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Le Crif s’est-il dissous ?
Le Crif a appelé à un rassemblement devant l'ambassade d'Israël à Paris, le 15 janvier. - LICHTFELD EREZ/SIPA

Le Crif s’est-il dissous ?

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Quelque mille personnes ont manifesté dimanche 15 janvier à Paris contre la conférence sur le Proche-Orient. Un évènement préoccupant.

Un événement ridicule, qui s’est déroulé l’autre dimanche à Paris, et est passé quasiment inaperçu n’en est pas moins préoccupant.

Quelque mille personnes, à l’appel du Crif, ont manifesté contre la tenue à Paris de la conférence sur le Proche-Orient et, comme par voie de conséquence, ont hué toute référence à la solution des « deux Etats », c’est-à-dire à la proposition de parvenir à la paix, entre Israéliens et Palestiniens, grâce à l’acceptation de l’émergence d’une identité palestinienne à côté d’une identité israélienne. Solution à laquelle, évidemment, une très forte majorité de juifs français est favorable.

Est-ce à dire donc – l’information serait de taille – que le Crif, qui était, à l’origine, un organisme - éminemment utile et nécessaire - de représentation et de défense de la communauté juive française, s’est dissous pour se transformer en simple organisation de promotion des idées de la droite et de l’extrême droite israélienne ? A quand une motion de soutien à Donald Trump ?

Un refus attentatoire à l'idéal sioniste

Le refus de la solution des deux Etats implique qu’il n’y en ait qu’un. Et donc, soit qu’Israël annexe la Cisjordanie, mais la maintienne sous un statut d’occupation illimitée ce qui porte atteinte au caractère démocratique de l’Etat juif et l’isole de la communauté internationale ; soit qu’Israël intègre démocratiquement, dans un Etat unique en effet, les territoires palestiniens, ce qui implique qu’il accorde à leurs habitants un droit de vote et alors, ceux-ci devenant à terme majoritaires, l’Etat juif cesse d’être juif.

Dans les deux cas, le refus de la solution des deux Etats, ou son sabotage, est gravement et doublement attentatoire à l’idéal sioniste : la création d’un Etat démocratique et juif.

Le Crif, défendant des positions qui tournent le dos aux aspirations de la majorité des juifs français et qui sont à l’évidence contraires aux intérêts d’Israël en tant qu’Etat juif, est-il inconsciemment et objectivement devenu antisioniste ?

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne