Question de prénoms. Jean, Hapsatou et Fañch

Par Ronan Larvor

Jean Messiha était, samedi, à Saint-Evarzec pour apporter des « éléments de langage » aux militants du Rassemblement national en vue des Européennes. Il est loin le temps du petit Hossam Boutros-Messiha, arrivé à huit ans en France depuis son Égypte natale, sans parler un seul mot de français. Rencontre avec un partisan de l’assimilation radicale.

Jean Messiha (à gauche) avec Renée Thomaïdis et Patrick Le Fur, conseillers régionaux du Rassemblement national.
Jean Messiha (à gauche) avec Renée Thomaïdis et Patrick Le Fur, conseillers régionaux du Rassemblement national.

La machine intellectuelle est affûtée. Jean Messiha, 48 ans, est rompu aux joutes sanguines avec les médias parisiens. Énarque, membre des Horaces, ce club discret de hauts fonctionnaires et cadres supérieurs du privé qui alimente les discours de Marine Le Pen, il déroule son discours sur l’Europe, l’immigration, revient sans rechigner sur son propre parcours. Jean Messiha, arrivé en France d’Egypte, avec ses parents en 1978, a abandonné son prénom d’origine, Hossam, le jour où il a quitté son statut d’immigré en prenant la nationalité française. Il avait alors 20 ans. Il est aujourd’hui délégué aux études et argumentaires du Rassemblement national qu’il a rejoint en 2016. Jean Messiha milite pour une assimilation radicale, qui ne supporte pas la diversité, le multiculturalisme. Il n’a pas raté la dernière polémique provoquée par Éric Zemmour. Le polémiste regrettait qu’Hapsatou Sy, une chroniqueuse de la télévision ne se soit pas appelée Corinne. « Chère Hapsatou Sy, moi j’aime la France comme vous. Je respecte votre choix de garder votre prénom. Pouvez-vous juste me dire ce que pensez du fait que mon amour pour la France m’a conduit à franciser mon prénom ? », a tweeté Jean Messiha à Hapsatou Sy.

Samedi, au restaurant au Bon Repos de Saint-Evarzec, devant une soixantaine de militants, Jean Messiha a développé deux thèmes de l’actualité du RN : l’Europe et l’immigration. Parlant de « l’islamisation de la France », il a évoqué « le malaise identitaire, la question existentielle posée par la massification de l’immigration, l’importation sur le territoire de cultures étrangères ». Mais comment juge-t-il la difficulté de faire vivre une diversité culturelle en France, l’affaire du prénom Fañch étant le dernier avatar de certains blocages ?

La question n’était pas prévue. Il répond d’abord sur un registre classique. « Depuis une quarantaine d’années on vante les vertus de la diversité, du droit à la différence. Je crois qu’on a oublié les vertus de l’homogénéité surtout quand on parle d’une nation. Une nation multiculturelle est une nation multiconflictuelle ». L’orateur arrive ensuite habilement à retourner la question pour marteler son discours anti-immigrés. « On va emmerder les Bretons pour un prénom avec un tilde et accepter qu’en Seine-Saint-Denis le premier prénom donné soit Mohamed. Il y avait une loi jusqu’à la fin des années 1960 qui obligeait les parents à prendre les prénoms dans le calendrier et cela participait à l’assimilation. Des générations de français d’origine étrangère ont ainsi changé de prénom, c’était la marque de leur intégration, de leur appartenance. Quand mes parents ont quitté leur Égypte natale ce n’était pas en rêvant que l’Égypte les rejoigne là où ils ont immigré. Quand on part ailleurs c’est pour devenir autre. Si vous voulez rester vous-même, vous restez chez vous ». Au même moment à Quimper, 500 personnes se réunissaient pour soutenir le travail de sauvetage des migrants de l’Aquarius en Méditerranée.

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