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Philippe de Gaulle est mort : quand le fils du général rendait hommage à son père dans Match

Entre les mains de Philippe de Gaulle, un disque d’une allocution du Général.
Entre les mains de Philippe de Gaulle, un disque d’une allocution du Général. © Virginie Clavières / Paris Match
Caroline Pigozzi , Mis à jour le

A l’occasion des 50 ans de la mort du Général, l’Amiral Philippe de Gaulle avait partagé ses souvenirs avec Paris Match. Le fils du Charles de Gaulle est mort mercredi 13 mars à 102 ans.

Philippe De Gaulle, le fils du général est mort, est mort mercredi 13 mars à 102 ans. Sa famille a confirmé la nouvelle auprès de l’AFP. « Il est mort dans la nuit de mardi à mercredi à l’Institution nationale des Invalides dont il était pensionnaire depuis deux ans », a commenté son fils Yves de Gaulle. En 2020, Philippe De Gaulle s’était longuement confié à Paris Match afin de rendre hommage à son père Charles pour le cinquantième anniversaire de sa mort.

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Paris Match. Le gaullisme… Que d’héritiers, cinquante ans après la mort du Général !
Amiral Philippe de Gaulle. Chacun s’est approprié sa part, même les communistes. Tous ceux qui font référence à la politique du général de Gaulle respectent sa Constitution, celle de la Ve République… Mais, au fil des élections, l’empreinte de mon père s’est estompée. Pompidou, ce n’était plus tout à fait ses idées. Giscard d’Estaing, encore moins… Mitterrand, lui, dans le fond, avait des idées du général de Gaulle, mais il ne pouvait pas le dire.

Lire aussi : Son père, Jacques Chirac, la Libération : Philippe de Gaulle « se souvient »

Comment jugez-vous l’actuel président ?
Emmanuel Macron a tout à fait raison de se référer au Général ainsi qu’à d’autres chefs d’Etat, la France vient du fond des âges et les siècles l’appellent. Il est cependant trop mêlé à la vie parlementaire, le président devrait avoir un peu plus de recul. Mais enfin, c’est un gaulliste qui vous parle ! Le chef de l’Etat est au-dessus du Parlement et du gouvernement qu’il a nommé. C’est à eux de discuter des affaires courantes. Il s’est doté d’un Premier ministre, à lui de se bagarrer au quotidien avec ses ministres et avec le Parlement. Et c’est au président, bien sûr, de donner une orientation, de choisir. C’est son “métier”, tout comme de faire face à la crise sanitaire, laquelle ne supporte pas de délai.

Lire aussi : Alain Delon lit sa lettre émouvante adressée au Général dans « L’artiste de Gaulle »

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Le Général parlait-il politique ?
Parfois, en nous promenant à Colombey. Il privilégiait les apartés et s’exprimait rarement à la cantonade, disant ce qui convenait à chacun. Il aimait bien aussi les plaisanteries. Par exemple, alors qu’il visitait l’usine Citroën, quand on lui annonce qu’on va offrir une DS à chacun de ses ministres, il n’hésite pas à répondre : “Donnez-leur plutôt des idées !” L’ID était une version simplifiée de la DS. Il se déplaçait en Citroën et en Simca Présidence, véhicule qui avait été alourdi spécialement avec un moteur pouvant rouler longtemps à 15 ou 20 km/h afin de descendre les Champs-Elysées ou de traverser des villes à petite vitesse.

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Lorsque une fois le Tour de France passa à Colombey, il décida de descendre voir les coureurs. Les suiveurs comme les Anquetil ont mis pied à terre pour lui dire bonjour.

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Quelles cérémonies annuelles vous ont le plus marqué ?
Le défilé du 14 Juillet, commémoration de réelle envergure qui témoigne des victoires de la République. Mon père aurait bien aimé qu’on célébrât les 1er et 2 novembre le souvenir de tous les morts à la guerre, pour les familles, mais qu’il n’y ait plus d’autres commémorations. Pour quelle raison continuer indéfiniment avec le 11 novembre, qui marque l’armistice de 1918, et le 8 mai, la victoire de 1945 ? Qu’on laisse les jours fériés auxquels les Français sont si attachés, et que l’Etat s’en tienne à ces deux dates.

