Grâce à des mots de passe glanés sur un site underground, un hacker a bloqué le fonctionnement de plusieurs sites de l’ultra-nationaliste breton Boris Le Lay pendant plusieurs jours.
Il a débranché, pendant quelques jours, le torrent de haine déversé par les sites du néonazi breton Boris Le Lay, l’un des plus influents membres de la fachosphère française sur internet.
Le Télégramme a pu s’entretenir avec « Symed 18 », le hacker à l’origine de ce piratage informatique dévoilé par Numerama et Street press. Prudent, l’homme ne communiquera pas d’éléments, même vagues, sur son parcours et son identité, lors d’un échange vocal sur une application de discussion. Tout au plus peut-on remarquer que son compte sur Twitter est relativement récent, créé il y a seulement quelques mois.
Bien qu’illégal, le piratage informatique a été salué par le député de la majorité, Éric Bothorel. Car ce dossier symbolise les difficultés de la justice à agir contre les entrepreneurs de haine sur internet. Réfugié au Japon, Boris Le Lay, inscrit au fichier des personnes recherchées, cumule, selon notre décompte, plus de quinze condamnations représentant plus de onze années d’emprisonnement ferme.
Un regret partagé par Symed 18, qui déplore que la justice française puisse seulement demander le déréférencement des sites par les moteurs de recherche, une action à la portée limitée par la création de sites miroir.
« Plutôt qu’un hacktiviste, je me décrirais plutôt comme un emmerdeur professionnel. Mon objectif, c’était de leur faire perdre leur temps, de les faire chier », précise le hacker.
De fait, le forum Europe, Écologie les Bruns est, pour l’instant, à l’arrêt tandis que le site Démocratie participative, un média nauséabond qui diffuse des articles antisémites ou racistes, dont le lien avec Boris Le Lay est désormais confirmé, a été stoppé pendant quelques jours.
Sans rapport particulier avec la Bretagne, le hacker a profité d’une fenêtre d’opportunité pour agir. L’internaute avait, en effet, repéré sur un site underground la fuite de plusieurs couples d’identifiants et de mots de passe de comptes en ligne de Boris Le Lay.
Ce qui lui a permis, par exemple, de s’attaquer au financement des activités du néonazi, en bloquant son compte de financement participatif, ou encore de découvrir que le Français avait enregistré une société dans un État américain.
Le pirate informatique a enfin mis la main sur la liste des abonnés à la newsletter Breiz Atao. Une liste de près de 1 400 adresses e-mail qui devrait intéresser les enquêteurs de police judiciaire. « Ce n’est pas un délit de consulter ce site mais cela donne une tendance, une physionomie », remarque un ancien enquêteur spécialisé dans la lutte contre les crimes de haine.
Autant d’informations susceptibles, donc, de nourrir des procédures, à l’image du dossier des 26 donateurs de Démocratie participative identifiés en 2018 et poursuivis pour complicité de provocation publique à la haine raciale.