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José Garcia : «À mon âge, je ne m’attendais pas à ce que l’on me propose un rôle si physique»

Dans « Totems », José Garcia incarne Virgile, un espion face à ses démons.
Dans « Totems », José Garcia incarne Virgile, un espion face à ses démons. © Eric Garault / Paris Match
Clémence Duranton , Mis à jour le

Dans « Totems », la nouvelle série Amazon, José Garcia incarne un espion hanté par ses démons. Rencontre avec un acteur qui se réinvente.

Certains atteignent ce stade à 40 ans. Cette fameuse « crise » où ces messieurs achètent une voiture clinquante, une montre démesurée ou recouvrent leur chevelure poivre et sel à l’aide d’une teinture bien trop foncée. José Garcia aura attendu 55 ans. Un divorce d’abord, après vingt-huit ans de vie commune avec Isabelle Doval , et une ribambelle de projets inédits : le tournage d’un film en Chine, le lancement de sa propre cuvée de rosé (le Rosé Garcia, donc) en septembre dernier, un rôle dans une pièce d’auteur à venir et… une série. La première, malgré une carrière longue comme le bras.

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« Depuis que ce format a explosé, je regardais de quelle manière les personnages étaient écrits, confie-t-il. Dans beaucoup de séries, comme “Breaking Bad” par exemple, les protagonistes n’évoluent que très peu. Moi, je sais que je dois pouvoir réinventer un rôle pour être bien et celui de Virgile était parfait pour ça. »

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On a connu Garcia jet-setteur en tee-shirt moulant, méchant allumé aux cheveux hirsutes et cadre dévoré par l’ambition. Pour « Totems », le voilà espion jonglant entre RDA, RFA, KGB et CIA. Autant d’acronymes qui plantent un décor glacial. « À l’âge que j’ai, je ne m’attendais pas à ce que l’on me propose un tel rôle, aussi physique et où je pouvais jouer sur autant de variantes. J’adore ces personnages qui ne sont ni le bien ni le mal. C’est une sorte d’archange avec des tonnes de failles. »

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J’ai beaucoup d’addictions, mais j’ai de la chance, je me lasse vite

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Sur le terrain, Virgile est efficace, alerte, a une maîtrise totale de la situation. Il se montre d’un pragmatisme à toute épreuve face à Francis Mareuil (Niels Schneider), jeune recrue tombée sous le charme d’une pianiste contrainte de collaborer avec le KGB (Vera Kolesnikova). Mais, une fois dans son appartement délabré, Virgile est envahi par sa solitude. José Garcia dégage alors une puissance rare, pose un regard habité, porte une inquiétude communicative. « Il n’a plus personne. Dans nos métiers, on peut rapidement se retrouver dans une situation similaire. Un tournage de série dure six mois, si tu en fais deux, tu ne rentres plus chez toi pendant un an et tu ne retournes jamais à ta vie. Il faut faire gaffe, ça va très vite. » D’autant plus quand, comme pour « Totems », il faut tourner à Prague en plein confinement dans des rues désertes avec couvre-feu et fermeture des frontières. Et un arrière-goût de guerre froide au XXIe siècle.

Plus d’une fois, Virgile fend l’armure, abandonné par son corps en prise à son addiction aux médicaments. Garcia comprend, dit-il, car son personnage est à son image, extrême. « J’ai beaucoup d’addictions, mais j’ai de la chance, je me lasse vite. » Durant six mois, il peut fumer comme un pompier et arrêter du jour au lendemain ou encore aller à la salle de sport tous les jours (ce qu’il fait en ce moment) pour ne plus faire une minute d’exercice pendant deux ans. La seule chose qui l’effraie vraiment, c’est l’alcool. « On a un tel taux d’adrénaline quand on est dans le rôle qu’au moment où ça s’arrête on a besoin de boire des quantités assez démentes pour compenser. Et ça nous joue des tours. Imaginez : sur un tournage, il m’est arrivé de me battre ou de m’engueuler 45  fois d’affilée avec quelqu’un, de 3 à 6 heures du matin non-stop. Les gens normaux ne font jamais ça ! Quand tu tues quelqu’un ou que tu le fracasses contre le sol, ton cerveau sait que c’est faux, mais ton geste, lui, est bien réel. Et c’est très difficile de redescendre. »

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D’ailleurs, anecdote plus légère, il se souvient d’avoir été l’extravagant Serge Benamou du soir au matin pendant qu’il jouait dans « La vérité si je mens ! » – « Je gueulais sans arrêt ! » s’esclaffe-t-il. L’expérience lui a fourni le fil d’Ariane pour revenir à lui, une fois de retour à la maison. « Je crois qu’au fond la seule véritable addiction qu’on ait, nous, les acteurs, c’est ce métier. Certains en crèvent de ne plus pouvoir le faire. »

« Totems», disponible chaque vendredi à partir du 18 février sur Prime Video.

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