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"Le Cri" passe au Black

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"Le Cri" d'Edvard Munch, exposé lors de la vente aux enchères.

"Le Cri" d'Edvard Munch, exposé lors de la vente aux enchères.
© Stefna Wermuth/Reuters
Yannick Vely , Mis à jour le

L’un des quatre célèbres tableaux d’Edvard Munch appartiendrait désormais au milliardaire américain Leon Black.

Le montant avait donné le vertige. Pour 120 millions de dollars, soit 98 millions d’euros, un mystérieux acquéreur s’était adjugé le 3 mai dernier lors d’une vente aux enchères organisée par la maison Sotheby's à NewYork l’une des quatre versions du tableau «Le Cri» peint par le Norvégien Edvard Munch en 1895. Le chef d’œuvre expressionniste entrait dans l’histoire du monde de l’art comme le tableau le plus cher jamais vendu. Le précédent record pour une oeuvre d'art avait été établi en 2010 pour un tableau de Pablo Picasso, «Nu, feuilles vertes et buste», parti pour 106,5 millions de dollars chez Christie's.

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Les enchères avaient débuté aux environs de 40 millions de dollars avant de grimper pendant un quart d'heure. Des acheteurs potentiels des Etats-Unis et de la Chine se disputaient le tableau et le prix dépassait vite la barre des 80 millions de dollars. Vice-président exécutif de Sotherby’s, Charles Moffet avait au téléphone un homme particulièrement motivé qui formulait par téléphone une offre définitive de 119.922.500 dollars, commission comprise. Adjugé vendu sous les cris de la foule en délire. Dans la salle, Ben Frija de la galerie K d’Oslo ruminait: la Norvège venait de perdre l’un de ses trésors nationaux. 

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Un tableau, quatre versions

Dès lors, un petit jeu occupait les soirées guindées des riches familles new-yorkaises, comme une réminiscence du «Temps de l’innocence» de Martin Scorsese. Qui avait raflé la mise pour entrer dans le Guiness Book des Records ? Le «Wall Street Journal» dévoile aujourd’hui son identité. Il s’agit du milliardaire américain Leon Black, grand amateur d’art devant l’Eternel. Sa collection est estimée – «Le Cri» non compris – à 750 millions de dollars et comprend des œuvres de Vincent van Gogh et Raphaël, des aquarelles de JMW Turner, des peintures cubistes de Pablo Picasso et des bronzes chinois anciens. Il avait déjà battu un record en 2009 en s’offrant un dessin de Raphaël pour 47,6 millions de dollars.

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Notre homme a nourri une passion pour l’art dès sa plus tendre enfance, encore fallait-il devenir milliardaire – sa fortune est aujourd’hui estimée à 3,4 milliards de dollars par Forbes. Fils d’un magnat de l’agroalimentaire qui a bâti son empire sur le marché de la banane – et dont la mort par suicide ouvre «Le Grand Saut» des frères Coen –, neveu de la marchande de tableaux Grace Borgenicht Brandt, qui a notamment représenté Milton Avery, Ilya Bolotowsky, Jimmy Ernst, Wolf Kahn, Gabor Peterdi, Leonard Baskin, Edward Corbett et Ralston Crawford, Leon Black a entamé sa collection à l’adolescente et le virus ne l’a plus jamais quitté. Copropriétaire du fonds d’investissement Apollo Global Management qui gère 105 milliards de dollars d’actifs, il fait partie des comités directeurs du Metropolitan Museum et du MoMa, mais ne compte pas ouvrir une galerie en son nom, conservant ses trésors dans son immense appartement de Park Avenue, au cœur de Manhattan.

«Mes amis marchaient encore / je suis resté derrière / grelottant d'angoisse / je sentais le grand Cri dans la Nature». Ainsi Edvard Munch décrivait son chef d’œuvre de l’art expressionniste, dans un poème manuscrit qui se trouve sur le cadre du «Cri» acheté par Leon Black. Mouvement artistique du tournant du 20e siècle, dont les peintres les plus connus sont Munch, donc, mais aussi Emil Nolde, Egon Schiele ou Otto Dix, l’expressionnisme a souvent séduit les acheteurs. "Le Cri" représente un homme décharné et chauve, pressant ses mains sur son visage devant un ciel orangé. Pour les historiens, Edvard Munch exprimait ainsi l’anxiété de l’homme devant l’apocalypse annoncée. Le peintre norvégien souffrant d’une hémorragie du vitré de l’œil droit, «Le Cri» est criblé de tâches, représentation des corps flottants qui lui couvraient une partie de la vue.

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Il en existe quatre versions mais une seule appartenait à un particulier – les trois autres tableaux sont exposés au musée Munch et à la Galerie Nationale d’Oslo. Le pastel appartenait à Petter Olsen, héritier de Thomas Olsen qui l’avait acquis en 1937 – le chanceux était un voisin de l’artiste à Hvisten. Avec l’argent de la vente, le Norvégien compte ouvrir un hôtel et un musée consacré au peintre.

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