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"En corps", "l'Auberge espagnole"… Les 5 meilleurs et les 5 moins bons films de Cédric Klapisch
Cédric Klapusch avec l'actrice Marion Barbeau, héroïne de son film "En corps".
AFP

"En corps", "l'Auberge espagnole"… Les 5 meilleurs et les 5 moins bons films de Cédric Klapisch

Top / Flop ciné

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Alors que sort au cinéma le très réussi « En corps », « Marianne » a revu tous les films de Cédric Klapisch pour dresser son traditionnel top/flop. Comme d'habitude : subjectivité garantie.

Le quatorzième film de Cédric Klapisch sort ce mercredi 30 mars sur les écrans, et c'est une réussite. Le thème de la danse, déjà présent dans plusieurs de ses longs-métrages (Paris, Deux moi…), est cette fois au cœur de l'intrigue. On y retrouve aussi ses motifs de prédilection : la vie parisienne et son contraste avec la vie à la campagne, les amours contrariés, la jeunesse… Populaire, attachant, Klapisch s'est aussi parfois (un peu) planté. Retour sur sa filmographie à travers cinq tops et cinq flops.

LES TOPS

5. « Deux Moi » (2019)

Il ne trouve pas le sommeil, elle n’arrive plus à se lever de son lit. Il est seul, elle aussi. Ils sont voisins : finiront-ils par se rencontrer ? Un Klapisch d’apparence mineur, ni franchement drôle, ni totalement poignant, au rythme tranquille (voire un peu mou, on aurait pu couper 15 minutes) et pourtant le charme agit, porté par la justesse du récit et le talent de ses interprètes (François Civil, Ana Girardot et François Berléand en psy rassurant).

4. « En corps » (2022)

Élise, jeune danseuse classique, découvre que son petit ami la trompe et se blesse en plein spectacle. Privée de sa passion pour au moins deux ans, elle tente de se reconstruire, dans son corps et dans son cœur, au contact d’une troupe de danseurs contemporains. On pouvait craindre que Klapisch ne verse dans les bons sentiments jeunistes mais il parvient toujours à trouver le bon dosage. Si Élise remplace le classique pour le contemporain, c’est par nécessité et sans se renier. Et si le personnage de son père (incarné par Denis Podalydès) a vite fait de passer pour un vieux « boomer », il est finalement le plus émouvant du film. Émotion qui passe, comme toujours chez Klapisch, par des images simples : ici, les plans de la route de campagne défilant pour signifier les souvenirs de la mère disparue qui conduisait sa fille à l’école de danse dans le Loir-et-Cher.

3. « L’auberge espagnole » (2002)

Le film d’une génération, bien plus que le Péril jeune : au-delà de l’hymne à l’Europe qu’on approuvera ou non, l’Auberge espagnole est surtout la peinture drôle, émouvante et si juste du passage à l’âge adulte, l’initiation, la valse des sentiments, le chagrin du premier amour qui s’éteint, avec la musique de Radiohead « No surprise » parfaite en bande originale.

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2. « Ce qui nous lie » (2017)

Disons-le d'emblée : l'accueil tiédasse de la presse et du public à la sortie du film nous paraît totalement injuste. Pourquoi ? Parce que c'est l'un des meilleurs films de Cédric Klapisch. On y parle de vin, d'écologie mais surtout de filiation, d'héritage, de famille. Dans cette fratrie de viticulteurs assommée par la mort du père, il y a ceux qui sont partis, ceux qui sont restés, ceux qui reviennent. Et toutes les questions charriées qui nous parlent intimement : partir est-ce trahir les siens ? Rester, est-ce passer à côté de sa vie ? À moins qu'il n'y ait un compromis à trouver pour faire quelque chose de cet héritage sans renier ce qui nous a construits ? En prime, la chanson de Camélia Jordana, qui berce le film d'une douce mélancolie, est superbe.

