«C’est qui ?» L’étudiante, un peu perdue dans la nef de la vaste église Saint-Roch, à Paris, pose naïvement la question. A 25 ans, Juliette ignore qui est Charles Maurras, figure de proue de l’Action française (AF), condamné à la Libération, mort en 1952 et dont la pensée fait un retour en force dans les milieux d’extrême droite autour du thème en vogue des racines chrétiennes de la France. Justement, c’est pour le 70e anniversaire du décès du penseur royaliste et antisémite que le curé du lieu, l’abbé Thierry Laurent, dûment nommé à ce poste par le diocèse, célèbre une messe. En latin, comme il se doit. Mais presque clandestinement. La cérémonie n’est pas mentionnée dans l’agenda officiel de la paroisse.
Il faut rappeler que l’AF a été dûment condamnée, en 1926, par le pape Pie XI. Et longtemps, les catholiques qui en étaient restés membres n’ont pas eu droit à des funérailles religieuses. Au même moment, mercredi midi à Saint-Roch, dans une chapelle attenante, il y a aussi une messe pour les étudiants de l’école du Louvre. Celle-ci est bel et bien inscrite parmi les activités de la paroisse.
Pour faire mémoire de la mort de Charles Maurras, il n’y a pas foule, une quarantaine de militants, arrivant au compte-goutte et convoqués par le bouche-à-oreille. L’assistance ne reflète pas, loin de là, l’influence renaissante de l’essayiste. Vêtu d’un élégant costume gris à carreaux, arborant cravate et pochette sombres, Etienne Lombard, le responsable de l’