Le philosophe et écrivain Bernard Sichère vient de disparaître, à l’âge de 75 ans. C’était un homme jovial, d’une rare sensibilité et d’une intelligence toujours éveillée par l’ironie. Professeur au Lycée Janson-de-Sailly, où il expliquait de façon provocatrice les textes de Sade, maître de conférences à l’université de Caen Basse-Normandie puis à l’université Paris VII-Diderot, il avait choisi Reims pour jouir de sa retraite, abîmée par la lutte contre le cancer à la langue qui l’avait atteint. Il a pris une part active à Mai 68, militant de façon enflammée dans les rangs maoïstes, avant de se faire le critique des dérives de l’extrême gauche.
Il a collaboré à de nombreuses revues, Tel Quel, l'Infini, les Temps modernes, la Règle du jeu, a dirigé les volumes et l'exposition Cinquante ans de philosophie française, commandés par la Direction générale des relations culturelles du ministère des Affaires étrangères, traduit une part de la Métaphysique d'Aristote, et consacré ses études à Merleau-Ponty, à Lacan et à Heidegger, s'interrogeant sur le corps, l'Etre et le Divin (Gallimard), le mal (Histoires du mal, Grasset), le salut, la politique et le statut du sujet – et mené également une activité de romancier, marquée par le magnifique hommage amoureux qu'est la Splendeur de Fawzy (Pauvert). C'était un homme de foi catholique, qui n'était cependant pas sûr que Seul un Dieu peut encore nous sauver. Adieu Bernard.