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Dans les archives de Match - Rika Zaraï, cet accident qui a failli lui coûter la vie

Clément Mathieu , Mis à jour le

À l'occasion de la disparition de Rika Zaraï, retour sur l'un des épisodes les plus tragiques de sa vie... Avec Rétro Match, suivez l’actualité à travers les archives de Paris Match.

Rika Zaraï avec son imprésario à ses côtés dans une clinique après son accident de voiture, le 29 novembre 1969 à Passy.
Rika Zaraï avec son imprésario à ses côtés dans une clinique après son accident de voiture, le 29 novembre 1969 à Passy. © Keystone-France / Getty Images
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Rika Zaraï chez elle, allongée dans son lit dans un corset de plâtre, après son accident de voiture, entourée de ses parents Madame et Monsieur Goussman, son accordéonniste Marceau Magnier et sa fille Yael à l'orgue, en janvier 1970.
Rika Zaraï chez elle, allongée dans son lit dans un corset de plâtre, après son accident de voiture, entourée de ses parents Madame et Monsieur Goussman, son accordéonniste Marceau Magnier et sa fille Yael à l'orgue, en janvier 1970. © Bernard LEGUAY via Bestimage
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Rika Zaraï, couchée et immobilisée après son accident de voiture, chante dans les studios d'une radio à Paris en février 1970.
Rika Zaraï, couchée et immobilisée après son accident de voiture, chante dans les studios d'une radio à Paris en février 1970. © Keystone-France / Getty Images
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Rika Zaraï, immobilisée après son accident de voiture, est transportée en civière dans un studio de télévision où elle doit enregistrer une émission, à Paris en février 1970.
Rika Zaraï, immobilisée après son accident de voiture, est transportée en civière dans un studio de télévision où elle doit enregistrer une émission, à Paris en février 1970. © Keystone-France / Getty Images
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Rika Zaraï : « Quelques mois après l'accident, combative, j’enregistre un disque, allongée, dans un corset » - Paris Match n°3083, 19 juin 2008
Rika Zaraï : « Quelques mois après l'accident, combative, j’enregistre un disque, allongée, dans un corset » - Paris Match n°3083, 19 juin 2008 © DR / Paris Match
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Rika Zaraï signe des autographes allongée, en 1970.
Rika Zaraï signe des autographes allongée, en 1970. © APS-Medias / Abaca
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Rika Zaraï signe des autographes allongée, en 1970.
Rika Zaraï signe des autographes allongée, en 1970. © APS-Medias / Abaca
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Rika Zaraï en concert, debout, au Marcadet Palace en mars 1970.
Rika Zaraï en concert, debout, au Marcadet Palace en mars 1970. © Yves LE ROUX / Getty Images
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Rika Zaraï avec son imprésario à ses côtés dans une clinique après son accident de voiture, le 29 novembre 1969 à Passy.
Rika Zaraï avec son imprésario à ses côtés dans une clinique après son accident de voiture, le 29 novembre 1969 à Passy. © Keystone-France / Getty Images
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Rika Zaraï chez elle, allongée dans son lit dans un corset de plâtre, après son accident de voiture, entourée de ses parents Madame et Monsieur Goussman, son accordéonniste Marceau Magnier et sa fille Yael à l'orgue, en janvier 1970.
Rika Zaraï chez elle, allongée dans son lit dans un corset de plâtre, après son accident de voiture, entourée de ses parents Madame et Monsieur Goussman, son accordéonniste Marceau Magnier et sa fille Yael à l'orgue, en janvier 1970. © Bernard LEGUAY via Bestimage
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Rika Zaraï, couchée et immobilisée après son accident de voiture, chante dans les studios d'une radio à Paris en février 1970.
Rika Zaraï, couchée et immobilisée après son accident de voiture, chante dans les studios d'une radio à Paris en février 1970. © Keystone-France / Getty Images
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Rika Zaraï, immobilisée après son accident de voiture, est transportée en civière dans un studio de télévision où elle doit enregistrer une émission, à Paris en février 1970.
Rika Zaraï, immobilisée après son accident de voiture, est transportée en civière dans un studio de télévision où elle doit enregistrer une émission, à Paris en février 1970. © Keystone-France / Getty Images
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Rika Zaraï : « Quelques mois après l'accident, combative, j’enregistre un disque, allongée, dans un corset » - Paris Match n°3083, 19 juin 2008
Rika Zaraï : « Quelques mois après l'accident, combative, j’enregistre un disque, allongée, dans un corset » - Paris Match n°3083, 19 juin 2008 © DR / Paris Match
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Rika Zaraï signe des autographes allongée, en 1970.
Rika Zaraï signe des autographes allongée, en 1970. © APS-Medias / Abaca
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Rika Zaraï signe des autographes allongée, en 1970.
Rika Zaraï signe des autographes allongée, en 1970. © APS-Medias / Abaca
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Rika Zaraï en concert, debout, au Marcadet Palace en mars 1970.
Rika Zaraï en concert, debout, au Marcadet Palace en mars 1970. © Yves LE ROUX / Getty Images
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1969, année de la consécration et du drame pour Rika Zaraï. Chanteuse à succès au long des années 1960 avec « Exodus » ou « Tournez manège », la protégée d’Eddie Barclay achève la décennie avec deux disques d'or pour « Casatschok » en janvier, puis « Alors je danse » en juin. Les concerts s'enchaînent. En novembre 1969, après une date dans l’est, Rika Zaraï regagne Paris en voiture avec son futur mari Jean-Pierre et une amie. Sur la route, la Lincoln Continental, prise dans un tempête, bascule dans un ravin. La chanteuse va rester six jours dans le coma.

