ouvrage de plusieurs jurisconsultes et gens de lettres et publié par M. Guyot, écuyer, ancien magistrat. » Ce n'est qu'à partir du tome III que le nom de Merlin paraît sur la page de titre à côté de celui de Guyot. Le tome III et le tome IV sont d'ailleurs tout entiers rédigés par Merlin.
