Cyril Viguier consacre deux émissions à Philippe Bouvard : "C’est le malin incarné"

Le créateur et présentateur de l’émission Monte-Carlo Riviera, diffusée sur TV5 Monde, consacre deux émissions spéciales à son confrère et modèle, Philippe Bouvard, installé à Cannes. Magnéto.

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Thomas Michel Publié le 11/11/2022 à 19:00, mis à jour le 11/11/2022 à 19:00
Philippe Bouvard et Cyril Viguier lors de l'enregistrement de l'émission Monte-Carlo Riviera, à Cannes. Photo Bruno Bébert

Vous consacrez deux émissions spéciales à Philippe Bouvard. Une évidence dans votre ligne éditoriale ?
Bouvard c’est le type de personnage qui a été au centre du jeu, des médias, de la politique, de la société pendant des années et qui a décidé de se retirer et faire ces dernières années de vie sur la Côte d’Azur. Il se livre sur ce qu’est sa vie aujourd’hui – très active – et la manière dont il perçoit les choses à l’orée de sa vie.

Comment vit-il justement ?
Il prend plus le temps de vivre forcément. Bien qu’il rappelle dans l’interview que ce qui l’a maintenu toute sa vie, c’est le travail. C’est quelqu’un qui se lève le matin et travaille. Mais qui profite aussi encore beaucoup de la vie et va jouer au casino le soir, c’est un épicurien. Je suis fasciné par cette gourmandise à 92 ans. Et je pense que ce mode de vie est l’une des raisons de sa longévité. Il y a le travail et cette capacité d’enthousiasme. Le choix de la Côte d’Azur vient prolonger cette extraordinaire densité de vie professionnelle qu’il a eue.

C’est un modèle pour vous ?
On se rappelle tous des Grosses Têtes mais il a été le pionnier de la télévision que j’aime faire. Dix de der, Samedi soir chez Bouvard, Rendez-vous chez Maxim’s, autant d’émissions des années soixante-dix où il a inventé un style, une liberté, et une mobilité. On ne sortait pas des studios à l’époque et il est allé s’installer chez Maxim’s ! C’était une prouesse techniquement. Deux minutes avant sa première d’ailleurs, il n’y avait pas la liaison. Il fallait un camion – qui coûtait 3 millions d’euros d’aujourd’hui – pour faire une liaison avec la rue Royale à Paris.

"Le pionnier de la télévision que j'aime faire"

Il a toujours été créatif ou a su s’entourer pour cela ?
C’est quand même un garçon de courses du Figaro qui a fini directeur général du journal, je pense qu’il avait une force de vie en lui-même. L’époque montre qu’il y a quelques gens comme ça. Je ne vais pas le comparer à un Joe Biden, mais alors qu’on fait l’apologie du jeunisme, il a déjoué tous les pronostics lors des Midterms à plus de 80 ans. Après une vie où il a perdu sa femme, son fils, etc. Ces mecs sont des résilients incroyables. Bouvard fait partie de cette race-là à mon avis. J’admire cela.

Sa liberté de ton perdure…
C’est aussi le privilège de ne plus avoir de sanctions possibles. Il y va sur des problèmes de société. Il y a des choses qu’on ne peut plus dire et qu’il dit lui.

Un propos sérieux qu’il a toujours ponctué d’une formule, un rire ou un regard facétieux…
Il finit toujours une phrase avec de l’humour. Ce qui passe mal aujourd’hui dans une époque tendue. Dès qu’on met de la légèreté, on est moins écouté.La technique Bouvard, je ne suis pas sûr qu’elle passerait le cap des grands médias.

"Il est dans un magistère de pouvoir Bouvard"

Quelle relation avez-vous avec lui ?
On se croise depuis toujours et au gré de nos conversations et rencontres on s’est trouvé beaucoup de choses en commun. J’ai vraiment développé des relations d’amitié avec Philippe Bouvard. Avant que j’interviewe le président Zelensky [en septembre dernier à Kiev, ndlr] nous en avons parlé. Il est dans la phase de sa vie où il n’est plus en compétition avec quiconque et donne de très bons conseils. Il est dans un magistère de pouvoir Bouvard. Les conversations avec lui sont extrêmement bénéfiques pour quelqu’un comme moi, son expérience est formidable. Mais je pense qu’il distille ses conseils à compte-gouttes. Son amitié et sa considération ont d’autant plus de valeur aujourd’hui.

Son regard est toujours aussi avisé sur l’actualité ?
Il est d’une vivacité d’esprit hallucinante. Mais ce qui le définit, ça reste le travail. Il dit d’ailleurs qu’à son époque ce n’était pas les plus intelligents qui réussissaient mais ceux qui s’accrochaient le plus et étaient dans le travail. Qu’il y avait beaucoup moins de monde et donc plus de places pour ceux qui voulaient travailler et réussir.

Il regrette qu’on ne puisse plus dire certaines choses" 

Bouvard est critique sur son époque, mais est-il désabusé ?
Non, pas du tout désabusé. Je n’ai pas senti qu’il rendait son tablier et était prêt à quitter la scène. Il me dit dans l’interview qu’il transcende les plaisirs, la scène, la vie. Mais il considère que l’époque n’est pas si intéressante à vivre que cela par rapport à ce qu’il a vécu. Il regrette qu’on ne puisse plus dire certaines choses.

Sans passer pour un vieux réac ?
Je ne l’ai pas du tout trouvé réac à aucun moment, puisqu’au fond ça finit toujours par une note d’humour, une pic. Il laisse toujours dans l’ambiguïté. C’est une bonne technique la technique Bouvard. C’est le malin incarné Bouvard. D’ailleurs c’est marrant, quand la caméra s’allume il retrouve ce petit sourire, ce ton.

Un entretien diffusé en deux temps sur TV5 Monde

Philippe Bouvard est l’invité de Cyril Viguier dans le magazine Monte-Carlo Riviera, les dimanches 13 et 20 novembre à 12h20 sur TV5 Monde. Émissions rediffusées en acces prime-time les mardis à 19 h.

"Le célèbre journaliste français évoque les souvenirs de sa vie, son addiction pour le jeu mais revient également sur l’actualité politique, économique et sociale. D’Emmanuel Macron à Joe Biden en passant par Vladimir Poutine, du mouvement #MeToo à la guerre en Ukraine, Philippe Bouvard se remémore ses rencontres avec tous les Présidents de la Ve République", annonce la chaîne.

"Quand il évoque ses discussions avec René Coty et qu’il fait un commentaire sur Macron, c’est intéressant. Il a un regard très acéré et très critique sur l’époque, mais il peut se le permettre car il a une vraie comparaison", commente Cyril Viguier, qui a enregistré l’entretien à Cannes.

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