Rony Brauman. «Haïti ne peut se passer des Américains» [Aidons Haïti + Videos]

Rony Brauman, médecin et cofondateur de Médecins sans frontières, était hier soir à Quimper. Il fait le point sur la situation en Haïti.

«Il faut rendre hommage aux Américains mais pas d'une façon naïve.» Photo Christian Rose
«Il faut rendre hommage aux Américains mais pas d'une façon naïve.» Photo Christian Rose

>> Aidons les petits d'Haïti avec les missionnaires bretons
>>L'analyse d'Hubert Coudurier sur la présence américaine en Haïti


Depuis le tremblement de terre, l'aide humanitaire vous paraît-elle efficace?
Nous sommes encore au pire de la catastrophe, les rescapés sont à la limite de l'épuisement. Le dispositif est en train de se mettre en place, ses effets sont encore très limités. Nous sommes dans un moment de tension maximum. Il faudra encore deux à trois jours pour que l'aide parvienne à un nombre significatif de personnes. Elle commence à fonctionner pour un minimum de gens mais chaque jour un peu plus.

La forte présence américaine est-elle un frein à l'efficacité de l'aide?
Les Américains ont d'emblée pris le contrôle des opérations. Ils se sont imposés comme partie essentielle du dispositif. Sans eux, l'aéroport fonctionnerait beaucoup moins bien voire pas du tout. Dans l'intérêt des victimes, c'est une excellente chose. De même, ils remettent en route les installations portuaires, c'est absolument stratégique. Il faut rendre hommage aux Américains mais pas d'une façon naïve. D'ailleurs, les Haïtiens ne s'y trompent pas.

Sur le contrôle de l'aéroport?
Les Américains contrôlent la porte d'entrée d'Haïti et ils ont des façons de faire critiquables. MSFa eu cinq avions transportant du matériel d'urgence détournés malgré des plans de vols autorisés. À force de tourner en rond dans le ciel, l'un a failli s'écraser. Le gouvernement français a eu deux avions détournés. Dans le même temps, des avions avec des VIP américains se sont posés. On a bien vu que les relations publiques l'emportaient sur l'urgence médicale. Alain Joyandet a eu raison de critiquer leur attitude.

Sur le maintien de l'ordre?
Beaucoup de questions se posent sur le déploiement militaire américain. S'il se cantonne à la protection de périmètres bien déterminés, de bâtiments de logistiques et d'infrastructures, il jouera un rôle positif. Faire la police à Port-au-Prince n'est pas le rôle des contingents étrangers qui ne connaissent ni le terrain, ni les codes sociaux. Avec les Américains, le pire est à craindre. Oui, à la sécurisation fixe, non au maintien de l'ordre.

Pour aller plus loin

Monde
Revenir en arrière

Rony Brauman. «Haïti ne peut se passer des Américains» [Aidons Haïti + Videos]

sur Facebooksur Twittersur LinkedIn
S'abonner
Application Le Télégramme Info Bretagne

Application Le Télégramme

Vous aimez la Bretagne ? Vous allez adorer l'application du Télégramme. Profitez d'une expérience de lecture personnalisée et d'un accès rapide à l'actualité de votre commune.

Application Le Télégramme Journal
Application Le Télégramme Journal