Au pays des zooms, son règne est incontesté : le bridge dépasse généralement les 20× ! Plus encombrant que les uns, moins adaptable que les autres, il reste imbattable en matière de polyvalence. Si son heure de gloire est passée, il garde quand même ses avantages… et ses adeptes !

Le bridge, un gros compact ?

C’est l’idée qui ressort en examinant la constitution de ces appareils. Les bridges du marché s’apparentent aux compacts : comme eux, ils utilisent des petits capteurs, de 1/2,3″ à 1″.

Il exista jadis des bridges techniquement plus avancés ; par exemple, le Sony R1 disposait d’un capteur APS-C et le Minolta A2 offrait plus de réglages que bien des reflex. Mais les compacts experts sont devenus plus courants et plus pointus, avec plus de commandes et de meilleurs capteurs. Aussi, aujourd’hui, les bridges proposent les mêmes fonctions, la même électronique et une ergonomie comparable à celles des compacts haut de gamme.

Compact Sony RX100 vs bridge Sony RX10
Bague d’objectif, viseur et flash intégrés, même capteur… Le volume et l’objectif sont les vraies différences entre Sony RX100 et RX10.

Tous les critères permettant de choisir un compact peuvent donc être appliqués aux bridges numériques. Quelques nuances s’imposent toutefois. Tout d’abord, l’encombrement est évidemment secondaire : aucun bridge n’espère tenir dans une poche de veste. Ensuite, l’appareil étant plus lourd et le zoom plus long, vous utiliserez bien plus volontiers le viseur, calé sur le sourcil pour gagner en stabilité. La qualité de celui-ci est donc essentielle.

Le boîtier plus gros rend l’ergonomie plus pratique. Les bagues et boutons sont bien séparés, même lorsqu’ils sont nombreux. Les bridges se tiennent tous à deux mains, mais n’oubliez pas de les essayer : vu leur poids, une poignée adaptée à votre morphologie vous épargnera bien des douleurs.

Photo sportive et animalière au bridge Panasonic FZ30
Paysage, sport ou photo animalière : grâce à leur zoom polyvalent, les bridges sont capables de tout. © Franck Mée

Mais la vraie différence entre un bridge et un compact est optique. En éliminant le critère de l’encombrement, il est possible d’utiliser des formules plus complexes, permettant de zoomer plus ou de capturer plus de lumière. De manière générale, « polyvalence » est le maître-mot des bridges.

Le zoom record

Comme les compacts, les bridges se séparent entre ceux qui font la course au zoom absolu et ceux qui misent sur la qualité. Les premiers dépassent les 50×, et utilisent logiquement un capteur 1/2,3″ (4,6 × 6,2 mm) pour conserver une taille raisonnable. Ou presque : le Nikon P1000 est énorme, avec 18 cm de long ! Mais il atteint également une focale maximale incomparable de 3000 mm.

Lune au Nikon P1000
Le diamètre apparent de la Lune est de l’ordre de 0,5°. Cela dépasse le champ de vision vertical du P1000 ! © Nikon

Ces zooms énormes partagent un inconvénient : une ouverture médiocre, entre f/6 et f/8 en longue focale. À ce stade, la diffraction limite la qualité optique. Cela n’est pas gênant pour une publication en ligne, mais les posters manqueront un peu de piqué.

La qualité optique

Les utilisateurs en quête de qualité doivent donc chercher des objectifs plus lumineux. Le Graal de l’ouverture constante à f/2,8 est disponible sur le Panasonic FZ300. Mais pour cela, il utilise un petit capteur 1/2,3″ et se limite à 600 mm (en équivalent 24×36 mm). Quant aux Sony RX10 et RX10 II, ils paient le prix fort pour associer ouverture constante et plus grand capteur 1″ : ils ne dépassent pas 200 mm !

Le compromis raisonnable consiste donc à utiliser un capteur 1″ (8,8 × 13,2 mm) et à se contenter d’environ f/4, pour obtenir un zoom entre 16× et 25×. C’est la recette des Sony RX10 III et IV, ainsi que des Panasonic FZ1000 II et FZ2000.

