La chute du mur de Berlin en images
DIAPORAMA. Dans la nuit du 9 au 10 novembre 1989, le « mur de la honte » érigé en 1961 s'écroule. L'édifice qui divise la ville est ouvert par les jeunes Est-Berlinois, en une marée qui prend de court les dirigeants des deux Allemagne. La faiblesse de l'URSS, la perestroïka de Gorbatchev et le courage des Allemands de l'Est sont passés par là. Retour en images.
Par Daniel Bastien, Carole Bibily, Elisabeth Beyeklian
27 juin 1989 : les ministres hongrois et autrichien des Affaires étrangères cisaillent symboliquement le « Rideau de Fer »
L'événement est considéré comme le premier « craquement » du mur de Berlin : dans la ville frontière hongroise de Sopron, les ministres hongrois et autrichien des Affaires étrangères, Gyula Horn et Alois Mock, coupent symboliquement des fils barbelés du « Rideau de Fer » séparant l'Est et l'Ouest. Le 19 août, un « pique-nique paneuropéen » organisé en Hongrie permettra à 600 Allemands de l'Est de fuir à l'Ouest, en passsant la frontière austro-hongroise exceptionnellement ouverte pour l'occasion.
10 septembre : ouverture de la frontière austro-hongroise
Nouveau « craquement » : le gouvernement hongrois décide l'ouverture de sa frontière avec l'Autriche et de laisser partir librement les citoyens est-allemands : 50.000 personnes passent à l'Ouest. Le 7 octobre, le Parti communiste hongrois se sabordera pour créer le Parti socialiste hongrois et, le 23 octobre, la « République de Hongrie » est proclamée : c'est la première fois qu'un pays du bloc de l'Est supprime ainsi les termes « populaire » et « socialiste » de sa Constitution. A Berlin sont fondés au même moment trois mouvements civiques, dont le célèbre «Neues Forum ».
Michaïl Gorbatchev est reçu à Berlin-est par le leader est-allemand Erich Honecker à l'occasion des 40 ans de la RDA
Pour le maître de l'URSS, le temps presse face à des milliers d'Est-Allemands lui réclamant davantage de libertés. Il tente alors -vainement- de convaincre Honecker (qui avait déclaré en janvier « Dans cinquante ou 100 ans, le mur sera toujours là ») d'engager des réformes, et lui signifie que la répression armée est à exclure. Ce même jour est créé le « Parti social-démocrate en République démocratique allemande ». Le 8 octobre commence une série de grandes manifestations à Leipzig. Le 11 octobre, le parti dirigeant « Parti socialiste unifié d'Allemagne » (SED) propose l'ouverture d'un débat national.
17 octobre : démission d'Erich Honecker
Erich Honecker, le chef de l'Etat, démissionne « pour raison de santé ». Il est en fait écarté par les rénovateurs du parti communiste. Egon Krenz est alors porté, le 18 octobre, à la tête du SED (Parti socialiste unifié d'Allemagne) et devient imédiatement chef de l'Etat. Le 26 octobre a lieu la première rencontre entre le SED et le mouvement civique Neues Forum (photo : à droite Erich Honecker, à gauche Egon Krenz).
4 novembre : un million de manifestants sur l'Alexander Platz
Manifestation monstre, pacifique et historique à Berlin-Est sur la grande Alexander Platz, où un million de personnes réclament des droits constitutionnels. Le pouvoir esquisse un projet de loi sur les voyages à l'étranger. Le 7 novembre, le gouvernement de RDA conduit depuis 13 ans par Willy Stoph, démissionne. Le 8, le mouvement civique « Neues Forum » reçoit l'agrément du pouvoir.
9 novembre : la gaffe qui précipite l'ouverture du mur
A 18h57, Günter Schabowski, porte -parole du gouvernement et éminent cadre du comité central du PC est-allemand, déclare par erreur, lors d'une conférence de presse télévisée, la décision du gouvernement de RDA de libérer « immédiatement les voyages privés à destination de l'étranger ». Vers 22h40, alors que tout le monde regarde le match de foot de la Coupe d'Allemagne retransmis par la TV publique ouest-allemande, un présentateur du journal annonce l'ouverture de l'hermétique mur séparant la ville depuis 28 ans.