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C'est à son réveil que le cauchemar commence. Rika Zaraï souffre de terribles séquelles : deux vertèbres fêlées, une vertèbre lombaire pulvérisée, trois traumatismes crâniens, les tendons de la main gauche arrachés et le poignet cassé. Prisonnière de son propre corps, la chanteuse va contempler l’idée la plus noire, celle d’une terrible échappatoire, le suicide.

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Sa soif de vie, sa volonté finiront par l’emporter, comme elle l’avait confié à notre magazine en 2008. Une interview donnée quelques semaines avant de souffrir d’une attaque cérébrale et de livrer un nouveau combat contre une hémiplégie, dont elle sortira également vainqueur.

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Quelques mois après l'accident, combative, Rika Zaraï enregistrera un disque, allongée, dans un corset. Des blessures de ce terrible accident de voiture, Rika Zaraï va également tirer son intérêt pour la « médecine douce ». Des soins par les plantes qui lui vaudront toutefois d'importantes controverses.

La chanteuse franco-israélienne Rika Zarai s’est éteinte mercredi 23 décembre 2020. Elle avait 82 ans.

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Voici l’interview de Rika Zaraï consacrée à son accident, telle que publiée dans Paris Match en 2008…

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Paris Match n°3083, 19 juin 2008

 

« Le jour où... j’ai tenté de me suicider », par Rika Zaraï

Propos recueillis par Julien Jouanneau

Après mon accident de voiture en 1969, je me réveille du coma avec le corps brisé. Le diagnostic est tragique : je ne marcherai plus. A l’hôpital, alors que la radio passe en boucle la plus joyeuse de mes chansons, l’envie de mourir m’envahit. J’accumule les cachets qui doivent calmer mes douleurs et me dirige vers la nuit fatale…

Je viens de donner un concert dans l’est de la France, quand Jean-Pierre, mon futur mari, mon amie Jocelyne et moi remontons vers Paris dans notre Lincoln Continental. La route se noie sous une tempête d’apocalypse. Le vent souffle à plus de 140 km/h, tandis que s’abattent sur le capot une armée de grêlons et des cascades d’eau. « J’ai un terrible pressentiment », me confie Jean-Pierre avant de se murer dans un silence pesant. La voiture glisse sur la gauche. Je ne pipe mot quand l’automobile vire sur la droite. Un dénivelé important, puis une violente rafale. La Lincoln tombe dans un précipice. Nous nous fracassons sur le toit d’une maison en contrebas. Le visage de Jean-Pierre heurte violemment le volant, Jocelyne est projetée contre le pare-brise. Pour ma part, six jours de coma. 