Nos bridges favoris

Comme pour les autres appareils, nous vous conseillons de prendre le temps de lire des tests et de toucher les bridges susceptibles de vous intéresser. Néanmoins, voici trois valeurs sûres que nous recommandons pour les profils les plus courants.

Le zoom, tout le zoom et rien que le zoom : le Nikon P1000

À tout seigneur, tout honneur, commençons par le tenant de la double couronne : c’est à la fois le zoom le plus long et le boîtier le plus imposant de la catégorie. Hors normes, le Nikon P1000 pèse près d’un kilo et demi et peut s’allonger jusqu’à 30 cm ; mais il atteint une focale réelle de 539 mm, ce qui, sur son petit capteur, donne un cadrage équivalent à un… 3000 mm ! Son champ de moins d’un demi-degré permet de saisir la Lune plein cadre.

Le bridge le plus long : le Nikon P1000 au téléobjectif
À sa plus longue focale, le Nikon P1000 atteint 30 cm de longueur.

En revanche, ce petit télescope se contente d’une ouverture de f/8 à la plus longue focale. Il demande donc beaucoup de lumière, surtout que son petit capteur est limité en haute sensibilité. Un tel zoom impose également des compromis en matière de qualité d’image. C’est donc l’appareil idéal pour photographier en plein jour tout ce que vous voyez, quelle que soit la distance, et pour partager vos clichés en ligne.

Lumineux et abordable : le Panasonic FZ300

Bien moins cher, le Panasonic FZ300 est aussi plus compact, plus maniable, et beaucoup plus léger. Il zoome bien entendu beaucoup moins : il se contente de 600 mm à la focale maximale. Mais grâce à son ouverture constante à f/2,8, il est beaucoup plus adapté lorsque la lumière faiblit. Sa qualité d’image est également plus homogène.

Panasonic FZ300
Abordable et peu encombrant, le FZ300 compense son petit capteur par une ouverture constante.

Son encombrement limité et son ouverture en font un excellent outil pour les voyageurs. Vous pourrez l’oublier dans votre sac et le sortir jour et nuit. Pour autant, son 600 mm permet aussi de photographier les bouquetins ou les faucons à l’occasion.

Vous ne photographiez pas d’animaux sauvages ? Vous préférez les portraits et savez vous contenter de 200 mm ? Des posters de grande taille font partie de vos projets ? Notez alors que les Sony RX10 et RX10 II proposent également une ouverture constante, mais avec un capteur 1″ et une excellente optique.

Le prix de la qualité : le Sony RX10 III

Comme le FZ300, le bridge Sony RX10 III zoome jusqu’à 600 mm. Mais il ajoute un capteur au format 1″. Mieux, celui-ci intègre sa propre mémoire, permettant d’accélérer notablement le traitement d’image. Ainsi, la réactivité est remarquable et la rafale atteint 15 im/s. Il peut également filmer jusqu’à 1000 im/s pour détailler le moindre mouvement.

Sony RX10 III
Associant un capteur 1″ et un excellent 24-600 mm f/2,4-4, le Sony RX10 III justifie pleinement son prix.

Capteur plutôt grand et ouverture relativement élevée (f/4 à la focale maximale) permettent de gérer agréablement la profondeur de champ pour détacher votre sujet de son environnement. C’est donc un excellent choix pour le portrait et la photo animalière.

La polyvalence et l’encombrement du bridge

Compacts encombrants, dotés de zooms très longs ou très lumineux, les bridges se caractérisent avant tout par leur polyvalence. Bien entendu, un hybride ou un reflex équipé d’optiques adaptées donnera de meilleures images. Entre la montée en gamme des compacts et le succès des hybrides, les bridges peuvent donc paraître en perte de vitesse. Néanmoins, pour ceux qui recherchent plus de polyvalence qu’un compact, sans le coût ni la complexité des objectifs interchangeables, les modèles actuels conservent des capacités uniques.

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Auteur

Traducteur, journaliste, pilote privé. Passionné de photo et de cinéma, docteur en binge-watching, mais surtout fasciné par tout ce qui vole, du martinet au Boeing 747. Considère qu'un 200 mm, c'est un grand-angle.

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