Pourquoi votre fils Yves représente-t-il désormais votre famille lors des cérémonies officielles ?
Charles, l’aîné, n’est pas en très bonne santé et il n’y tient pas ; c’est donc Yves, le deuxième, énarque, conseiller d’Etat, que j’ai désigné. C’est aussi lui qui gère la Boisserie, laquelle m’appartient en totalité. J’y paie mes impôts, la Fondation Charles-de-Gaulle la fait visiter et règle la gardienne. Jean, le troisième, est conseiller maître à la Cour des comptes. Pierre, le dernier, s’occupe de gestion de patrimoine à Genève. Né en 1963, il est celui qui a le moins bien connu son grand-père, même s’il garde des souvenirs de leurs promenades… ou du Tour de France à ses côtés devant la télévision. Mon père le suivait. Lorsque une fois le peloton passa à Colombey, il décida de descendre voir les coureurs. Les gars ont vite été prévenus, les suiveurs comme les Anquetil ont mis pied à terre pour lui dire bonjour.

Avec son père dans le bureau de Carlton Gardens, à Londres, le QG des Forces françaises libres, en 1940. Cliché partiellement effacé.
Avec son père dans le bureau de Carlton Gardens, à Londres, le QG des Forces françaises libres, en 1940. Cliché partiellement effacé. © H. Wild/TimeLife/Getty Images

Votre père aimait-il le sport ?
C’était très important pour lui, car cela marquait la vitalité de la France. A ses yeux, un pays qui n’avait pas de sportifs était un pays à moitié mort.

Lisait-il la presse ?
Il regardait tous les soirs le journal télévisé, ça l’intéressait de voir ce que les Français voyaient. Et, bien sûr, il lisait Paris Match chaque semaine. Je ne dis pas cela pour vous flatter, votre journal est le seul qui ait fait un reportage sur la Boisserie de son vivant. Il lisait également les quotidiens, même “L’Humanité”, mais pas toujours “Le Monde”, qu’il appela un certain temps “L’immonde”. Savez-vous que c’est de Gaulle qui l’avait fondé ? On ne le dit pas, c’est pourtant la vérité ! Juste après la guerre, dans son bureau de la rue Saint-Dominique, il demanda à Pierre-Henri Teitgen, ministre d’Etat chargé de l’Information, de trouver un journaliste au passé de résistant et à la compétence reconnue. Le nom d’Hubert Beuve-Méry est avancé. Mon père le convoque : “Vous allez faire un journal comme ‘Le Temps’avant guerre, qui soit neutre politiquement et avec des chroniqueurs. Je vais vous donner l’argent et le papier.” Le premier numéro n’a pas parlé du Général, dans le deuxième on a commencé à écrire contre lui. En réalité, Beuve-Méry n’a jamais cessé de diriger un quotidien en faveur de la IVe République, critiquant de Gaulle. Il le rencontrait une fois par mois et racontait à sa manière ce qu’il avait dit ou ce que bon lui semblait. C’était faux, puisque mon père ne faisait aucun commentaire. Dans un autre style, plus tard, mon père a découvert “Tintin” et “Astérix” grâce à mes enfants, plongés dans ces lectures lors de leurs vacances à Colombey.

L’amiral de Gaulle avec notre grand reporter
L’amiral de Gaulle avec notre grand reporter © Virginie Clavières / Paris Match

Quel est le plus joli souvenir que vous gardez de votre mère ?
Quand elle tenait dans ses bras ma sœur Elisabeth. J’avais à peine 5 ans. Or, cela m’a marqué.

Pourquoi l’appelait-on familièrement “Tante Yvonne” ?
C’était un surnom, comme on aurait dit Bécassine. La vérité est qu’au départ les gens la trouvaient godiche. Elle portait alors un chignon, ne se mêlait jamais de rien. Elle allait voir des bonnes sœurs pour ses œuvres, mais à condition qu’aucun reporter ne se pointe. Sinon, elle faisait demi-tour. Vous n’avez jamais entendu ma mère parler de ses œuvres, bien qu’elle s’y soit consacrée toute sa vie ! Parfois, je l’accompagnais. Un jour, avec elle chez des religieuses qui s’occupaient de garçons malentendants de 4-5 ans. Les sœurs leur jouaient du piano et ils mettaient leur petite tête tout près du clavier. Les pauvres ! Ma mère avait l’art de se pencher sur des causes peu connues. Elle a fini son existence dans la maison de retraite des sœurs de l’Immaculée-Conception, à Paris. Là, elle était certaine que les religieuses ne parleraient pas et ne recevraient aucun journaliste.

