"J’aime les grands écarts": de passage à Nice, Patrick Chesnais se confie

Ce samedi soir, le comédien lisait des textes de Maupassant et Allais à Carros, dans le cadre du Festival des mots. Juste avant, on l’a retrouvé à Nice pour évoquer ses (très) nombreux projets.

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La rédaction Publié le 25/07/2021 à 13:00, mis à jour le 25/07/2021 à 15:16
Patrick Chesnais (Photo Eric Ottino)

Quand il arrive sur la terrasse de l’Hôtel Aston La Scala, à Nice, Persol sur le nez, tee-shirt blanc, jean et espadrilles, on remarque sa montre au boîtier pulvérisé. à 74 ans, on pourrait penser que Patrick Chesnais a décidé de se la couler un peu plus douce et de ne plus avoir l’œil constamment rivé sur l’horloge, de s’avachir devant les jeux télévisés, dont il raffole. Passez un moment avec cet éternel bougon au cœur tendre et vous comprendrez que c’est tout l’inverse. Cinéma, théâtre, littérature: le natif de La Garenne-Colombes (Hauts-de-Seine) veut continuer à être partout. Une manière pour lui de détourner son esprit de "choses qui fâchent", comme il l’admet pudiquement.

Quels textes avez-vous choisis pour votre lecture à Carros?

Je ne les ai pas choisis, c’est Frédéric Garnier, l’organisateur, qui s’en est chargé. Il y a du Maupassant et du Allais. J’aurais pu m’en occuper, mais j’avais des activités diverses et variées. Quand il m’a fait ces propositions, j’ai trouvé ça assez marrant. Ces auteurs n’ont pas toujours une plume légère, mais Les Contes de la bécasse, c’était plutôt drôle. Et quand j’étais petit, j’adorais Alphonse Allais. C’était le maître de l’absurde, du bon mot. Là, je trouve qu’après les Monty Pythons, Les Nuls et tout ça, ça a un peu vieilli. Mais il reste le style, avec une langue très étudiée. Si je devais revenir une autre fois au Festival des mots, je ferais peut-être mes propres choix. Du Pierre Desproges, par exemple. Il y a trois ans, avec quelques camarades comme Jugnot, Berléand ou Zabou, j’en avais lu à Antibes, au théâtre Anthéa. L’impact est toujours hallucinant.

Vous êtes constamment tourné vers une prochaine étape, quel que soit le domaine artistique?

J’ai une marge qui devient de plus en plus étroite. Il faut en profiter, y aller tant qu’il est encore temps. J’ai fait à peu près le tour du monde et des gens qui l’habitent. Mais il faut que je tourne, que je répète, que je joue, que j’écrive. Ou que je réponde à des interviews avec des questions d’ordre extrêmement privé...

Les échanges semblent très intimes aussi avec les spectateurs ayant, comme vous, perdu un enfant...

En général, les gens arrivent avec de bonnes intentions. Là où ça devient plus difficile, c’est quand des gens ayant vécu le même drame que moi attendent des paroles réconfortantes de ma part. C’est compliqué. Mais en même temps, le fait d’échanger, même des banalités, j’ai remarqué que ça les apaisait.

L’important est de "divertir" son cerveau?

Voilà. J’en parle dans mon deuxième livre, La vie est belle, je me tue à vous le dire [éditions de l’Archipel]. J’évoque le divertissement, au sens où l’entendait Blaise Pascal. C’est-à-dire le fait pour un homme de se plonger dans des activités, professionnelles ou autres, pour ne pas penser aux choses qui fâchent. La mort, la maladie, le monde tel qu’il va, les gens qui souffrent...

Pendant le premier confinement, dans vos propos, on sentait une certaine lassitude. Exact?

Oui enfin... J’ai eu le Covid, ça m’a mis un petit coup derrière les carreaux. J’ai une maison à l’île de Ré, j’ai réappris à regarder les fleurs pousser, j’avais le temps. Profiter de ces plaisirs simples, sans être pressé, sans devoir répondre au téléphone, c’est pas mal aussi. Bon, très vite, j’ai commencé à m’emmerder aussi. Donc j’ai écrit un scénario. Et un deuxième plus tard.

Autour de quoi tournent-ils?

Le premier est adapté d’un roman de Christian Oster, La Vie automatique. C’est l’histoire d’un vieil acteur, petit bras, qui n’a jamais vraiment su pourquoi il était là. Christian Oster écrit d’une façon très particulière, un peu à la Woody Allen, c’est absurde, déroutant. Et le second est une adaptation de Dino Risi, Premier amour. C’est un hasard, mais c’est aussi l’histoire d’un acteur, qui se retrouve dans une maison de retraite pour vieux artistes. Il y va provisoirement, en attente d’un héritage. Et il tombe amoureux d’une très jeune femme. Ensemble, ils vont faire le tour de Paris et ça se terminera très mal. Il rentrera, séduit mais abandonné, dans cette maison de retraite.

Vous avez également un livre en approche?

Oui, mon éditeur m’a proposé d’adresser des lettres à des gens, vivants ou pas, connus ou pas. J’ai un peu détourné le concept en écrivant une lettre à ma jeunesse, à ma vieillesse... ça s’appellera Lettres d’excuses. C’est pour rigoler, une autre façon d’emmerder le monde. Je m’excuse auprès de mes enfants, de l’ennui aussi. Parce que je ne lui ai pas trop laissé de place.

Un mot sur les manifestations contre le pass sanitaire qui ont eu lieu à Nice et ailleurs?

Ils font chier tout le monde. Tout à l’heure, on était bloqués sur la promenade des Anglais. Je leur ai fait ça (il tend son majeur), ils n’en revenaient pas. Bon, j’avais le masque, ils n’ont pas dû me reconnaître. Qu’ils arrêtent de parler de dictature. Dictature de quoi? Franchement, on se fout de la gueule du monde. Je pense que ce sont des dingues, qui ont de gros problèmes et qui cherchent un exutoire. Après ça, ce sera autre chose.

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Nice-Matin

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