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Bernard Mabille: "Le jour où je me fais tancer par Le Luron"

Bernard Mabille est actuellement en tournée avec son spectacle « De la tête aux pieds ». Il participe aux « Grosses têtes », sur RTL et a publié « Peut-être gras mais jamais lourd », (éd. Michel Lafon).
Bernard Mabille est actuellement en tournée avec son spectacle « De la tête aux pieds ». Il participe aux « Grosses têtes », sur RTL et a publié « Peut-être gras mais jamais lourd », (éd. Michel Lafon). © Patrick Fouque
Propos recueillis par La Rédaction , Mis à jour le

En 1976, j’écris une chronique assez méchante sur un spectacle de Le Luron. Il ne réagit pas tout de suite. Mais un an plus tard, il me propose une collaboration. Le début d’une fructueuse complicité et d’une amitié tumultueuse.

Je reçois un coup de fl qui me laisse sans voix. Le ton est sec, désagréable : « Bonjour, c’est Le Luron. Puisque vous êtes si malin, écrivez-moi des textes. » Et il raccroche. Décontenancé et sans me demander ce que ça va me rapporter ni si je suis à la hauteur, je me mets au boulot : des parodies de Dalida chantant « Chichi l’Amoroso », de Gilles Vigneault, de Moustaki… Je tape tout à la machine et, à 2 heures du matin, je vais déposer les textes sur le paillasson de Thierry, boulevard Saint-Germain. Il a été tellement odieux au téléphone que je ne veux pas le rencontrer !

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Pendant plus d’un mois, pas de nouvelles. Puis un jour, il me rappelle, guère plus aimable, et me donne rendez-vous à Bobino un mardi à 15 heures. J’arrive, mort de trouille, et je vois le grand homme sur scène en train de travailler un de mes textes. De ce moment naît notre relation : sept ans de collaboration, souvent orageuse, car ce n’est pas facile d’être ami avec lui. Il fait souvent la gueule… Il est capricieux, riche, adulé, entouré d’une bande dont je suis le seul hétéro, ce que certains ne me pardonnent pas.

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Lorsque mon fils naît, il ne me parle plus pendant des semaines parce que je ne lui ai pas proposé d’être le parrain… Assez vite, on ne se quitte plus. Nous faisons des émissions de radio ensemble, je lui écris ses textes, il m’arrive de monter sur scène avec lui. Puis nous décidons de nous lancer dans les imitations d’hommes politiques, vivier autrement plus riche que les stars du showbiz. C’est l’époque Giscard, bientôt suivie par celle de Mitterrand. Nos spectacles se jouent à guichets fermés, on s’en donne à coeur joie. Thierry connaît un regain de popularité : il est passé d’imitateur de variété à humoriste à texte. Disponible pour lui 23 heures sur 24, je suis son petit frère, l’ami de la dernière heure quand les papillons se sont envolés. Il redoute de se retrouver seul dans son 1 000 mètres carrés, alors je le raccompagne après ses sorties de boîte, je viens lui tenir compagnie le dimanche… Malgré son entourage de courtisans, il vit dans une extrême solitude. Jusqu’à sa mort, notre amitié ne s’est pas démentie. Je l’ai un peu aidé, mais lui m’a tout appris, la scène, la radio, la télé, il m’a présenté des tas de gens… Il n’y a pas un jour où je ne pense à lui. Il veille sur moi.

« Thierry n’évoquait jamais son homosexualité. On en parlait beaucoup moins, à cette époque, et il venait d’une petite ville de Bretagne où le sujet était tabou. Même à la fin sa vie, il n’a pas fait son coming out. »

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« On disait que Thierry était de droite parce qu’il avait du fric. Mais, dans la vie de tous les jours, il était très proche des gens. Il n’a jamais oublié qu’il était le fils de provinciaux simples, du côté de Perros-Guirec.

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