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Il disait “vous” aux femmes, “tu” étais plutôt réservé aux camarades de régiment. Mais il ne tutoyait jamais les hommes, par sens de l’honneur

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Votre père et elle étaient-ils très protégés ?
Pas assez. On avait pourtant averti mon père : “Il ne faut pas faire la route Colombey-Paris tous les quinze jours, on va finir par vous assassiner.” Il a enfin décidé de prendre l’hélicoptère et trouvé que c’était plus agréable, car on pouvait admirer le paysage. Cela plaisait beaucoup à mes parents. A l’arrière de la DS, on était tellement enfoncé qu’on ne voyait rien ; ce n’était pas une Porsche ni une Mercedes, pas même une Simca !

Le Général tutoyait-il facilement ?
Il disait “vous” aux femmes, “tu” étais plutôt réservé aux camarades de régiment. Mais il ne tutoyait jamais les hommes, par sens de l’honneur. Même pas les compagnons de la Libération ! Comment aurait-il pu dire “tu” à un soldat ? Des gens qui se battent, risquent leur vie, méritent une certaine dignité. Même s’ils ne sont pas dignes par ailleurs… “La guerre anoblit les plus vils”, expliquait-il. Les Du Guesclin et autres étaient au départ d’affreux bonshommes… [Il rit.] Mais quand ils se battaient pour leur roi ou leur pays, ils devenaient nobles. Mon père vouvoyait mes deux sœurs, tutoyait mes fils mais pas sa petite-fille. Ma sœur et moi vouvoyions notre mère, qui, elle, nous tutoyait tous. Quant à mon père, tantôt il vouvoyait, tantôt il tutoyait son épouse, mais en public c’était généralement “vous”. Moi, il me tutoyait et je le tutoyais.

Sur ses genoux, un numéro de l’ancêtre de notre magazine, daté de mars 1940, et un Paris Match de novembre 1971, un an après la mort du général.
Sur ses genoux, un numéro de l’ancêtre de notre magazine, daté de mars 1940, et un Paris Match de novembre 1971, un an après la mort du général. © Virginie Clavières / Paris Match

Votre père aurait dû faire de vous un compagnon de la Libération…
Il a hésité et m’a dit : “Après tout, tu as été mon premier compagnon.” Je lui ai répondu : “Non pas le premier, le deuxième après ton aide de camp, Geoffroy de Courcel. – Oui, mais je ne peux pas te nommer compagnon, parce que alors il faudrait que j’en nomme trois fois plus et je ne peux pas le faire. Tout le monde saura que tu as été l’un de mes premiers compagnons.” [L’amiral, la voix chargée d’émotion, n’en dira pas plus.]

Le dernier compagnon de la Libération sera enterré dans la crypte du mont Valérien.
C’est le règlement qu’ils ont rédigé, le Général l’a avalisé. Ils ont réglé cela un peu comme les maréchaux d’Empire – encore que nombre de maréchaux d’Empire ont trahi alors qu’eux faisaient corps avec leur premier chancelier, l’amiral Georges Thierry d’Argenlieu, un moine-soldat qui est ensuite retourné au Carmel sous le nom de père Louis de la Trinité. Après la guerre, ils ont choisi de commémorer l’Appel, chaque 18 juin, en dehors de l’Etat, c’est-à-dire pas à l’Arc de Triomphe mais au mont Valérien, où plus d’un millier d’otages et de résistants avaient été fusillés. Ils ont érigé un mur et une crypte, le Mémorial de la France combattante, et ont décidé que le dernier d’entre eux y reposerait. Sur les 1 038 ayant reçu l’ordre de la Libération, dont 271 à titre posthume, ils ne sont maintenant plus que trois : Pierre Simonet, 99 ans, naguère militaire, Daniel Cordier, centenaire, ancien secrétaire de Jean Moulin puis marchand d’art, et Hubert Germain, le doyen, lui aussi centenaire, qui fut député puis ministre de Georges Pompidou. Il devait présenter Navale avec moi et je l’ai retrouvé sur le “Courbet”, mais il n’a finalement plus voulu être marin. Mon père avait créé l’ordre le 16 novembre 1940 pour récompenser les personnes, les unités civiles et militaires, les collectivités civiles œuvrant pour libérer la France. Il entretenait un lien particulier avec ses compagnons issus de tous les milieux et de tous les partis politiques, même du PC. Ils étaient toujours à ses côtés lors de réunions, et plusieurs ont joué ensuite un rôle important dans la création du RPF, le Rassemblement du peuple français. Mon père ne voulait pas faire de politique politicienne, mais il n’aurait pas pu revenir au pouvoir s’il n’y avait pas eu le RPF, c’est-à-dire sans aucuns moyens du tout. Le Général allait dans une ville, puis dans l’autre, cela engendrait de modestes dépenses ; il logeait d’habitude chez l’habitant, rarement dans les préfectures.

