Juppé abandonne la vie politique, « l'envie » l'a quitté
Très ému, Alain Juppé a expliqué ce jeudi matin sa décision de démissionner de la mairie de Bordeaux et d'arrêter la politique pour rejoindre le Conseil constitutionnel.
Par Valérie Mazuir
« L'envie me quitte tant le contexte change » dans la vie politique : Alain Juppé, dont la nomination surprise au Conseil constitutionnel a été annoncée mercredi, a expliqué ce jeudi matin des sanglots dans la voix pourquoi il avait décidé de démissionner de ses fonctions de maire et de président de la métropole de Bordeaux pour rejoindre un « environnement de travail plus serein ».
« Je ne m'attendais nullement à cette proposition et j'ai dû me décider en vingt-quatre heures », a-t-il indiqué. « Deux raisons m'ont conduit à cette décision : d'abord la volonté ne pas faire le mandat de trop. Je suis fier du travail que j'ai accompli dans notre ville depuis près de vingt-cinq ans […], j'avais tant de projets en tête, mais le temps est venu de nouveaux visages et de nouvelles équipes ».
L'esprit public est devenu délétère
Mais Alain Juppé a également expliqué qu'à 73 ans, « une raison plus personnelle » le motive. « La vie politique est comme toujours un combat, j'ai aimé livrer ce combat et je l'ai fait pendant plus de quarante ans, avec des bonheurs divers, mais toujours avec passion », a expliqué l'ancien Premier ministre et candidat malheureux à la présidentielle, mais en avouant qu'aujourd'hui « l'envie [le] quitte tant le contexte change ».
« L'esprit public est devenu délétère », a souligné Alain Juppé avant d'énumérer « la montée de la violence sous toutes ces formes, verbales et physiques, le discrédit des hommes et des femmes politiques réputés « tous pourris », la stigmatisation des élites […], un climat général infecté par les mensonges et les haines que véhiculent les réseaux sociaux ». « L'esprit public, la vie publique sont difficiles à vivre et lourds à porter », a-t-il reconnu.
Alain Juppé n'a pas pris sa « décision de gaieté de coeur ». « Avec Bordeaux et son peuple, nous sommes en quelque sorte un vieux couple », a dit, les larmes aux yeux, celui qui a été près d'un quart de siècle son maire. « C'est un crève-coeur », a-t-il lâché. Et de poursuivre en n'arrivant plus à cacher son émotion : « C'est un arrachement de me séparer de qui j'ai tant aimé… à qui j'ai tant donné… et qui m'a tant donné en retour ».
« Nous ne sommes pas en monarchie, donc il ne me revient pas de désigner un dauphin », a-t-il enfin déclaré, expliquant qu'un conseil municipal se réunirait samedi matin.
Valérie Mazuir