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La vente du Ritz à Londres victime d'une incroyable guerre familiale

C'est l'un des joyaux du groupe familial bâti par deux jumeaux autrefois inséparables, David et Frederick Barclay. Le palace en vente aussi la principale pomme de discorde entre leurs enfants respectifs, alors qu'un processus de vente est engagé. Les couteaux sont tirés : Frederick menace ouvertement d'attaquer en justice quiconque oserait brader l'hôtel pour moins d'un milliard de livres. Il accuse aussi ses neveux de l'avoir espionné.

La vente du Ritz, à Londres, donne actuellement lieu à une guerre ouverte entre les deux clans de la famille Barclay, qui en est actuellement propriétaire.
La vente du Ritz, à Londres, donne actuellement lieu à une guerre ouverte entre les deux clans de la famille Barclay, qui en est actuellement propriétaire. (Carl Court/AFP)

Par Alexandre Counis

Publié le 14 mars 2020 à 09:59

C'est une histoire digne des plus grandes tragédies shakespeariennes. La vente du Ritz, à Londres, donne actuellement lieu à une guerre ouverte entre les deux clans de la famille Barclay, qui en est actuellement propriétaire. Tous les coups semblent permis entre les enfants de David Barclay et ceux de son frère jumeau Frederick pour tirer à soi la couverture, et récolter les fruits de cette vente hors normes qui devrait dépasser les 750 millions de livres.

Dernier rebondissement en date dans ce feuilleton capable de faire pâlir d'envie les meilleurs scénaristes d'Hollywood : l'avertissement lancé la semaine dernière par Frederick Barclay à l'autre branche de la famille. Il menace ouvertement, dans un communiqué, d'attaquer en justice quiconque oserait brader pour moins d'un milliard de livres l'hôtel de luxe acquis avec son frère en 1995, au temps où les jumeaux étaient encore inséparables, pour seulement 75 millions. Selon le « Financial Times », les derniers comptes du Ritz, qui dégageait un chiffre d'affaires de 47 millions de livres en 2018, valorisent le palace autour de 800 millions de livres. Mais au moins deux acheteurs potentiels envisageraient de faire une offre nettement inférieure.

Un micro dans le jardin d'hiver

La menace est brandie alors que le milliardaire octogénaire a déjà ouvert, il y a quelques semaines, une procédure judiciaire contre ses neveux Aidan (64 ans), Howard (60 ans) et Alistair (30 ans), les fils de son frère David, et contre le fils d'Aidan, Andrew (28 ans), sans oublier l'un des dirigeants du groupe familial, Philip Peters. Il accuse ce petit monde de l'avoir espionné en posant un micro dans le jardin d'hiver du Ritz, là où il aime à converser avec sa fille unique Amanda (41 ans), tout en fumant le cigare, sur les affaires de famille. Une caméra de surveillance montre Alistair, tard dans la nuit du 13 janvier, en train de manipuler le micro qui servait aux écoutes. Celles-ci auraient d'ailleurs débuté dès novembre dans le célèbre hôtel du quartier de Mayfair, sur Piccadilly.

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L'affaire donne lieu à un grand déballage devant les juges et dans la presse . Les auteurs des écoutes sont accusés d'avoir non seulement enregistré des conversations qu'ils savaient confidentielles, mais aussi de les avoir fait transcrire par écrit, puis de les avoir commentées au sein d'un groupe WhatsApp. Le contenu des écoutes n'a pas été dévoilé. Frederick et Amanda ont seulement indiqué qu'il s'agissait d'échanges sur de possibles acquisitions ou ventes d'actifs, la gouvernance et le financement du groupe, les trusts qui le composent… et des affaires de famille. 

Vente particulièrement chaotique

La bataille entre cousins rend le processus de vente du Ritz particulièrement chaotique. Plusieurs négociations ont visiblement été engagées en parallèle par différents membres de la famille sans se concerter. De quoi donner des maux de tête aux potentiels acheteurs, parmi lesquels figureraient des investisseurs qataris et saoudiens, comme Sidra Capital , mais aussi le groupe français (propriétaire des « Echos ») LVMH. Même chose pour l'un des autres grands actifs du groupe Barclay : le journal quotidien « Telegraph ». Certains veulent vendre, d'autres non. Sur la réalité de la mise en vente, les candidats intéressés entendent, du coup, tout et son contraire.

Selon le « Financial Times », Howard et surtout Aidan, qui aime à côtoyer les Premiers ministres, veulent comme David conserver ce formidable levier d'influence politique, avec ses 308.000 lecteurs. Ils veulent en revanche vendre le Ritz pour financer les activités du groupe plus fragiles, comme le service de livraison Yodel. A l'inverse, les plus jeunes membres de la famille voient le « Telegraph », acquis en 2004 pour 665 millions de livres, comme un actif superflu dont la valeur décline à vitesse grand V. Comme Frederick, en pleine procédure de divorce, ils veulent s'en séparer.

Prise de pouvoir et mise à l'écart

Si Frederick Barclay et sa fille Amanda ont peur d'être lésés dans la vente du Ritz, c'est parce qu'ils sont désormais en position de faiblesse. A 85 ans, Frederick et David ne sont plus bénéficiaires du trust qui porte les actifs familiaux. Aux termes de leur accord, Amanda n'a conservé 25 % des parts, ce qui l'empêche de s'opposer, sur les décisions importantes, aux choix de ses cousins. 

Les plus vieux, Aidan et Howard, sont les patrons opérationnels de B.UK, le holding basé aux Bermudes qui contrôle les principales activités du groupe Barclay. Ils sont particulièrement impliqués dans les actifs liés à la vente en ligne, les hôtels, les services de livraison et les médias. Amanda, elle, ne figure pas parmi les dirigeants du holding. Mais elle était étroitement impliquée dans la direction du Ritz. Jusqu'à ce qu'elle soit brutalement évincée, en janvier, de ses postes de dirigeante de six sociétés qui liées à la gestion de l'hôtel. Aidan, Howard, et leur allié Philip Peters l'y ont immédiatement remplacée. 

Alexandre Counis (Correspondant à Londres)

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