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Jean-Philippe Toussaint : «La magie de l’immixtion du futur dans le présent»

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par Philippe Lançon et Mathieu Zazzo, photographe
publié le 11 septembre 2020 à 17h16

Le précédent roman de Jean-Philippe Toussaint, la Clé USB, se concluait par une remarque du héros belge, Jean Detrez, chercheur en prospective pour la Commission européenne, alors qu'il sort de la chambre où est étendu, en costume, le corps de son père prêt pour les funérailles. La remarque portait sur «cette nuance, cette infime distinction» entre ce que le personnage observe et ce qu'il éprouve ou sent qu'il devrait éprouver. Elle a engendré, explique l'auteur dans l'entretien qui suit, sinon le nouveau roman lui-même, du moins son titre et sa lumière. Dans les Emotions, Jean-Philippe Toussaint explore en effet, à travers d'autres aventures de Jean Detrez, des aventures qui précèdent ou suivent légèrement celles de la Clé USB, «cette nuance, cette infime distinction». Ecrire est un acte de prestidigitation qui revient souvent à ça : faire éprouver au lecteur, par le récit, des émotions que l'écrivain, comme un savant, au risque de s'en éloigner, isole et observe.

Quand le livre commence, l’été est caniculaire et Jean Detrez se sépare de sa femme, Diane. Elle lui en veut pour des raisons qu’on ignore, au point, à l’autre bout du livre, de ne pas aller à l’enterrement de son père en prétextant une absence - ce qui donne à Toussaint l’occasion d’une extraordinaire scène de visite clandestine, par le héros, de leur appartement où elle vit encore : cambrioler son propre passé est un acte dont la nature magique, scandaleuse et douloure

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