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Disparition

Mort du cinéaste Kiju Yoshida, tabou du chemin

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Féru de Sartre et de Bergman, le réalisateur de la «Nouvelle Vague» japonaise explorait avec radicalité des sujets délicats tels que l’euthanasie ou le bombardement d’Hiroshima. Il est mort jeudi à 89 ans.
par Léo Soesanto
publié le 11 décembre 2022 à 17h38

«Quoique vous mettiez après “anti” pour définir mes films, tant que vous mettez “anti”, cela leur correspond», jugeait Kiju Yoshida. Et l’on ne peut trouver d’œuvre plus antithétique à ce qui fait l’ordinaire du cinéma nippon contemporain qui afflue sur nos écrans – au hasard, la ligne claire de Kore-eda, rassurante comme une boîte en plastique achetée dans un magasin Muji. Yoshida, décédé le 8 décembre à l’âge de 89 ans d’une pneumonie, incarnait, lui, un cinéma d’une vitalité anarchique, sensuel mais toujours interrogatif, d’une rigueur presque cubiste lorsque poussé à son extrême.

L’ex-étudiant en français féru de Sartre, avant de s’enrôler sur les plateaux de tournage dans les années 50, disait pourtant se méfier du cinéma comme médium manipulateur, notamment après avoir vu au lycée Je ne regrette rien de ma jeunesse (1946) d’Akira Kurosawa. «C’était impossible de faire confiance aux réalisateurs.» Travaillant au sein du studio Shochiku, Yoshida sera rapidement rangé dans la même case que Nagisa Oshima, dans une «Nouvelle Vague» japonaise alors attentive à la jeunesse et autres sujets tabous (Yoshida refusera toujours cette catégorisation, notamment à cause de ses rapports très lointains avec Oshima). Hanté par la défaite de la Seconde Guerre mondiale, la Source thermale d’Akitsu (1962) est un mélo somptueux mais absolument morbide sur le pacte de suicide de deux jeunes amants.

Conscience révolutionnaire

Se sentant corseté par la Shochiku qui remontera un de ses films pen

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