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Pour mon père, la vie n’existait pas sans Créateur. Il ne pouvait croire à un Univers sorti du hasard

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Le père Euvé, jésuite à la tête de la prestigieuse revue “Etudes”, explique comment la Compagnie de Jésus forme à de grands destins. Pas moins de deux présidents sous la Ve : de Gaulle et Macron !
Il est clair que les jésuites enseignent le sens de l’Etat et comment se présenter. Emmanuel Macron, ancien élève de La Providence à Amiens, institution jésuite, a en effet ce talent. Certes, il devrait parler un peu plus court mais il se présente bien et il est jeune. Pour moi, il n’a pas épuisé tout son potentiel… Et s’il s’en va, il y aura qui ? Qu’on me le dise ! Je ne vois personne d’autre, pour le moment. Mais revenons aux jésuites, chez lesquels mon père a étudié. Moi, petit, j’étais à Saint-Joseph de Beyrouth, mais c’étaient les bonnes sœurs qui s’occupaient de nous. Charles de Gaulle, lui, a été au collège de l’Immaculée-Conception, rue de Vaugirard, à Paris, aujourd’hui fermé. Son père y enseignait et en fut même le directeur laïque après l’expulsion des jésuites en 1901. Quelle formation ! Il faut savoir que lorsqu’un séminariste entre chez les jésuites il recommence ses études pendant neuf années. Les jésuites ont le goût de l’Etat et le sens du pouvoir. Ils éduquent les gens pour l’administration, les sciences, les explorations, l’astronomie… Il est donc important d’abord, je le souligne, de savoir se présenter. Ainsi, le théâtre, riche d’enseignements, aide-t-il à cela.

La piété du Général était-elle l’un de leurs héritages ?
Pour lui, la vie n’existait pas sans Créateur. Il ne pouvait croire à un Univers sorti du hasard et trouvait que la religion catholique était la plus humaine, la plus équilibrée, celle qui accompagnait le mieux jusqu’à la fin et avait suscité le plus de sacrifices et de dévouements. Le Général a été d’une profonde ferveur tout au long de son existence. Avec un grand enracinement chrétien, marqué entre autres par les lectures de Jacques Maritain et Charles Péguy, et aussi par les jésuites. Cela correspondait à une dévotion intime, à une intériorisation de sa foi, celle d’un être actif dans le monde qui ne mettait pas son acte de baptême dans sa poche. La France n’a-t-elle pas des siècles de chrétienté derrière elle ? Toutefois, dans la cour de l’Elysée, laïcité oblige, il n’y avait pas de valse des soutanes. En revanche, souvenez-vous, c’était pittoresque, en 1946, de voir par exemple le chanoine Kir et l’abbé Pierre siéger sur les bancs de l’Assemblée nationale. Néanmoins les hommes de Dieu doivent s’occuper du spirituel et, d’une certaine manière, du social.

