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Le décès de Boris Eltsine, leader fantasque de la Russie retrouvée

Il avait été le premier président élu démocratiquement de l'ère post-soviétique, avait obtenu son heure de gloire en défiant des putschistes, debout sur un char. Il est mort lundi, d'une crise cardiaque.
par Hélène Despic-Popovic
publié le 23 avril 2007 à 7h00

Premier président de la Russie post-soviétique, Boris Eltsine est mort hier à l’âge de 76 ans. Souffrant de problèmes cardiaques récurrents, il avait démissionné en l’an 2000 après avoir désigné son successeur: l’actuel président Vladimir Poutine.

Deux images d’Eltsine (prononcez: Yeltsine) resteront gravées dans les mémoires. La première, qui date de 1991, le montre jugé sur un char. Il harangue les foules et fait barrage aux ultras qui essaient par un putsch d’enrayer l’inéluctable chute du communisme. La seconde, en 1994, le voit lors d’une visite officielle à Berlin s’emparer de la baguette du chef d’orchestre qui joue pour les délégations et esquisser quelques pas de danse sur le tarmac de l’aéroport. Ces images sont celles d’un homme à la fois fantasque et courageux qui a marqué son époque.

Ce ne sont pas les seules car le personnage a eu mille facettes. L’homme qui brava les chars en 1991 n’eut aucun scrupule à les envoyer contre ses opposants à deux reprises. La première fois en 1993 pour bombarder le Parlement, certes encore formé d’une forte fraction pro-communiste, mais en lutte contre les pouvoirs grandissants du chef de l’Etat. La seconde en 1994 pour réduire le vœu d’indépendance de la petite république nord caucasienne de Tchétchénie.

Le massacre de milliers de civils lors de cette intervention a gravement terni l’image internationale de démocrate que Eltsine avait bâtie depuis 1991. Réélu en juin 1996, il fait un second mandat à éclipses. Il enchaîne les maladies: un double pontage coronarien, une pneumonie, etc. La famille et les conseillers se succèdent à son chevet, les oligarques s’emparent des richesses du pays privatisées sans transparence. Qui règne, s’interrogent les Russes. Vieillard bouffi, à l’élocution difficile, Eltsine est de plus en plus comparé à Brejnev, le géronte communiste des années 70. En échange d’une promesse d’immunité pour lui et les siens, il passe la main en janvier 2000. Place à Poutine qui, lui, ne s’encombrera plus de passer pour un démocrate.

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