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CRITIQUE | Cecilia Bartoli et Sol Gabetta, Dolce Duello: duels musicaux en toute symbiose

Par Frédéric Cardin le 5 décembre 2017

 

Des duels musicaux entre la mezzo Cecilia Bartoli et la violoncelliste Sol Gabetta? Oui madame! Et tenez-vous bien! Compte-rendu critique de l’album Dolce Duello.

À la fin du 17e et au début du 18e siècle, un type de concert faisait fureur auprès d’un large public : celui des duels musicaux.

Un chanteur (généralement un castrat, comme Farinelli) affrontait un instrumentiste (souvent un trompettiste, peut-être à cause du côté spectaculaire de cet instrument) dans un duel musical à la fin duquel le public déclarait un gagnant.

On peut tout de suite imaginer l’orgie de virtuosité que cela implique. Mais on aurait tort de limiter l’exercice qu’à ce genre d’esbroufe. La valeur du lauréat se mesurait aussi à sa capacité à instiller un frisson émotif à l’auditeur tout en maîtrisant ses aptitudes à la délicatesse et à la subtilité.

Il s’agissait, en vérité, d’un concours d’expression artistique potentiellement très complet.

La mezzo-soprano Cecilia Bartoli et la violoncelliste Sol Gabetta ont décidé de jouer ce jeu oublié depuis, et de faire de Dolce Duello un concept d’album plutôt épatant.

Ce qui serait pure superficialité en d’autres mains (et cordes vocales) est ici le véhicule d’une musicalité parmi les plus épanouies chez des musiciens contemporains. On connaissait déjà le fabuleux talent de chacune de ces artistes. Joint ici dans des paysages sonores émouvants et parfois spectaculaires, des paysages qui laissent aux interprètes des espaces d’exploration inspirants et, qui plus est, nécessitant une écoute mutuelle de tous les instants, ce talent s’exprime avec beaucoup de retenue là où ça compte et explose en mille couleurs ailleurs où ça compte encore plus.

On évite ainsi la foire circassienne pour faire ce qui compte le plus : de la musique.

Le programme de Dolce Duello provient du répertoire d’opéra (pour la plupart) de nombreux compositeurs dont nous découvrons les talents lyriques parfois insoupçonnés. Je retiens un extrait d’Il nascimento dell aurora (La naissance de l’aurore) de Tomaso Albinoni, une pièce à mille lieues du fameux Adagio qui lui est d’ailleurs attribué à tort.

Et que dire des pièces signées Caldara, Porpora, Vivaldi, et consorts? En majorité, non pas faites de trilles impressionnants et hauts perchés, mais plutôt de lignes soutenues et d’accompagnements intimistes (magnifique Fortuna e speranza de Caldara!), elles offrent des espaces de dialogues perspicaces entre les solistes, et ce pour des effets d’une immense séduction sur l’auditeur.

Cela dit, je suis bien pour un « décoincement » de la musique classique, mais je m’interroge sur le concept visuel associé à l’album et plaçant les deux solistes dans des poses frôlant parfois la lascivité.

Bizarre. Mais puisque la musique de Dolce Duello est si belle, ne perdons pas trop de temps avec ce genre de broutilles de marketing.

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