Baptiste Rappin’s Post

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Qui nous donna l’éponge pour faire disparaître tout l’horizon ? Que fîmes-nous en détachant cette terre de son soleil ? Où nous emporte cette course ?

[Avis d’un lecteur - avec photo!] Baptiste Rappin compte au nombre des rares personnes dont les travaux aident à rendre intelligible les temps qui sont les nôtres. Après avoir passé plusieurs années à penser philosophiquement la logique de notre époque (le devenir organisation du monde, la cybernétique comme soubassement ontologique du management et sa congruence avec la déconstruction, entre autres), voilà qu'il s'interroge longuement sur ce qui, à défaut d'enrayer, pourrait être considéré comme autant de grains de sable dans la grande machine (post-)moderne. Voilà donc près de 450 pages, aussi solides que roboratives, consacrées à huit thématiques qui ont pour commun dénominateur de freiner la logique catastrophique en cours : "dans le domaine de la biologie, la complexification inéluctable de la vie qui suit la loi de l'évolution se heurte à la retardation issue de la position néoténique de l'animal humain ; sur le terrain de l'histoire, la temporalité de l'accélération caractéristique des sociétés modernes rencontre le renouvellement de la pensée de la révolution alors conçue comme frein ; dans l'ordre de la technique, le triomphe sans appel de l'Automate se trouve parfois mis en échec par une aspiration à la mesure qui prend la forme du bris de machine ; dans la dimension politique, la prolifération des organisations, en d'autres termes : des boucles de rétroaction qui ne laissent pas de reproduire leur cycle, se trouve de temps à autre freinée par la logique normative et verticale de l'institution ; sur le plan de l'ontologie, la pensée de l'être comme présence constante, comme omni-présence du fondement, masque l'abîme de la liberté de la fondation ; dans le registre du langage, l'explosion de la communication et son corollaire : le délitement de la Parole et sa conversion progressive en novlangue, font face au sursaut créateur de l'analogie ; dans le champ de la théologie politique, la toute-puissance divine et la souveraineté, conçue comme un pouvoir hors d'atteinte du pouvoir, atténuent leurs effets au contact de la kénose et d'une autorité qui s'exerce alors comme retrait ; enfin, du point de vue de l'éthique, la mobilisation totale et la mise en disponibilité générale du monde butent contre l'édification d'une forteresse intérieure dont les murailles se nomment patience et retenue." Beaucoup à ruminer, encore plus à débattre. Mais il faut commencer par lire le livre... Pour conclure, n'oublions pas, avec Walter Benjamin que Baptiste Rappin affectionne particulièrement, que la vraie catastrophe, c'est lorsque les choses suivent leur cours...

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Nacila Hamouche

Management RH des systèmes complexes

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Je souscris!  Votre travail dans le domaine de la cybernétique démontre une compréhension, exceptionnelle, des implications philosophiques qui découlent de l'interaction complexe entre la technologie, l'information et la société dans son ensemble. Vos analyses fines et vos réflexions sont autant de contributions précieuses à notre compréhension de ce monde. Je constate que l’impact de votre travail continu d’influencer. Je vous félicite chaleureusement pour cette nouvelle contribution, et m’empresse de commander votre livre.

François De March

Chercheur associé à l'IRG (Univ. de Paris-Est Créteil). Ancien élève de l'ENS de Cachan.

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Voilà qui donne envie de lire le livre, même pour ceux qui connaissent déjà et apprécient la pensée de Baptiste.

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Sigrid Claviéras

Chargée de mission chez UTP - Union des Transports Publics et ferroviaires

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Quelle magnifique chronique ! Mes respects à ce lecteur... Et bien sûr à son inspirateur

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