«Re-création baroque» et toile bruitiste
Suivait la création mondiale d’Insinuarsi sous la direction du jeune Benjamin Attahir. L’œuvre est un curieux objet musical qui mêle les époques et les styles. On a l’impression d’entendre le fantôme d’une œuvre baroque tardive – aux tournures mélodico-rythmiques vaguement familières – qui serait infestée par des dissonances. Le résultat est une toile bruitiste très chargée et bavarde, jouant sur la juxtaposition de gestes musicaux hérités du passé ainsi que contemporains.
Hélas, la greffe ne prend pas vraiment entre ces deux mondes qui s’entrechoquent sans créer une vraie dialectique. Le côté foutraque de la partition a beau intriguer pendant quelques minutes, il tourne bien vite au procédé. L’énergie déployée par Renaud Capuçon, son complice Gérard Caussé (un peu effacé) et l’OCL n’y change rien: ce «pseudo-classicisme» dans une œuvre contemporaine sonne creux.
En seconde partie, Renaud Capuçon dirigeait du violon la Symphonie concertante KV 364 de Mozart. Si le violoniste français joue avec un aplomb lumineux et une justesse infaillible, son comparse Gérard Caussé affiche quelques problèmes d’intonation à l’alto. Celui-ci livre malgré tout quelques passages d’une touchante musicalité au-delà des faiblesses techniques. D’une manière générale, l’interprétation est solaire, tonique, en dépit de finesses mozartiennes qui passent un peu à la trappe, notamment dans le poignant mouvement lent.