Sissi : pourquoi François-Joseph devait-il d'abord se marier avec sa soeur ?

Élisabeth de Wittelsbach, dite « Sissi », est née le 24 avril 1854. Elle était la fille de l’électeur Maximilien en Bavière et de la princesse Ludovica de Bavière. François-Joseph Ier d’Autriche, de quatorze ans son aîné, était quant à lui le fils de Sophie de Bavière, héritière de la cour d’Autriche, et de François-Charles d’Autriche.

Un choix cornélien

Régnante de l’Empire autrichien, Sophie de Bavière n’avait qu’une seule ambition pour son fils héritier : qu’il réussisse son mariage. Pour y arriver, elle avait décidé de choisir elle-même la future épouse de son garçon. Toutefois, désigner l’élue n’a pas été une tâche facile car à cette époque, la future impératrice devait être issue d’une famille royale et être catholique.

Lorsque François-Joseph Ier d’Autriche a atteint l’âge de se marier, sa mère a exécuté son plan. Mais à ce moment-là, le jeune comte était amoureux d’une archiduchesse hongroise, prénommée Elisabeth. Hors de question d’épouser une jeune fille hongroise, compte tenu des mauvaises relations entre leurs deux pays.

Sophie de Bavière a alors envisagé un mariage avec la princesse Anne de Prusse, de la Maison de Hohenzollern. Mais la jeune femme avait déjà un fiancé. L’archiduchesse s’est ensuite tournée vers sa nièce, la princesse Sidonie de Saxe, de la Maison de Wettin. Mais lorsque François-Joseph Ier d’Autriche l’a rencontrée, il l’a trouvée assez nonchalante…

Au milieu du XIXe siècle, tout comme l’Autriche, la Bavière est menacée par la Prusse. Une alliance entre leurs maisons royales, les Wittelsbach et les Habsburg, était donc judicieuse en cette période de crise. Le choix final de Sophie de Bavière s’est donc porté sur sa nièce Hélène, duchesse en Bavière et sœur de Sissi. Belle, catholique et obéissante, elle était une belle-fille parfaite.

Le jour où tout a basculé

La rencontre entre les deux promus s’est déroulée le 16 août 1853. Ont été conviées à la Kaiservilla (soit la villa impériale) à Bad Ischl en Haute-Autriche, Hélène de Bavière, sa mère la princesse Ludovica de Bavière, qui était également la sœur de l’archiduchesse.

Mais une autre invitée était aussi du voyage : la princesse Élisabeth de Wittelsbach. La femme de Maximilien en Bavière l’a en effet emmenée car elle estimait que de telles mondanités pourraient rendre sa deuxième fille moins réservée.

Le rendez-vous a été organisé à l’heure du thé. Le futur roi de Dalmatie a alors pu rencontrer les deux jeunes femmes : sa promise et l’autre. Conquis par les airs encore enfantins et les yeux bruns de Sissi, le jeune duc n’a pas du tout prêté attention à sa future fiancée Hélène.

Sissi a quant à elle trouvé François-Joseph Ier d’Autriche très beau dans son uniforme blanc et rouge. Mais pas de « coup de cœur » de sa part. Pourtant, pour son cousin, la situation était bien différente.

Un coup de foudre à table

La journée s’est poursuivie par un repas à la table royale. Hélène était installée juste à côté de son prétendant. Toutefois, le comte princier de Habsbourg n’a pas quitté des yeux sa soeur Sissi, installée en bout de tablée.

D’après le livre « Sissi et Diana : du rêve à la tragédie » (de Danièle Déon-Bessière pour les éditions Buchet Chastel), le futur roi de Hongrie a eu le coup de foudre pour la duchesse de Bavière en la voyant grignoter du bout de ses dents sa nourriture.

Pour le Comte de Tyrol c'était une évidence : il voulait épouser Sissi. Le lendemain matin, le futur empereur s’est donc empressé de voir sa mère pour lui faire part de son choix. Il n’a pas cessé de complimenter sa cousine de seize ans sur son intelligence, sa silhouette mince ou encore son apparence encore juvénile. Mais l’archiduchesse ne voulait pas d’Élisabeth de Wittelsbach comme belle-fille. Selon elle, Sissi était bien trop jeune et inexpérimentée pour être impératrice.

La nuit de tous les espoirs

Sophie de Bavière a donc décidé de ne pas inviter sa nièce au dîner royal prévu dans la journée. Mais ce que François-Joseph Ier d’Autriche demandait, il l’obtenait. Le fils de François-Charles d’Autriche a alors réussi à faire inviter Sissi et l’a même conviée au bal de la soirée.

Lors de ce bal, la tradition voulait que l’empereur remette le bouquet du cotillon à sa future fiancée. Mais cette nuit-là, François-Joseph Ier d’Autriche a décidé de désobéir pour la première fois à sa mère. Au lieu de donner son bouquet à Hélène de Bavière comme prévu, il l’a offert à Élisabeth de Wittelsbach. Chose encore plus surprenante, la duchesse a également reçu toutes les fleurs destinées aux autres danseuses. Les invités présents dans la salle ont vite compris : Sissi allait devenir la prochaine impératrice d’Autriche. Mais la principale concernée n’a quant à elle pas du tout saisi la portée de cette déclaration d’amour implicite.

Le 18 août 1853, François-Joseph Ier d’Autriche a fêté ses 23 ans. Et il a ce jour-là réussi à imposer sa décision à sa famille : il épousera Élisabeth de Wittelsbach. La future belle-mère et la mère de Sissi ont alors fini par céder.

Une descendance assurée

La principale concernée a quant à elle été la dernière à être consultée sur ce projet marital. Elle a certes été surprise - et triste - d’apprendre cette nouvelle, mais elle a finalement accepté la proposition. « J’aime l’empereur, mais si seulement il n’était pas empereur. Je suis si jeune, si insignifiante. Réussirai-je à rendre l’empereur heureux ? », avait-elle écrit dans son journal intime le jour de la demande. Le lendemain, leurs fiançailles ont été annoncées officiellement et la nouvelle s’est répandue dans le monde entier.

Mariés le 24 avril 1854 à Vienne, François-Joseph Ier d’Autriche et l’impératrice Elisabeth ont donné naissance à quatre enfants : Sophie, décédée à l’âge de deux ans, Gisèle (qui a épousé le prince Léopold de Bavière), Rodolphe devenu le prince héritier de l’Empire austro-hongrois et Marie-Valérie Mathilde Amélie (qui a épousé le prince de Toscane).

Sissi est morte assassinée par un anarchiste italien le 10 septembre 1898 à Genève tandis que François-Joseph Ier d’Autriche est décédé d’une congestion pulmonaire le 21 novembre 1916, dans son château viennois.