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Maria Pacôme : le rideau est tombé

Maria Pacôme
Maria Pacôme © APS-MEDIAS / ABACAPRESS
La Rédaction , Mis à jour le

« Au Théâtre ce soir », elle a fait rire la France. La télé en a fait une star. Paris Match lui rend hommage alors que ses obsèques se déroulent ce lundi.

Pacôme, nom d’un cyclone qui décoiffait. Avec la force théâtrale de Maria. Actrice têtue, trépidante, tressautante, tonitruante, tyrannique et, deux décennies durant, reine du boulevard. Maria, sur scène, avait tout d’un tourbillon patenté dont le stress paroxystique reflétait le profond trac qui l’habitait. Elle ne faisait pas dans la dentelle. Et prenait très au sérieux son personnage d’hystéro excitée comme une puce sauteuse. Sur les planches et à l’écran, dans le bruit et la fureur, elle accumulait les emplois de femme forte, allumée, rigolote, barrée. Mais ils ne correspondaient pas vraiment à son être profond. Partenaire de Louis de Funès, Jean-Paul Belmondo et Jean Poiret, qui ne pouvaient s’empêcher de pouffer en lui donnant la réplique, elle amusait les foules, quasiment sans rivale.

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Se rêvant en tragédienne blonde, et ne parvenant pas, la soixantaine venue, à obtenir des propositions de la sorte, elle décida de se les écrire, apportant à son amie Marie-France Mignal, la directrice du Théâtre Saint-Georges, des cahiers d’écolier dont elle avait rempli à la main les pages de lignes rayées. Dans « On m’appelle Emilie », en 1984, Maria se chamaillait avec sa partenaire, Odette Laure, lui reprochant de lui voler ses effets (qu’elle lui avait pourtant écrits) avant de se réconcilier avec elle le lendemain. Tournant une pub pour l’huile Lesieur avec Patrick Bruel, 25 ans à l’époque, et le trouvant épatant, elle lui avait proposé le rôle du jeune clodo Henri qui chantait. « D’emblée, elle fut fascinée par mon audace », nous raconte aujourd’hui Patrick, qui se souvient avec émotion de ce compagnonnage de plusieurs mois. « En fait, je lançais “Marre de cette nana-là” et je n’avais pas les codes. Elle m’appelait “le petit” et m’entourait de beaucoup de tendresse. Elle fut une spectatrice très agréable de ma façon d’être, et je me souviens parfaitement de son œil puissant, noir et espiègle. » Avec ses textes, Maria osa et se voulut plus grave et très mélancolique.

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Des blessures secrètes

Adepte d’histoires d’amour violentes, elle avait eu le cran, à 24 ans, d’arrêter un temps sa carrière par passion pour Maurice Ronet, qui l’avait épousée et qu’elle idolâtrait. En fait, créature sentimentale, Maria, née en 1923 à Paris dans un milieu modeste – père mécanicien, mère couturière, débuts comme vendeuse dans un magasin de chaussures –, ne s’était jamais guérie des blessures secrètes qui lui balafraient l’âme et la mémoire. Lors de la Seconde Guerre mondiale, son père était parti en camp de concentration et son frère aîné avait été arrêté par la Gestapo. Les occupants avaient promis qu’il serait libéré le lendemain, mais sa mère et elle-même n’avaient récupéré que son cadavre. De cette horreur, Maria ne parlait jamais, sinon pour dire qu’elle ne s’en était jamais remise. Vivant retirée à la campagne avec beaucoup de livres et quatre chiens (dont un ramené des Antilles), face aux fleurs de son jardin, jugeant le monde sans indulgence, ayant gardé toute sa tête et la même intensité, maigre comme un coucou, elle rayonnait d’un humour ravageur qui continuait à la faire se moquer des autres et d’elle-même. L’humour fut la politesse de son certain désespoir. 

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