Il y en a toujours pour les dauphins et les phoques de l’archipel de Molène. Rarement pour les algues et les poissons que l’on ne prend pas toujours le temps de détailler. Le directeur adjoint du parc marin, plus particulièrement chargé de l’ingénierie, Philippe Le Niliot vante la clarté et la fraîcheur de l’eau de la mer d’Iroise. Et tout son petit monde associé.
Configuration exceptionnelle. Avec une plate-forme rocheuse de 200 km2 présentant des fonds de moins de 20 m de profondeur, l’archipel de Molène offre une configuration exceptionnelle le long des 2 600 km de côtes en Bretagne.
Eau fraîche. Les rayons du soleil passent mieux et favorisent la pousse des grandes algues. Et cela marche d’autant mieux quand les eaux sont froides. Vingt degrés en été, c’est déjà une eau tempérée froide en Europe. Au plus beau de la saison, elle se maintient entre 14 et 16 degrés à Ouessant.
Température homogène. Le front thermique d’Ouessant maintient une température de l’eau de mer homogène de la surface jusqu’à 100 mètres de profondeur. Le soleil ne réchauffe ainsi pas la surface, le brassage assure une homogénéisation de cette température propice à une remarquable productivité.
Effet lagon. La transparence de l’eau, couplée à la présence de bancs de sable recouvrant par endroits le plateau rocheux produit un véritable effet lagon. On retrouve le même phénomène dans l’archipel de Sein ou aux Glénan, au sud de Bénodet.
Visibilité maximum. C’est dans les parages de l’île d’Ouessant que la visibilité de l’eau de mer est parmi la plus importante en Bretagne. On y croise de grandes algues jusqu’à 30 mètres de profondeur. Preuve que la lumière arrive bien jusque-là.
Architectes. Espèces ingénieures ou architectes, les algues construisent et abritent un habitat riche et spécifique. 330 grandes algues sont répertoriées dans le parc, sans compter les espèces de moins d’un centimètre (macro-algues) pas toujours visibles à l’œil nu.
Coups de vent. Les tempêtes font beaucoup de dégâts. Les plus dévastatrices de fin avril, début mai peuvent avoir un impact négatif sur les jeunes pousses. En 2008, les coups de vent successifs auraient arraché les deux tiers des algues de la chaussée de Sein.
À chacune son étage. Entre 0 et 5 mètres de profondeur, on trouve la digitata, algue typique des côtes norvégiennes mesurant jusqu’à 3 mètres, devenant adulte en un an. Entre 5 et 15 mètres de profondeur, place aux Polyschides, mesurant jusqu’à 9 mètres de long. Entre 10 à 30 mètres de fond, la laminaria hyperborea fait le bonheur des goémoniers professionnels. Ces grandes algues abritent 45 espèces, des crampons à la canopée.
Bulles d’oxygène. Le bruit des bulles émises par ces macro-algues pourrait s’entendre au microphone (hyperoxygénation des algues). L’eau se réchauffe légèrement au niveau de ces concentrations d’algues. Pas étonnant de trouver bars et phoques régulièrement assoupis au beau milieu de ces forêts marines.
Stock d’algues. Une radiographie des sédiments a mis en évidence que 60 % du plateau molénais était recouvert de roches et d’algues, le reste étant composé de bancs de sable. Les zones d’algues ont été clairement identifiées, informations très prisées des goémoniers. Cette carte a permis d’affiner le plan de préservation de la ressource en algues. État du stock observé lors de cette étude : 140 000 t disponibles de digitata (40 000 t prélevées par an). 470 000 t d’Hyperboréa (20 000 t prélevées). Certaines zones sont fermées. Les bateaux vont régulièrement prélever aux mêmes endroits.