Mort d’Elizabeth II: une incarnation de la monarchie dans un monde en mutation
Décédée, jeudi 8 septembre, à l’âge de 96 ans, la reine Elizabeth II aura vu le monde traverser des décennies de crises et de mutations. Celle qui a régné plus longtemps qu’aucun autre monarque britannique avant elle a contribué à adapter l’institution royale à la modernité, à la rendre plus ouverte et accessible, malgré les regards de plus en plus intrusifs des médias.
Durant ses 70 années de règne, la Grande-Bretagne a connu des transformations spectaculaires. Aux austères années de l’après-guerre ont succédé les « swinging Sixties », puis le néo-libéralisme clivant de Margaret Thatcher dans les années 1980, les trois mandats du « New Labour » de Tony Blair, le retour à l’austérité sous David Cameron, le séisme du Brexit et le choc de la pandémie de Covid-19.
Unité. Alors que la nation sur laquelle elle régnait peinait parfois à trouver sa place dans le nouvel ordre international, que sa propre famille se mettait à dos l’opinion publique, la reine a défendu une conception de l’unité transcendant la notion de classes, s’attirant le respect non seulement des royalistes mais aussi des Britanniques aux penchants républicains.
Première femme appelée à régner depuis Victoria, elle a allégé le protocole de la cour et ouvert la monarchie aux masses. Ses sujets n’y ont pas toujours souscrit et la fin du XXe siècle a vu se multiplier les marques d’irrévérence envers Buckingham. Ce détachement de l’opinion a culminé avec l’accident de voiture qui causa la mort de la princesse Diana en 1997 à Paris. Beaucoup accusèrent alors la reine d’avoir isolé Diana de la famille royale en raison de son divorce avec le prince Charles, héritier du trône.
Mais les normes de « compétence » et d’étiquette qu’elle a établies en tant que monarque lui ont valu un regain d’admiration, en particulier lorsqu’elle a dû faire face en 2002 aux décès de sa sœur, la princesse Margaret, et de la reine-mère Elizabeth. Figure de proue du Commonwealth, la reine s’est relativement peu livrée, n’accordant jamais d’interview et n’exprimant que rarement ses émotions ou son opinion personnelle en public.
(Avec Reuters)
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