Les aristos bretons. Olivier de Lorgeril, l’entrepreneur

Anne-Cécile Juillet

Par Anne-Cécile Juillet

Des girafes devant un château Renaissance ! Il n’y a qu’à La Bourbansais (35) que l’on voit cela. Olivier de Lorgeril, l’actuel propriétaire des lieux, sait ce que se réinventer veut dire.

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Le Comte Olivier de Lorgeril et les girafes du parc zoologique
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Le Comte Olivier de Lorgeril et les girafes du parc zoologique
Photo Nicolas Créach
Le château de la Bourbansais à Pleugueneuc
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Le château de la Bourbansais à Pleugueneuc
Photo Nicolas Créach
Une des girafes du parc zoologique de la Bourbansais
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Une des girafes du parc zoologique de la Bourbansais
Photo Nicolas Créach
Le Comte Olivier de Lorgeril propriétaire devant son château de la Bourbansais à Pleugueneuc
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Le Comte Olivier de Lorgeril propriétaire devant son château de la Bourbansais à Pleugueneuc
Photo Nicolas Créach
Salle à manger du château de la Bourbansais à Pleugueneuc
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Salle à manger du château de la Bourbansais à Pleugueneuc
Photo Nicolas Créach
Le tableau où figure Louis de Lorgeril homme politique français et ancêtre d’Olivier de Lorgeril, au centre entouré de ses parents.
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Le tableau où figure Louis de Lorgeril homme politique français et ancêtre d’Olivier de Lorgeril, au centre entouré de ses parents.
Photo Nicolas Créach

Paisibles et gourmandes, deux girafes mastiquent consciencieusement les branchages qu’elles viennent de couper : « Ce sont nos jardiniers bénévoles ! », présente Olivier de Lorgeril dans un sourire. À quelques encablures de là, des rapaces, des primates mais aussi des tigres et des lions, des panthères et des loups, soit au total 400 pensionnaires, vivent en symbiose avec la nature dans ce grand parc. Ici, à La Bourbansais, sur la commune de Pleugueneuc entre Rennes et Saint-Malo, se trouve un parc zoologique pour le moins singulier, héritage vivant de la passion d’un couple. C’est même grâce à cette intuition novatrice que la famille de Lorgeril parvient à maintenir, et développer, le domaine reçu en héritage.


« Je dois agir non pas en châtelain mais en entrepreneur »


Olivier de Lorgeril, 19e génération à vivre à La Bourbansais, rappelle avec fierté que le château n’a jamais été vendu depuis sa construction, au XVIe siècle sur un site déjà habité à l’époque gallo-romaine. « Pour faire perdurer cela, je dois agir non pas en châtelain mais en entrepreneur », regarde-t-il avec lucidité. « Au début des années 60, lorsque ma grand-tante a rapporté une girafe ici, mes grands-parents ont trouvé l’idée originale et sympa. Petit à petit, ils ont fait venir des yacks, des gibbons, puis d’autres espèces ; mes grands-parents montraient à la population locale des animaux qu’ils n’avaient, jusqu’alors, jamais vus que dans les livres. »

Le père d’Olivier entame l’ouverture du château au public, mais lorsqu’en 1990, la question de la succession se pose, Olivier ne réfléchit pas longtemps : vendre ? Louer ? Reprendre ? « On a suivi la vieille loi salique de primogéniture mâle », sourit-il, sa chevalière d’héritier à l’annulaire et ses deux masters de droit en poche. Tant pis, il ne sera pas avocat. En lieu et place, avec son épouse, ils bossent « comme des dingues », passent des heures à convaincre des banques, aussi : « Le château, c’est un hectare de toiture ! Imaginez le coût des travaux ! » Aujourd’hui, La Bourbansais, ce sont plus de 140 000 visiteurs par an, deux spectacles dédiés aux chiens et aux rapaces, des aires de jeux et un labyrinthe végétal, mais aussi des gîtes et un restaurant. Ainsi qu’un autre zoo parc, à Trégomeur (22), non loin de Saint-Brieuc. Et des visites guidées du château, alors que la famille y habite. « On apparaît rarement en perruque » s’amuse-t-il.

Le château de la Bourbansais à Pleugueneuc en Ille-et-Vilaine
Le château de la Bourbansais à Pleugueneuc en Ille-et-Vilaine (Photo Nicolas Créach)

« Ce qui est beau, ce n’est pas le maillon, c’est la longueur de la chaîne »


« Ces maisons peuvent redevenir des maillons forts, notamment en termes de préservation de la biodiversité », croit Olivier de Lorgeril, dont le zoo est impliqué dans des programmes européens de préservation des espèces menacées. Et parce qu’il veut aider les autres propriétaires de vieilles demeures familiales, il s’est investi au point d’être récemment nommé président de la Demeure historique. Cette association regroupe les propriétaires de monuments historiques privés, en France, autour de quatre missions : préserver, transmettre, partager, innover. « Savez-vous que plus de 1 000 monuments historiques sont à vendre en France ? », s’alarme Olivier de Lorgeril. « Bien sûr, il y a aussi des primo-accédants qui en ont la passion mais, sans les familles, cela perd un peu de son âme… »

Olivier de Lorgeril espère que l’un de ses quatre enfants reprendra le flambeau. En réalité, il n’en doute guère : « Ici, c’est leur maison, elle est, certes, un peu particulière mais je crois que son esprit a infusé en eux ! » Il aime citer le comte de Chambord, pour expliquer le sens de tout cela : « Ma personne n’est rien, mon principe est tout. » « Cela veut dire : nous ne sommes qu’un maillon, ce qui est beau, ce n’est pas le maillon, c’est la longueur de la chaîne. »

Le blason, la devise et les ancêtres célèbres de la famille Lorgeril, en une infographie.
Le blason, la devise et les ancêtres célèbres de la famille Lorgeril, en une infographie. (Le Télégramme)

Le blason : De gueules à un chevron d’argent chargé de 5 mouchetures d’hermine de sable, et accompagné de 3 molettes d’or, deux en chef et une en pointe

La devise : La famille en a deux. Celle des ancêtres chevaliers « À ma vie ! », « C’est notre Montjoie ! Saint-Denis ! à nous », explique Olivier de Lorgeril. La seconde, plus classique, est la même que celle d’Anne de Bretagne : « Mori potius quam fedari », qui signifie « Plutôt la mort que la souillure ».

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Les ancêtres célèbres : Louis de Lorgeri
l (1778-1842), fut maire de Plesder (35), puis maire de Rennes de 1821 à 1830, et élu député d’Ille-et-Vilaine en 1828, une rue porte toujours son nom dans la capitale bretonne. Cet agronome de formation créa le premier comice agricole de France, en 1815 et fonda en 1817 les comices agricoles de Bretagne. Parmi ses descendants, Eliane de Lorgeril qui épousa Honoré d’Estienne d’Orves, héros de la Résistance et compagnon de la Libération (1901-1941). Charles de Lorgeril (1849-1897), député d’Ille-et-Vilaine.

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