Laurent Platero

Ces habitants qui fuient la ville durant les Fêtes de Bayonne

Ils vivent en plein centre de Bayonne et déclarent être contraints de faire la fête ou de partir, bien conscients que tout le monde n’a pas le loisir de fuir. À Bayonne, tout le monde ne vit pas les Fêtes de la même façon.

À Bayonne, la foule en blanc et rouge ne plaît pas à tout le monde.
À Bayonne, la foule en blanc et rouge ne plaît pas à tout le monde. (© Guillaume Fauveau)

Bayonne est une fête, mais pas pour tout le monde. Chaque année, ils sont nombreux à quitter leur ville durant les Fêtes de Bayonne. Ils vont passer quelques jours chez des amis ou auprès de leur famille. Ces Bayonnais ont en commun le fait de souligner « la chance » qu’ils ont de pouvoir partir durant les Fêtes. Certains, cependant, choisissent de rester le premier jour, pour l’ouverture, ou de revenir le dimanche, pour la fermeture, « quand les touristes s’en vont ».

Parmi eux, Grégoire, 43 ans. Il fait partie de ceux qui restent le premier jour, avant de plier bagage à deux cents kilomètres, et de laisser vide son appartement de la rue Vieille-Boucherie. Il reconnaît une « excitation » qui le gagne lorsque le brouhaha d’une foule en blanc et rouge appelle à la fête, sous ses fenêtres. Il descend avec plaisir boire un verre, retrouver des amis et se perdre à deux pas de chez lui, au milieu de ceux qui font des centaines de kilomètres pour être là. Mais dès le jeudi, c’en est trop. Les masses affluent et avec elles les mauvaises intentions. « Tout est démultiplié », estime-t-il. Il pointe du doigt les bagarres et le bruit.

« Bayonne perd son âme »

Grégoire n’a jamais connu de véritable problème, hormis les habituels « pipis sur la porte d’entrée de l’immeuble ». Mais les exemples de portes fracturées et de cages à vélos souillées sont si nombreux, qu’il ne part pas serein. Et il rentre le plus tard possible. Entre les jours avant les Fêtes où tout est en installation et les jours suivants, où la saleté, l’odeur et les aménagements mettent du temps à disparaître, il raconte ne pas aimer cette période. « Pendant un mois, Bayonne perd son âme. »

Jean-Pierre, lui, vit rue d’Espagne. Il n’a pas la possibilité de partir, même s’il aimerait fuir « cette massification qui échappe à tout le monde ». À 72 ans, il fait « un tour en journée », mais rentre tôt chez lui. Il n’aime plus les fêtes. « Le Connemara de Sardou pendant cinq jours, ça va bien », déplore-t-il. Il remarque que les Fêtes ont changé. « Avant, il y avait un art de faire la fête. » À quelques numéros de lui, Martine, 80 ans, dit aller « chez les bonnes sœurs », dans une commune voisine. Son départ est motivé par « ce monde affolant » qui surgit dans la ville, mais elle reste inquiète pour l’immeuble où elle vit, et espère qu’un voisin va « garder la baraque » en son absence.