Tout «l’art poétic’» d’Olivier Cadiot dans un nid de frelons
Un monologue de 40 pages miraculeux, drôle et mélancolique
Un tout petit livre qui tient dans le creux de la main, si minuscule qu’il est difficile d’en parler sans le déborder. Un monologue écrit à la demande du metteur en scène Christoph Marthaler. Devant un homme muet, une femme parle. Le miracle d'Irréparable, c’est qu’on entend dès la première phrase la musique d’Olivier Cadiot, sa scansion, sa drôlerie et sa mélancolie, cette petite voix qui crie quelque part dans les branches, sous la glace. La femme caresse de drôles de projets: fabriquer une voiture, détourner une rivière, élever un mur de jasmin. Comme elle, Cadiot pratique la littérature comme bricolage, cut-up, prélèvements d’instants «futurs, anciens, fugitifs». Déjà en 1988, dans L’Art poétic, que P.O.L publie à nouveau en parallèle, il découpait dans de vieilles grammaires une langue nouvelle.