1. « Un air de famille » (1996)

Le meilleur Klapisch… est un Bacri-Jaoui. Mais cela n’enlève rien à son talent car il en faut pour filmer ces scènes drolatiques et émouvantes en évitant le piège du théâtre filmé et pour diriger une aussi belle distribution (Catherine Frot, Wladimir Yordanoff, Claire Maurier, l'exceptionnel Jean-Pierre Darroussin…). Entre le couple de scénaristes et le réalisateur, il y a une communion des esprits, une même tendresse dans le regard, une même obsession pour la solitude, la blessure intime, la peur d'être rejeté… Cette sensibilité conjuguée aux dialogues lumineux (« c’est pour les enfants que ça doit être dur… heureusement qu’ils n’en ont pas ») a fait d’Un air de famille une réussite universelle.

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ET LES FLOPS

5. « Paris » (2008)

Une vraie contre-performance. Alors que le film semblait réunir les obsessions klapischiennes (Paris, la danse, les amours contrariés…), le réalisateur tombe dans la caricature. Deux exemples parmi d’autres : le personnage de la boulangère raciste incarnée par Karin Viard, et le prof de fac amoureux d’une étudiante qui laisse Fabrice Luchini en roue libre, sans aucune surprise. Le tout dans une ambiance cafardeuse et plombante. Paris est gris.

4. « Le péril jeune » (1994)

Beaucoup verront un sacrilège ans le classement de ce film consacré à la vie lycéenne tant il compte son lot de fans, qui le hissent au rang de leurs films cultes. Pourtant, on peut aussi juger que le Péril jeune, s’il contient déjà des obsessions de son réalisateur, souffre aussi de ses défauts chroniques. Le long-métrage a un peu vieilli, il manque singulièrement de rythme, le passage au dramatique est mal négocié et ses personnages sont parfois têtes à claque. Mais de là à dire que c’est un mauvais film, c’est effectivement exagéré.

3. « Casse-tête chinois » (2013)

Ce troisième volet, suite de l'Auberge espagnole (2002) et des Poupées russes (2005), est un récit à tiroirs dont on ne comprend pas bien comment est montée la commode. Xavier, écrivain de profession, divorce de sa chère et tendre Anglaise, mère de ses deux enfants ; sa meilleure amie, Isabelle, et la compagne de celle-ci lui demandent un don de sperme, qu’il accepte ; tout ce petit monde se retrouve ensuite à New York par un « incroyable » concours de circonstances. Enfin, l’ex de Xavier, Martine, désormais amie, vient lui rendre visite et sème le trouble dans son petit cœur d’artichaut. Ambiance « réchauffé » de bout en bout.

2. « Peut-être » (1999)

Une nuit de nouvel an, Arthur (Romain Duris) s’aventure dans un passage secret qui le mène dans un futur apocalyptique où Paris est ensablé, à la rencontre de son fils (Jean-Paul Belmondo). Il y avait du potentiel mais aussi le risque de se casser la figure – le film futuriste à la française n’ayant pas forcément donné beaucoup de chefs-d’œuvre. Malheureusement, le pari est raté et le résultat sans appel, d’autant qu’il met en lumière un défaut plutôt fréquent chez Klapisch : la mollesse du montage. On s’ennuie ferme, très rapidement.

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1. « Ma part du gâteau » (2011)

Parfois, Cédric Klapisch égare son sens aiguisé de l'observation et se vautre dans la caricature bien-pensante. Dans le cas présent, c'est un festival du cliché : France (notez le prénom symbolique) est une ouvrière du Nord dont la boîte coule (forcément). Elle se recase à Paris comme femme de ménage au service d'un trader qui (allons-y carrément) néglige sa famille et l'amour des siens. Lorsqu'elle s'aperçoit qu'il est à l'origine de sa perte d'emploi (ben oui), elle décide de se venger. Le film part mal, empire et se conclut dans le ridicule total malgré la présence de Karin Viard et Gilles Lellouche. A oublier.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne