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Extrême droite

Génération identitaire : prison avec sursis pour l’ex porte-parole Thaïs d’Escufon

L’ancienne porte-parole de Génération identitaire, Thaïs d’Escufon, a été condamnée jeudi à deux mois de prison avec sursis pour «injures publiques», après la publication d’une vidéo anti-migrants.
par LIBERATION et AFP
publié le 9 septembre 2021 à 18h32

Acte, conséquence. L’ancienne porte-parole du mouvement d’ultradroite dissous Génération identitaire, Thaïs d’Escufon, 22 ans, a été condamnée jeudi à Saint-Gaudens (Haute-Garonne) à deux mois de prison avec sursis pour «injures publiques», après la publication d’une vidéo anti-migrants, a-t-on appris de source judiciaire.

Un autre militant de ce mouvement, Jérémie Piano, qui a également publié des vidéos hostiles aux migrants, a été condamné à la même peine pour «provocation à la haine raciale». Ils ont, par ailleurs, tous les deux été condamné à 3 000 euros d’amende.

L’audience s’était tenue le 16 juin en l’absence des prévenus. Le procureur de la République de Saint-Gaudens, Christophe Amunzateguy, avait requis quatre mois de prison avec sursis et réclamé 4 000 euros d’amende pour chacun. «C’est une procédure très particulière, la question porte sur la liberté d’expression politique», avait-il souligné.

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Une opération anti-migrants dans les Pyrénées

Le magistrat avait aussi expliqué pourquoi il avait retenu des infractions différentes à l’encontre des deux militants. Ils avaient tous deux posté des vidéos sur YouTube, après une opération anti-migrants le 19 janvier au col du Portillon, à la frontière entre la France et l’Espagne. Lors de cette opération, une trentaine de militants au volant de véhicules sérigraphiés «Defend Europe» avaient déployé une banderole «No way». Une équipe était ensuite partie avec un drone pour «surveiller la frontière», avaient-ils affirmé.

Selon le procureur, la porte-parole du mouvement, Anne-Thaïs du Tertre d’Escœuffant, dite Thaïs d’Escufon, avait «stigmatisé» les migrants dans une vidéo YouTube publiée le 21 janvier, en affirmant qu’il était «scandaleux qu’un migrant puisse traverser la frontière». Des propos qui caractérisent «ce passage de la frontière comme un danger, c’est une spéculation sur la notion de danger alors que rien n’est argumenté», selon le procureur.

Concernant Jérémie Piano, Christophe Amunzateguy avait dénoncé «un appel à la révolte» et «la construction d’un discours stigmatisant». Dans une autre vidéo YouTube de l’opération, postée le 20 janvier, le militant évoquait «une invasion migratoire», «des milliers de clandestins déjà en France» dont «probablement des voleurs, des violeurs et des terroristes en puissance».

Dissolution prononcée en mars

«La peine qui était requise contre moi était complètement délirante, la condamnation ne l’est pas beaucoup moins», a déclaré à l’AFP Thaïs d’Escufon, précisant qu’il s’agissait de sa première condamnation. Elle a également dénoncé une «atteinte très grave à la liberté d’expression» visant «à servir d’exemple pour criminaliser le discours anti-immigration».

En revanche, SOS Racisme, partie civile au procès, s’est «félicité» de cette condamnation. Génération identitaire a été dissous début mars. Le Conseil d’Etat a confirmé cette décision, estimant qu’elle était «proportionnée à la gravité des risques pour l’ordre public».

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