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Les Gorki, icône rouge et fils

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Le cahier Livres de Libédossier
Publication de la correspondance entre l’écrivain soviétique et ses enfants, l’un biologique, l’autre adopté, aux destins éloignés. Un éclairage intime de la vie de ce trio plongé dans le bolchevisme.
par Philippe Lançon
publié le 2 février 2022 à 18h22

Alexeï Maximovitch Pechkov, dit Maxime Gorki, a eu deux fils : l’un naturel, l’autre adoptif. L’un devient bolchevique et soviétique. L’autre, après une adolescence révolutionnaire et quelques années de vagabondages planétaires, s’engage dans la Légion étrangère française. L’un ressemble à un personnage de Platonov, peu à peu détruit par l’alcool et la botte du pouvoir sous Lénine et Staline. L’autre commence par ressembler à un personnage de Blaise Cendrars ou de Jack London. Il perd un bras au front en 1915, est blessé à la jambe pendant la guerre du Rif. Il devient conférencier international, effectue de nombreuses missions au Proche-Orient. Général, il rejoint la France libre en 1941. L’un meurt en 1934, en poivrot solitaire sur un banc moscovite. L’autre meurt en 1966, bien entouré, à l’hôpital américain de Neuilly. Les staliniens l’ont depuis longtemps effacé d’une photo où il figurait avec son père et Lénine. Les lettres que Gorki a échangées avec eux, leurs triples destins croisés, font de leurs correspondances un roman russe qui pourrait s’intituler : «Père et fils». Mais le titre a été pris par Tourgueniev.

Le premier fils de Gorki, né en 1897, porte comme prénom le pseudonyme de son père : Maxime. L’écrivain, en tournée à New York en 1906, écrit au gamin éloigné : «Ici, les enfants sont maîtres de tout. On les respecte. On a construit pour eux, au beau milieu de la ville, un parc gigantesque où les écureuils se livrent à la course et à l’escalade sans être inqui

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