9 novembre : les Berlinois s'emparent du mur
Vers 23h30, ouverture du poste frontière de Bornholmer Strasse face à une marée humaine. Le gouvernement veut intervenir, mais la police et l'armée s'en estiment incapables. Le mur honni est tombé et l'Histoire est en marche. En 1989, sans smartphones ni réseaux sociaux, la plupart des gens ignorent encore tout de l'événement. L'histoire veut que la jeune Angela Merkel, qui a regardé l'intervention télévisée de Schabowski à la télévision, propose alors à sa mère d'aller manger des huîtres au grand hôtel Kempiski, à Berlin-Ouest.
10 novembre : ruée vers l'Ouest
Le lendemain matin, c'est une véritable ruée de tous ceux qui s'étaient couchés trop tôt pour assister à l'ouverture de la frontière (photo : passage de la Bornholmer Strasse). Cette marée humaine sonne le glas de la Guerre froide.
10 novembre : accueil chaleureux des Berlinois de l'Ouest
Des colonnes de voitures est-allemandes se dirigent, à travers les différents points de passages, vers Berlin-Ouest. Ils sont accueillis à bras ouverts par la population. En trois jours, ils seront 2 millions à découvrir ou re-découvrir la partie occidentale de la ville.
11 novembre : Rostropovitch joue devant le mur de Berlin déjà béant
Mstislav Rostropovitch, le violoncelliste russe exilé à l'Ouest, improvise un concert : « Je suis venu jouer ici pour que l'on se souvienne de tous ceux qui sont morts à cause de ce mur. » Il deviendra un symbole de la chute du bloc de l'Est.
16 novembre : la destruction du mur est en marche
La population de Berlin s'attaque au mur, et des politiques français, dont Juppé et Sarkozy, responsables du RPR, cassent au marteau un bout de l'édifice. Le 29 décembre, le gouvernement de RDA décidera la destruction officielle du mur, qui débutera le 13 juin 1990 et s'achèvera le 30 novembre 1990.
22 décembre : Helmut Kohl et Hans Modrow ensemble à Berlin
A la tête du nouveau gouvernement est-allemand depuis le 13 novembre, le communiste réformateur Hans Modrow avait proposé devant la Chambre du Peuple (Parlement) une « communauté contractuelle » entre la RDA et la RFA, le 17 novembre. Le 28, le chancelier Kohl avait de son côté avancé un plan d'unification de l'Allemagne, mais sans avancer de date. Le 19 décembre à Dresde, Kohl et Modrow conviennent de réaliser cette « communauté contractuelle », et se retrouvent à Berlin pour célébrer ces décisions qui vont changer l'avenir de l'Allemagne.
14 février : l'Otan et le Pacte de Varsovie discutent de la réunification des deux Allemagne
Le 10 février 1990, le président soviétique Mikhaïl Gorbatchev déclare à Moscou que les Allemands sont libres de déterminer leur avenir. Trois jours plus tard, Helmut Kohl propose à Modrow de négocier une union économique et monétaire allemande. Le 14 février à Ottawa , les quatre anciens alliés vainqueurs du nazisme (Etats-Unis, URSS, France, Grande-Bretagne), détenteurs depuis 1945 de droits sur l'Allemagne, décident d'engager avec la RFA et la RDA des négociations dites '2+4' sur les aspects diplomatiques d'une réunification.
18 mars : premières élections législatives libres en RDA
Les conservateurs, favorables à une unification rapide, remportent une large victoire. Le chrétien-démocrate Lothar de Mazière devient chef d'un gouvernement de coalition le 12 avril et se prononce pour une adhésion à l'Otan et à la CEE.
3 octobre 1990 : réunification de l'Allemagne
Sur la Porte de Brandebourg à Berlin, la foule célèbre la réunification de l'Allemagne, moins d'un an après la chute du mur.