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Mémoires de Pierre Nora : déroulez «Jeunesse»

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Dans un ouvrage bref et riche, l’historien et éditeur, né en 1931, revient sur ses années de formation, sur sa famille juive qui a traversé la guerre et sur son réseau intellectuel et affectif.
par Virginie Bloch-Lainé
publié le 4 mars 2021 à 9h11

A la fin de ses mémoires, intitulés Jeunesse, Pierre Nora précise que, pendant leur rédaction, son entourage l’incitait à mettre en valeur ses souvenirs d’éditeur et d’historien plutôt que ses souvenirs personnels. Il n’a pas suivi ce conseil, et bien lui en a pris. Sa vie personnelle est de toute façon tellement entremêlée aux penseurs qu’il a édités qu’on ne les perd pas de vue ici. De surcroît, le parcours de Pierre Nora a déjà été retracé par François Dosse dans la biographie exhaustive qu’il lui a consacrée, Pierre Nora. Homo historicus (Perrin, 2011). Réjouissons-nous donc que Jeunesse soit moins une autobiographie intellectuelle que le portrait «d’un noyau familial d’un autre âge, mais intéressant et fécond», ce noyau se composant de deux parents de la bourgeoisie juive libérale qui se sont plus ou moins choisis pour époux en 1919, et de leurs quatre enfants. Ceux-ci ont traversé la guerre en se cachant pour les plus jeunes, Pierre et Jacqueline, et en s’engageant dans la Résistance pour les aînés, Jean et Simon. Le père, Gaston Nora, urologue, juif alsacien animé d’une «obstination assimilatrice», a lui aussi rejoint un réseau de résistants tout en restant jusqu’à la fin de la guerre chef de service à l’hôpital Rothschild.

Habité par une discrétion propre à sa génération, Pierre Nora rend néanmoins sensibles dans Jeunesse les rapports de force et les non-dits qui traversaient sa famille. C’est dans ce nuancier que résid

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