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La symphonie concertante en fête à Lausanne

Renaud Capuçon, l’altiste Gérard Caussé et l’OCL ont été vivement applaudis mercredi soir lors d’un concert au programme singulier mêlant Mozart et la création d’un jeune compositeur français

Renaud Capuçon, qui a dirigé l'OCL du pupitre et du violon. — © Yuri Pires Tavares
Renaud Capuçon, qui a dirigé l'OCL du pupitre et du violon. — © Yuri Pires Tavares

Une soirée entière dédiée au genre de la symphonie concertante. Le public, réuni mercredi soir à la Salle Métropole, avant un bis le lendemain, a applaudi Renaud Capuçon et l’altiste Gérard Caussé, au terme d’un concert qui présentait les deux Symphonies concertantes de Mozart couplées à une création mondiale du jeune compositeur toulousain Benjamin Attahir – un double concerto pour violon et alto intitulé Insinuarsi.

C’était aussi l’occasion d’apprécier les souffleurs de l’OCL, jouant en première partie la délicieuse Symphonie concertante pour instruments à vent KV 297b. On a pu y apprécier le hautbois lumineux de Beat Anderwert, la clarinette prodigieusement volubile de Davide Bandieri, le corniste Ivan Ortiz Motos bien sonore, quoiqu’un peu en difficulté dans certains traits virtuoses, et le basson riche en fantaisie de Heidrun Wirth-Metzler. Ces quatre musiciens développent une conversation musicale. Renaud Capuçon, à la baguette, transmet son influx dynamique aux musiciens de l’OCL; mais son excès d’enthousiasme lui vaut de gesticuler un peu trop, là où la battue pourrait être plus sobre.

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«Re-création baroque» et toile bruitiste

Suivait la création mondiale d’Insinuarsi sous la direction du jeune Benjamin Attahir. L’œuvre est un curieux objet musical qui mêle les époques et les styles. On a l’impression d’entendre le fantôme d’une œuvre baroque tardive – aux tournures mélodico-rythmiques vaguement familières – qui serait infestée par des dissonances. Le résultat est une toile bruitiste très chargée et bavarde, jouant sur la juxtaposition de gestes musicaux hérités du passé ainsi que contemporains.

L'altiste Gérard Caussé. — © D. Arranz
L'altiste Gérard Caussé. — © D. Arranz

Hélas, la greffe ne prend pas vraiment entre ces deux mondes qui s’entrechoquent sans créer une vraie dialectique. Le côté foutraque de la partition a beau intriguer pendant quelques minutes, il tourne bien vite au procédé. L’énergie déployée par Renaud Capuçon, son complice Gérard Caussé (un peu effacé) et l’OCL n’y change rien: ce «pseudo-classicisme» dans une œuvre contemporaine sonne creux.

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En seconde partie, Renaud Capuçon dirigeait du violon la Symphonie concertante KV 364 de Mozart. Si le violoniste français joue avec un aplomb lumineux et une justesse infaillible, son comparse Gérard Caussé affiche quelques problèmes d’intonation à l’alto. Celui-ci livre malgré tout quelques passages d’une touchante musicalité au-delà des faiblesses techniques. D’une manière générale, l’interprétation est solaire, tonique, en dépit de finesses mozartiennes qui passent un peu à la trappe, notamment dans le poignant mouvement lent.