De douloureuses séquelles m’extirpent du sommeil en ce mois de novembre 1969. Deux vertèbres fêlées, une vertèbre lombaire pulvérisée, trois traumatismes crâniens, les tendons de la main gauche arrachés et le poignet cassé. Je me découvre prisonnière d’une gangue de plâtre qui immobilise mon corps. Comme séquestrée, la mémoire enfuie, je passe des jours sombres sans comprendre pourquoi mon corps se rebelle, pourquoi il ne sécrète pas le calcium nécessaire dont j’ai tant besoin pour reconstituer mon poignet et mes vertèbres, et surtout la quatrième qui entoure ma moelle épinière à nu. Les médecins affirment que plus jamais je ne remarcherai. Ironie du sort, en ces jours si cruels, la radio inonde la France des paroles optimistes de ma chanson : « Alors je chante l’été, l’amour et la joie. » Même si je partage ma chambre avec Jean-Pierre qui a son genou broyé, je chute dans le désespoir. 

Dans la journée, je feins de faire face. Mais lorsque la nuit s’invite dans ma chambre, la terreur empoigne mes pensées. Je ressasse ce handicap qui m’interdira de chanter sur scène à tout jamais. Je hais ce destin qui m’a tout donné et tout repris. Momifiée dans mon plâtre, je suis convaincue que ma vie est un vrai gâchis. Je n’ai pas assez de larmes pour pleurer. Mon poignet cassé, plus jamais je ne jouerai de piano, l’instrument de ma vie. Je nage dans un brouillard, la conspiration de la gentillesse me fait douter. Pas une parole vraie, on me dit oui à tout. Fossilisée dans ma prison, un désespoir sourd et lourd, comme une immense couverture grise, m’étouffe et m’enfonce. 

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Soudain je réalise que je n’ai pas assez vu, voyagé, ri. Et ma colère se transforme en rage de vivre

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D’abord sous forme de rapides éclairs, la perspective de la mort se mue en idée fixe au bout de trois semaines. Comme Hamlet, se suicider pour dormir, mettre fin à une marée de douleurs. Mourir, la fin des tourments. Les infirmières me donnent chaque jour des pilules, que je ne n’avale pas et que je stocke dans un mouchoir sous mon matelas. J’en ai amassé quatorze. Suffisant pour partir ce soir, au cours de la nuit la plus longue, la plus dure, mais la plus constructive de ma vie. 

A minuit, je souhaite bonne nuit à mon mari. Je lui demande de m’embrasser. Puis encore. Je ne goûterai plus jamais ces plaisirs furtifs. C’est décidé : je vais tirer ma révérence. Jean-Pierre s’endort. Je repense à tous les miens, à mes parents. Ce sera un coup mortel pour eux. Mais impossible d’agir autrement. 1 heure du matin. Un bal fou d’idées dansent dans ma tête. J’imagine toutes les chansons et les choses que j’aurais pu faire dans ma vie, voyager et m’amuser davantage. J’ai été trop sage, trop gentille. Je règle mes comptes avec moi-même. 2 heures. Je tiens à la main mon cocktail de pilules, le verre est rempli d’eau.

Puis quelque chose bascule : plus je me fais de reproches, plus je réalise que je n’ai pas assez vécu. 4 heures du matin, la colère me procure de l’énergie. Au milieu du vacarme dans ma tête, j’entends une voix. Elle m’enveloppe, vibre d’espoir. Elle me dit que je n’ai pas tout essayé, qu’il existe quelque part un moyen de surmonter ce destin. Jusqu’à l’aube, cette voix insiste, me harcèle. Quelque chose vient de changer ; à partir de cet instant, chaque parcelle de moi refuse le handicap. Ma colère se transforme en rage de vivre. A l’aube, je me promets de ne jamais accepter cette condamnation. Je déverse mes pilules et le mouchoir dans le verre. Si je n’y suis pas arrivée cette nuit, je pourrai toujours franchir le cap plus tard. Je me demande si cette voix mystérieuse n’est pas celle de maman, si énergique et résolue, synonyme pour moi de ténacité et de courage. Le suicide ne dénoue rien. Se donner la mort, c’est renier la nature et s’opposer à elle. Je vais me battre. 

Au bout de plusieurs mois d’hôpital, ma calcification est suffisamment avancée, un corset en lamelles d’acier et larges bandes de cuir remplace mon plâtre. Un attirail grâce auquel je peux enfin me tenir debout : à la fois ma camisole et ma liberté. Je pose un pied par terre, puis l’autre. Comme un enfant qui fait ses premiers pas, je ne veux plus m’arrêter.

À voir aussi : Rika Zaraï, ses plus belles photos 


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