Pézilla-la-Rivière : les "Nous" refont le match

Comme pour marquer la fin d’une époque et le début d’une autre (lire encadré, ci-dessous), le 10 juin 1990 au stade Seleri de Colomiers, les "jaune et noir" disputaient face à Captieux la finale du championnat de France Honneur de rugby, la quatrième du club, perdue 12-10. L’Indépendant avait titré "Pézilla perd un titre qu’il aurait mérité" ou encore "la fête en jaune et noir dénudée", mettant l’accent sur l’arbitrage. Le retour des joueurs sur une place du village noire de monde restera l’un des grands moments d’émotion collective et de liesse malgré la défaite. Des instants qu’il a plu au maire Jean-Paul Billes, fraîchement élu à l’époque, de rappeler au cours de la réception dernièrement organisée dans les jardins de la mairie pour marquer ce 30e anniversaire : "C’était mon premier discours de maire devant une telle foule. Il est extraordinaire de garder ces liens d’amitié durable. Seuls ceux qui ont pratiqué ce sport peuvent comprendre", concluant par "Vous êtes l’esprit de Pézilla". Des liens tissés année après année par le maître de cérémonie Christophe Billes, devenu expert en évènementiel rugbysticofestif, le joueur fédérateur de ce groupe qui s’est philosophiquement baptisé les "Nous" : "Montaigne a dit de la Boetie parce que c’était lui, parce que c’était moi, les Nous ça ne s’explique pas", définit-il de cette bande de copains dont l’amitié traverse le temps, soutenue par les indispensables conjointes, amoureusement surnommées les "Nouilles". S’ils avaient espéré pouvoir fêter ce moment en Espagne, la Covid-19 a fait pencher la décision vers une bonne vieille troisième mi-temps décentralisée à Baho. Remise d’attention à leur capitaine Alain Paloffis et au maire, salve d’applaudissements émouvante en l’honneur de Gérard Paloffis récemment disparu (lire notre édition du 13 septembre) en présence de son épouse et de membres de sa famille, ainsi que des actuels coprésidents du club Régis Moliner et Thierry Baux (homme de terrain de l’époque), ont donné encore plus de sens à cette culture de la mémoire de l’histoire du rugby pézillanais. Les "Nous" ont une trentième fois refait le match, toujours perdu, et conservé l’amitié de la 3e mi-temps, toujours gagnée.

En 1986, accédant à la présidence du club, André Alemany avait fait appel à Thierry Berjoan et Henri Prunet pour jouer et entraîner l’équipe. Ils vont prôner un jeu basé sur l’offensive, particulièrement flamboyant, et construire un groupe qui arrivera à maturité en cette saison 89-90, forts d’une expérience formatrice en 3e division l’année précédente. Ils vont ainsi devenir champions du Roussillon Honneur face à Arles. Après avoir éliminé Agde en 32es en match aller-retour de montée en 3e division, ils vont successivement battre Renage, Antibes, Argentat, et enfin Biscarosse en demi-finale sur un score de 31-6 qui avait mis tous les espoirs pour la finale. Cette finale a marqué l’évolution entre le Racing-club Pézilla et l’Entente de la Têt : il s’appelait depuis 4 ans l’Entente racing-club Pézilla Têt et deviendra officiellement l’Entente de la Têt l’année suivante, un changement d’appellation qui avait créé la polémique à l’époque. Une dernière finale pour le racing, ou une première pour l’entente ? Peu importe, avec les finales de 1922,1959,1976, 2002 (seniors et cadets), elle est inscrite dans le livre d’or d’un seul et même club, les "jaune et noir".

L’équipe finaliste était composée de : Yves Astor, Serge Gibert, Claude Pull, Daniel Mach, Hubert Duchant, Laurent Ferrer, Marcel Billes, Christian Giusti, Alain Paloffis (m) ; Jean-Pierre Gil (o), Eric Golfetto, Gérard Gardelle, Thierry Berjoan, Henri Prunet, Dominique Lacoste. Remplaçants : Abdallah Guenoun, Jean-Pierre Margail, Christophe Billes, Didier Sanson, Régis Fons, Paul Miffre, Jean-Marc Hostallier.