Peut-on cohabiter avec ces grosses araignées appelées tégénaires ?

Par Virginie Chenard

Araignées domicoles, aussi impressionnantes qu’inoffensives, les tégénaires s’activent actuellement dans nos maisons pour se reproduire. Peut-on s’accommoder de leur présence ?

Malgré sa taille impressionnante, comprise entre 10 et 16 mm, la tégénaire est totalement inoffensive. Ci-dessus : une femelle gravide (qui attend des petits)
Malgré sa taille impressionnante, comprise entre 10 et 16 mm, la tégénaire est totalement inoffensive. Ci-dessus : une femelle gravide (qui attend des petits) (Photo Le Télégramme/Virginie Chenard)

Se lever d’un bon pied le matin, avaler sereinement son café, s’apprêter à se doucher et… reculer d’un bond en découvrant dans la baignoire une énorme araignée noire tentant désespérément d’escalader les parois. Cette scène, particulièrement courante en automne, peut déclencher, selon la personne qui la vit, une réaction de surprise, de dégoût, de peur, voire de terreur, jusqu’à l’hystérie dans les cas de phobie.

La plus grosse des araignées vivant dans les maisons

Car la tégénaire n’a pas la discrétion de la plupart de ses congénères, du moins en France. Elle est la plus grosse des araignées domicoles (qui vit dans les maisons) que nous pouvons croiser, mesurant en moyenne entre 10 et 14 mm pour les mâles et 11 et 16 mm pour les femelles (sans les pattes). Et sa saison préférée pour se manifester dans nos intérieurs, c’est précisément de début septembre à mi-novembre.

On reconnaît les mâles tégénaires à leur corpulence plus fine, leurs pattes plus longues et, surtout, les « gants de boxe » bien visibles au bout de leurs pédipalpes, qui sont en fait les bulbes copulateurs
On reconnaît les mâles tégénaires à leur corpulence plus fine, leurs pattes plus longues et, surtout, les « gants de boxe » bien visibles au bout de leurs pédipalpes, qui sont en fait les bulbes copulateurs (Photo Le Télégramme/Virginie Chenard)
À cette période, les mâles se mettent à la recherche des femelles pour se reproduire

« On a effectivement l’impression d’assister à une recrudescence de ces araignées un peu partout chez nous en ce moment, atteste Michel Collin, entomologiste breton. Car, à cette période, les mâles se mettent à la recherche des femelles pour se reproduire ». Des mâles qui n’ont pas une espérance de vie très longue puisque « ils sont programmés biologiquement pour mourir après la période de reproduction », précise Florian Alonso, référent en aranéologie à l’association Des Espèces parmi’Lyon et naturaliste spécialisé en aranéologie au Monde des arthropodes. On reconnaît les mâles par leur corpulence plus fine, leurs pattes plus longues et, surtout, les « gants de boxe » bien visibles au bout de leurs pédipalpes, qui sont en fait les bulbes copulateurs.

Inoffensives et utiles

Dans ses interactions avec l’homme, la tégénaire est une araignée tout à fait inoffensive : « Il n’y a généralement pas de risque de morsure et aucune transmission de maladies possible », assure l’expert breton. Il ne faut jamais oublier que cette araignée n’attaquera jamais un être humain et optera systématiquement pour la fuite en cas de menace. Elle ne représente donc aucun danger. Mieux, en prenant dans sa toile moucherons, mouches et moustiques dont elle fait son repas, elle nous rend un grand service en régulant la population de ces insectes particulièrement importuns dans les maisons.

Il existe sur le marché différents types d’attrape-insectes, qui permettent de capturer l’animal vivant pour le déplacer sans risquer de lui faire de mal, tout en le tenant à distance
Il existe sur le marché différents types d’attrape-insectes, qui permettent de capturer l’animal vivant pour le déplacer sans risquer de lui faire de mal, tout en le tenant à distance (Photo Le Télégramme/Virginie Chenard)

Les bons gestes

Se souvenir de sa non-dangerosité et de son utilité peut permettre de maîtriser sa peur et d’avoir les bons réflexes en sa présence. La meilleure solution est de la laisser vivre sa vie. Si sa présence incommode, il suffit de prendre un verre, de le placer sur l’araignée et de glisser une feuille de papier en dessous pour la déplacer dans un lieu moins fréquenté, comme la cave, le garage ou le grenier.

À l’extérieur, bien plus que le froid, c’est l’appétit des mésanges ou des merles qui la condamneront

Ceux qui ne peuvent envisager une cohabitation sous le même toit peuvent la mettre dehors de la même façon, mais il faut savoir qu’elle n’aura probablement pas l’opportunité de se mettre à l’abri : « Bien plus que le froid, c’est l’appétit des mésanges ou des merles qui la condamneront. Comme elle est très visuelle, elle n’aura pas le temps d’aller bien loin », assure Michel Collin, qui indique que les tégénaires ont aussi des prédateurs naturels au sein même des maisons : « Les pholques, ces araignées au tout petit corps, aux très longues pattes et aux chélicères très crochues ».

Alors, dans la mesure du possible, essayons de voir les tégénaires sinon comme des alliées, du moins comme des colocataires inoffensives et laissons leur la place qui leur revient au sein de la chaîne alimentaire. Il existe sur les réseaux sociaux de nombreux groupes qui traitent des araignées (D’arachnophobe à arachnophile ou Araignées de France et d’ailleurs sur Facebook, par exemple). À travers les témoignages des internautes, il est facile d’apprendre à connaître ces fascinantes créatures et, ainsi, à moins les craindre. Et peut-être même à les aimer.

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