Guillaume Gallienne et les femmes

C'est un grand bourgeois qui, enfant, se déguisait en Sissi impératrice dans sa chambre. Un garçon élevé au lait de « never explain, never complain ». Fondamentalement drôle, donc fondamentalement triste. Deux heures avec lui sont deux heures hilarantes : il imite comme personne les femmes, leur souffle, leur voix, leurs gestes, parce qu'il les a observées et adorées. Dans son premier film comme réalisateur, « Les garçons et Guillaume, à table ! »*, il joue son propre rôle, ainsi que celui de sa mère, la pierre angulaire de sa vie. Pochette Goyard, chemise bleu ciel classique et alliance en or, il débarque au studio. Chavirant toujours et extrêmement touchant : sur les photos, il avait aussi envie d'être beau.

Marie Claire : Vous avez enlevé votre chemise tout de suite.

Guillaume Gallienne : Je n'ai pas de fausse pudeur. S'il faut y aller, allons-y.

Aimez-vous votre corps ?

Guillaume Gallienne : Je commence, parce que j'ai minci. Pas avec un régime : j'ai juste trop travaillé et fondu. Aujourd'hui je m'aime bien. Enfin, je n'ai pas non plus une « demi-molle » en me voyant. Je n'aime pas mes cheveux, et j'aurais aimé avoir des jambes plus longues, un autre dos.

Dans votre film, vous parlez du souffle des femmes.

Guillaume Gallienne : Sensuellement, votre souffle est dingue. Et puis, sexuellement, dans l'orgasme... C'est aussi une métaphore. Quand on apprend le décès de quelqu'un dans une entreprise, toutes les femmes pleurent, aucun homme ne pleure. Vous n'avez pas du tout peur de vos émotions. Ce qui est parfois compliqué à comprendre pour un homme. Vous nous parlez souvent d'un problème juste pour en parler, surtout pas pour avoir la solution.

Qu'est-ce qui vous attire, chez une femme ?

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Guillaume Gallienne : Tant de choses ! La peau, les cheveux, la voix. Mais je ne supporte pas les voix d'hystériques, que je repère à deux cents mètres. Le petit pouvoir de la petite conne peut me rendre dingue. Je dis « petite conne » assez injustement, car l'hystérie est aussi devenue masculine. J'aime surtout la douceur et l'autorité chez une femme.

Comment la mauvaise humeur de votre mère a-t-elle influencé votre vie ?

Guillaume Gallienne : Je monte dans les tours à une vitesse... Je me mets dans un état de dingue. Je gueule.

Méchamment ?

Guillaume Gallienne : Oui. Mais plus à la maison. Je l'ai fait une fois, et ma femme m'a dit : « Plus jamais tu ne me parles comme ça. »

Ça a marché ?

Guillaume Gallienne : Dans la seconde. Je lui ai demandé : « Mais pourquoi, tu as peur que je te frappe ? ­ Non. ­ Tu as peur que je te quitte ? ­ Non. ­ Mais tu as peur de quoi ? ­ De rien. Je n'aime pas qu'on me parle comme ça. » Ça m'a bien calmé.

* « Les garçons et Guillaume, à table ! », sortie le 20 novembre.


Guillaume Gallienne et sa femme

Marie Claire : Dans les interviews, vous prononcez souvent le prénom de votre femme, Amandine.

Guillaume Gallienne : Ah bon ? Je fais la même chose avec Tado, mon fils. Parce que ce sont des personnes avant tout. Et les deux plus poétiques que je connaisse. L'appartenance, c'est intime. « Ma femme » : je n'aime pas trop la vanité.

Vous avez l'air extrêmement fier d'elle.

Guillaume Gallienne : Je suis fier qu'elle reste avec moi.

C'est vrai que vous lui avez tout de suite parlé de vos jambes musclées ?

Guillaume Gallienne : Oui. J'avais envie d'elle. C'est la seule fois de ma vie où j'ai dragué. Avant, il fallait me coller la main au paquet pour que je comprenne. Là, je ne me suis pas posé de questions : je voulais juste être collé à elle.

A quel âge l'avez-vous rencontrée ?

Guillaume Gallienne : A 29 ans. J'avais arrêté mon analyse quatre mois avant. J'avais tout fait par peur, et j'ai compris que le seul moyen de la dépasser était de l'apprivoiser. Et quel objet me faisait le plus peur au monde ? Un cheval. J'ai fait sept reprises à Meudon, réussi à tout faire, sauf mettre le mors. J'ai réalisé que je ne supportais pas la tyrannie. Je déteste le dressage. Mon père disait ça : « Je vais vous dresser. »

Ça signifie qu'il n'a pas réussi à le faire avec vous ?

Guillaume Gallienne : C'est vrai. Il l'a vite compris.

* « Les garçons et Guillaume, à table ! », sortie le 20 novembre.


Guillaume Gallienne et les hommes

Marie Claire : Enfant, vous disiez : « Je veux être une fille » ?

Guillaume Gallienne : Pas du tout. Mon identité était surtout interprétée par les autres. Imposée, presque. Il y a des moments où j'étais l'archiduchesse Sophie, ou ma mère, ou bien une de mes tantes. J'étais ce que je trouvais beau, j'avais besoin de l'incarner. A 11 ans, j'ai vu la série avec Ingrid Bergman sur Golda Meir : j'ai travaillé pour le Mossad et Moshe Dayan pendant des mois.

Avez-vous réellement vécu les scènes sexuelles, avec des hommes, de votre film ?

Guillaume Gallienne : Le Suédois, c'est arrivé à une copine. Elle est sortie avec un mec hyper-romantique qui avait tout bien fait et, une fois à la maison, il lui lance : « Tu veux te doucher la première ? » Il trouvait ça plus hygiénique. En plus, il s'est avéré que le mec était un cheval. Sinon, oui, j'ai essayé avec les hommes.

La pire situation qui vous soit arrivée ?

Guillaume Gallienne : Oh non, c'est glauque. Mais je ne me suis jamais senti souillé.

Avez-vous aimé embrasser un homme ?

Guillaume Gallienne : En fait, je n'ai jamais eu d'histoire d'amour avec un homme. Je suis déjà tombé amoureux, mais ils étaient hétéros. Les seuls avec qui il s'est passé des trucs, c'était hyper-anonyme, sans sentiment. Et très codifié. Ça ne m'a pas plu. Même si, forcément, une partie de moi peut encore fondre pour un mec. Mais je crois que c'est un fantasme : la tête d'un homme sur mon épaule, je ne la veux pas. Je me suis rendu compte que les seuls mecs sur qui je flashais étaient des hommes à qui je voulais ressembler. En fait, c'était par complexe. Mon père a passé toute mon enfance à me dire : « Ils sont beaux, tes frères. » Ça m'arrangeait, avec les hommes, d'être dans la séduction, pas dans la comparaison.

Physiquement, un homme beau ressemble à quoi ?

Guillaume Gallienne : A un mec qui aime les femmes. Ça se voit tellement, vous ne trouvez pas ? Ce regard-là... Ce qui est touchant, c'est aussi quand une femme peut penser : « A côté de lui, rien de grave ne peut m'arriver. » Ma femme me fait me sentir comme ça.

* « Les garçons et Guillaume, à table ! », sortie le 20 novembre.