Des drones nord-coréens violent l'espace aérien de Corée du Sud, une première depuis 2017
Cinq drones nord-coréens ont, ce lundi matin, traversé la frontière entre les deux Corées, selon Séoul. Des avions de chasse sud-coréens ont été déployés et une centaine de tirs de semonces ont été tirés.
Par Claude Fouquet
Ultime provocation de l'année pour Pyongyang qui a, ces dernières semaines, multiplié les tirs de missiles ? Ce lundi matin, plusieurs drones nord-coréens présumés ont franchi la frontière intercoréenne. Une première depuis 2017, selon plusieurs médias sud-coréens.
En réponse, l'armée sud-coréenne a tiré une centaine de coups de semonce et envoyé des chasseurs et hélicoptères d'attaque pour les abattre. Sans succès. Un chasseur léger sud-coréen déployé sur place s'est écrasé pour des raisons inconnues.
Des drones observés à l'oeil nu
Dans le détail, selon le Comité des chefs d'état-major interarmées (JCS) sud-coréen, de multiples « objets non identifiés » semblant être des drones ont été détectés dans des zones frontalières de la province de Gyeonggi, la plus peuplée du pays et celle où se trouve Séoul. Vers 10h25 (01h25 GMT), ils ont traversé la ligne de démarcation militaire séparant les deux Corées.
Au total, 5 drones auraient été repérés, selon les informations publiées par le JCS. Ces drones ont été aperçus en train de voler au-dessus de Gimpo, de l'île de Ganghwa et de la ville de Paju, au nord de Séoul. Certains, qui ont été observés à l'oeil nu par des témoins, ont survolé des villages et des zones résidentielles civiles. Toujours selon Séoul, ces drones ne suivaient pas une trajectoire rectiligne, décrivant des cercles dans certains cas.
Si l'armée de l'air sud-coréenne a été déployée pour abattre ces drones, elle a admis un peu plus tard ne pas avoir atteint son objectif. Un de ses avions, envoyé dans cette mission d'interception, s'est écrasé. Selon les premières indications, l'accident, qui n'a pas causé de victime, se serait produit peu après le décollage de l'appareil.
Le précédent de juin 2017
En tout état de cause, c'est la première fois depuis 2017 que des appareils provenant de Corée du Nord violent l'espace aérien du Sud. Le 9 juin 2017, l'épave d'un drone nord-coréen avait été découverte dans la province de Gangwon, à l'est de la capitale.
L'étude des restes de l'appareil avait permis de constater que l'appareil était équipé pour filmer les zones survolées et notamment, à l'époque, une base où étaient installées des batteries antimissiles américaines THAAD. Le drone nord-coréen récupéré alors disposait d'une autonomie de vol de 5h30 pour un rayon de 490 km. Il s'était visiblement écrasé à la suite d'une panne moteur.
Jusqu'à cette date, Pyongyang utilisait régulièrement des drones pour espionner le Sud. Des violations de l'espace aérien sud-coréen avaient été constatées en 2016 et 2015. En 2014, des restes de drones nord-coréens avaient aussi été découverts dans plusieurs régions sud-coréennes.
Des centaines de drones
Si les estimations sont à prendre avec précaution, Séoul estime que la Corée du Nord disposerait de 300 à 1.000 drones. Et aurait accéléré la production de ce type d'appareils depuis les années 1990 afin de compenser l'infériorité de ses forces aériennes classiques. Plus petits, volant à plus faible altitude et peints en bleu ciel, les drones nord-coréens sont souvent plus difficiles à repérer que des avions classiques.
Dérivés d'appareils chinois, les drones nord-coréens, baptisés « Banghyeon », sont essentiellement destinés à des missions de reconnaissance et d'espionnage. Même si Pyongyang affirme avoir développé des drones d'attaque, la Corée du Sud estime, sur la base des engins qu'elle a déjà récupérés, que leurs capacités sont limitées. Et qu'ils ne peuvent pas transporter une bombe de plus de 3 à 4 kg.
Mais ces dernières années, la technologie nord-coréenne a fait des progrès, comme le montrent les différents essais de missiles, ce qui fait craindre à Séoul que ce soit aussi le cas d'autres types de matériels militaires. Séoul a annoncé, le 22 décembre, vouloir développer son propre système de brouilleurs de drones. Il devrait être opérationnel d'ici à janvier 2026.
Claude Fouquet