Cri d’alarme : le pluralisme des médias est menacé en France.
La Commissaire européenne à la Concurrence, Margrethe Vestager, devait rendre aujourd’hui sa décision sur le rachat de Lagardère par Vivendi.
Une décision finalement repoussée au 15 mars 2023 qui devrait permettre à l’autorité européenne de la concurrence de prendre en compte les menaces qui pèsent sur le pluralisme des médias en France.
Avec plus d’une dizaine d’experts internationaux – parmi lesquels Andrea Prat, Eli Noam, Thomas Philippon et Anya Schiffrin – nous lançons aujourd’hui dans Le Guardian un cri d’alarme : le pluralisme des médias est menacé en France. L’acquisition de Lagardère par Vivendi ne doit pas seulement être analysée en termes de « parts de marché », mais en tenant compte de ce pluralisme : https://lnkd.in/eCVDngDf
Le groupe Bolloré possède déjà plusieurs chaînes de télévision, un groupe de conseil en communication (Havas), l’un des leaders français de l’édition (Editis), et le principal groupe de presse magazine de l’hexagone.
Si l’acquisition de Lagardère devait se concrétiser, il prendrait le contrôle définitif d’Hachette, leader européen de l’édition, d’Europe 1, ainsi que de Paris Match et du Journal du Dimanche.
Autrement dit, le bouquet final de son OPA sur le débat d’idées.
Car Vincent Bolloré – faut-il le rappeler ? – fait peu cas des journalistes des médias qu’il rachète – et de l’information en général –, n’hésite pas à intervenir dans leur ligne éditoriale – Éric Zemmour peut le remercier –, pas plus qu’à censurer les livres qui lui déplaisent.
Même à ne la considérer que d’un point de vue purement concurrentiel, notre analyse publiée dans Le Guardian montre que cette acquisition devrait être bloquée.
Le pluralisme doit en effet être pris en compte car il s’agit de l’une des qualités essentielles des médias.
Un marché de l’information fonctionnel en démocratie est un marché qui expose les citoyens à une pluralité de points de vue ; qui les informe véritablement.
D’ailleurs, c’est ce que défend l’autorité de la concurrence britannique (la Competition & Market Authority - CMA), justifiant ainsi sa décision de ne pas autoriser récemment le rachat de Sky News par 21st Century Fox.
En prenant en compte le pluralisme de l’information, la CMA a mis un frein à l’appétit médiatique – et politique – sans limite de Rupert Murdoch au Royaume-Uni. Pourquoi n’en serait-il pas de même demain en France dans le cas de l’acquisition par Bolloré de Lagardère ?
Le droit de la concurrence – et le bon sens ! – sont de notre côté. Des raisons d’espérer !