Le 31 décembre, Philippe Portal quittera ses fonctions de secrétaire général de la Chambre de métiers et de l’artisanat du Finistère (CMA 29) après six ans de service. À cette occasion, le futur retraité fait le point sur l’état de santé de la profession.
Pour les entreprises artisanales, on peut dire que les aides de l’État sont quand même très intéressantes, positives. Il faut s’en réjouir. Mais je trouve qu’entre l’État, les consulaires, les EPCI, on est un peu parti en ordre dispersé. Je plaide pour un peu plus d’organisation, de méthode. La mobilisation est très forte, mais il faudrait le faire dans la coordination, pour éviter la déperdition de la force de frappe.
On l’a vu, il y a beaucoup de colère au sein des entreprises qui ont dû fermer. Beaucoup ont eu un mal fou à passer le printemps. Il y a d’énormes problèmes de trésorerie, et le moral est extrêmement atteint. Ce sont aussi beaucoup d’incompréhensions, vis-à-vis des mesures du gouvernement ; par rapport aux restaurateurs par exemple. Nous non plus, on ne comprend pourquoi les mesures sont de type national, sont uniformes, sans tenir compte des particularités locales. Quand un restaurant respecte les distances barrières, quand ce sont de petites tables souvent inférieures à six, on peut tout de même s’interroger sur une fermeture jusqu’au 20 janvier.
Très bien ! Malgré la crise, malgré la pandémie, le nombre de créations d’entreprises est toujours aussi important. On se réjouit de voir autant de personnes réorienter leur vie vers l’artisanat. Et nous avons toujours aussi cette belle tradition des apprentis qui deviennent, à leur tour, artisans. Aujourd’hui, ce sont 20 000 entreprises artisanales, 50 000 actifs et 3 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Il y a donc une croissance régulière. Il y aura un solde positif d’environ 1 000 entreprises à la fin de l’année sur le Finistère, malgré le contexte. Parce qu’aussi, les consommateurs sont attachés à la qualité du travail des artisans (…).
Je n’ai pas d’inquiétude pour l’artisanat, car il existe depuis la nuit des temps. Mais il est vrai qu’à un moment, notamment dans le cadre du plan de relance, il ne faudra pas oublier l’artisanat. Mais je n’en doute pas.
Il faut maintenir cette relation de proximité avec les entreprises artisanales, les accompagner au niveau du changement, notamment sur de nouvelles pratiques comme le numérique ou le développement durable. Il y a un besoin de mutation de l’artisanat, tout en gardant ses valeurs, ses traditions et son histoire. Et il faut que les chambres de métiers aient les moyens d’accompagner le changement.