Dans « BAC Nord », François Civil casse son image de jeune premier, avec ce rôle de flic blond décoloré des quartiers sensibles de Marseille. Un personnage qui lui a demandé une vraie transformation physique. Rencontre entre deux tournages.
J’avais beaucoup aimé « La French » de Cédric Jimenez, donc j’étais content de travailler avec lui. Le scénario est passionnant, excitant, intelligent, pertinent, racé. C’est un film hybride, d’action avec du fond. On passe de la comédie subtile à des destins tragiques et forts. Un vrai point de vue sur notre système. Et de savoir qu’il y avait Gilles Lellouche, Karim Leklou et Adèle Exarchopoulos dans le projet était un attrait supplémentaire, parce que ce sont des comédiens avec qui je n’avais jamais travaillé et que j’avais très envie de rencontrer.
Le film est basé sur une histoire vraie, et on a pu rencontrer les trois ex-flics desquels les personnages sont inspirés. Avec chacun, on a eu des rendez-vous en tête-à-tête. Au final, ils sont assez éloignés de nous, mais ces échanges nous ont surtout permis de comprendre leur travail.
Le personnage d’Antoine est assez loin de ce que je suis dans la vie. Je suis parti m’installer dans la ville, un ou deux mois avant le tournage, en immersion pour observer les gens, trouver ma façon de parler, de me mouvoir, de m’habiller…
Non, raconter la hiérarchie ne m’intéressait pas. Je voulais me nourrir du quotidien de la BAC Nord : c’est quoi l’ennui, l’action, l’adrénaline, les frustrations, que vivent-ils dans une journée classique ? Avec quoi rentrent-ils chez eux le soir ?
J’ai un peu changé de format (il rit et montre ses biceps). Antoine est le plus nerveux des trois flics. Il est dans l’action en deux secondes, dans le rythme, avec zéro temps mort. Donc, j’ai fait une préparation physique à base d’escalade, de muscu. Je me suis affûté.
(Rires) Oui, les cheveux blonds c’est l’une des premières choses que j’ai remarquée chez les jeunes de la ville. J’allais le proposer à Cédric quand, le même jour, il m’a appelé pour me demander mon accord. Quand je vois les images, c’était une belle erreur (rires) mais ça aide. C’est la première fois que je vais aussi loin dans un rôle.
Il est très léger dans le film mais je me suis pas mal mis la pression. Cédric, qui est Marseillais, était mon garde-fou pour éviter l’excès ou la caricature.
J’ai commencé à travailler quand j’avais quinze ans et je n’ai pas arrêté depuis. C’est la moitié de ma vie. Donc « Le nouveau visage du cinéma français » qui sort maintenant, je le prends sans ironie parce que je comprends bien que là il y a eu plein de films qui se sont accumulés mais, de mon côté, j’ai l’impression de faire le même boulot depuis quinze ans !
C’est une période noire et sombre. Aujourd’hui, on regarde les plateformes - moi le premier, sur Netflix - au lieu d’aller au cinéma et au théâtre alors que ce serait salutaire. Mais heureusement, les tournages continuent…