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Le général aimait voir des films, les comiques d’avant guerre et de grands acteurs tels Charles Boyer, Fernandel, Louis de Funès…

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Amiral, parlez-nous de votre deuxième vie professionnelle…
En effet, de septembre 1986 à septembre 2004, j’ai été sénateur RPR puis élu UMP de Paris. Chirac était venu me chercher pour les élections municipales. Nous avons fait campagne partout dans la capitale et, le 6 mars 1983, il a enlevé dix-huit arrondissements sur vingt ! Et jusqu’à 84 ans – l’âge auquel était mort mon grand-père maternel, ce qui à l’époque me paraissait très vieux –, j’ai été sénateur de Paris. Même si le cliché du sénateur qui somnole après les repas est désuet, ce n’était plus la marine, quand je courais partout. Un amiral, c’est un bonhomme qui se déplace de bateau en bateau, jour et nuit.

Comment avez-vous vécu le confinement ?
Je ne suis pas sorti du tout mais, à bientôt 99 ans, cela n’a guère d’importance ! C’était parfois gênant pour me rendre à la banque ou faire une course, je suis maintenant veuf, tout seul. Je ne peux plus marcher. A faire cinq pas dans un sens et cinq dans l’autre, les genoux rouillent. Beaucoup de vieux sont morts, masqués, “emblousinés”. Mes enfants m’apportaient des fruits, il fallait les mettre dans un sac, tout cela était très compartimenté.

Et comment se déroule votre quotidien, maintenant ?
Quand tout va bien, je reçois de temps à autre des visites de ma famille (mes quatre fils m’ont donné six petits-enfants et deux arrière-petits-enfants). Je lis beaucoup de livres d’histoire, je réponds à une bonne partie du courrier que m’envoient surtout des descendants de Français libres. J’écoute de la musique classique, je regarde à la télévision les grands matchs de tennis, de rugby, de football. Et également les “James Bond”, les films de Melville, des Louis de Funès comme “Le Petit Baigneur”, des westerns et des documentaires sur les animaux, la nature avec ses paysages lointains, les déserts, le Grand Nord… Il y a des endroits magnifiques, des pays où je ne suis pas allé et où je n’irai jamais : la Mongolie, l’Himalaya… Je n’ai fait de l’alpinisme que sur écran. [Il rit.]

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On ne choisit pas. Porter ce nom entravait ma propre liberté, me contraignait à beaucoup de discrétion.

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Le cinéma était-il une des rares “distractions” du Général ?
Il aimait voir des films, les comiques d’avant guerre et de grands acteurs tels Charles Boyer, Fernandel, Louis de Funès… Il appréciait aussi Michèle Morgan qu’il trouvait fort jolie, avec beaucoup d’allure, jouant bien. A l’Elysée, ayant peu de temps, il regardait surtout les actualités. Cela avait entraîné de fausses légendes, comme celle d’une speakerine dont on affirmait qu’elle avait été mise à la porte parce que ma mère aurait trouvé peu convenable qu’elle montrât ses genoux. Complètement ridicule ! Ma mère ne se mêlait pas de cela, d’autant que ceux qui étaient dans l’audiovisuel étaient plutôt pour de Gaulle, alors que la presse écrite était souvent contre.

Le président Macron est-il venu vous rendre visite, à quelques jours de cet anniversaire historique ?
Pourquoi le ferait-il ? Soyons sérieux, il n’a pas de temps à perdre ! Il voit déjà beaucoup trop de monde et, à près de 99 ans, on n’est plus que le vestige de soi-même.

Un vestige avec la grande fierté de s’appeler de Gaulle !
J’avoue que j’ai trouvé ça lourd, mais bon, c’est comme ça. On ne choisit pas. Porter ce nom entravait ma propre liberté, me contraignait à beaucoup de discrétion. D’ailleurs, je suis entré dans la marine pour ne pas être dans l’armée de terre, où j’aurais eu une vie impossible. La marine est tournée vers le large ! Enfin, écrivez bien que c’est ma dernière interview. J’insiste. Je suis désormais trop vieux pour cela. Et ne dites pas à mes fils que je vous ai accordé un entretien. Je vais être obligé de leur avouer que c’est vous qui m’avez surpris, “attrapé”. Alors, merci pour les photos, les Paris Match historiques et le cake. Je ne devrais plus manger de gâteau… A mon âge, le sucre, ce n’est pas très bon !

Caroline Pigozzi est l’auteur avec Philippe Goulliaud des « Photos insolites de Charles de Gaulle », éd. Gründ Plon.

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