L'armée obtient un renouvellement plus rapide de ses hélicoptères
En visite ce lundi chez Airbus Helicopters à Marignane, la ministre des Armées doit donner un coup d'accélérateur au programme de remplacement des vieux hélicoptères des armées par la version militaire du tout dernier né d'Airbus Helicopters, le H160. L'hélicoptère interarmées.
Par Anne Bauer
A Marignane sur le site de fabrications des hélicoptères d'Airbus, la chaîne d'assemblage final du H160, le tout dernier modèle d'Airbus dans la gamme des appareils de taille moyenne, est prête. Fini les méthodes artisanales, la fabrication du nouvel hélicoptère d'Airbus, qui attend sa certification par les autorités européennes avant la fin de l'année, est conçue par « stations » de montage à la manière de l'industrie automobile. Outre sa rapidité, maniabilité, etc.. le H160 est ainsi élaboré comme un super kit de 1.000 pièces contre 4.000 pour un hélicoptère de la même taille de la génération précédente, comme le Dauphin. Résultat, l'appareil sera assemblé en cinq semaines pour un coût divisé par deux, par rapport aux hélicoptères équivalents du passé. Dans sa version civile, mais aussi bientôt dans sa version militaire.
Deux dans d'avance
En visite ce lundi chez Airbus Helicopters, la ministre des Armées, Florence Parly, va découvrir la maquette grandeur nature de la version militarisée du H160, l'hélicoptère interarmées léger (HIL). Le HIL a vocation à remplacer les Gazelle, Fennec, Puma, Alouette III, Dauphin SP et autres Panther, actuellement en service dans les trois forces : terre, air et mer. Soit autant d'appareils qui approchent les 40 ans d'âge et dont les frais d'entretien s'envolent . Le coût de l'heure de vol de l'Alouette III est par exemple passé de 5.000 euros en 2010 à 13.000 euros en 2017, note dans un rapport le sénateur de Legge, qui évoque une hausse de 56,4 % du coût du maintien en condition opérationnelle des hélicoptères entre 2009 et 2017 !
Aussi, alors que la loi de programmation militaire (LPM) qui planifie les équipements militaires entre 2019 et 2025, n'avait pas prévu une modernisation rapide de la flotte héliportée au vu des contraintes budgétaires, la ministre Florence Parly va néanmoins annoncer une accélération du programme de deux ans. La loi de programmation militaire prévoyait la signature du contrat de développement entre les Armées et Airbus en 2022 pour des premières livraisons à l'armée de terre en 2028. Florence Parly estime que le contrat pourra être noué dès 2021 pour livrer dès 2026. Il sera grand temps : une partie des Gazelles de l'armée de terre auront alors plus de 40 ans !
Préfinancement industriel
A terme, le nouvel hélicoptère interarmes léger (HIL) doit être livré à 169 exemplaires, dont 80 pour l'armée de terre, 49 pour la marine et 40 pour l'armée de l'air. Comment s'appellera-t-il ? La ministre devrait l'annoncer lundi. Quel félin choisir après le Puma, le Caracal, le Couguar, le Fennec ? Certains militaires parient sur le Serval, félin de la famille du chat qui vit en Afrique, en hommage à l'opération menée en 2013 au Mali.
Pour financer cette accélération du programme dans un budget toujours très contraint, le ministère a négocié avec le constructeur Airbus une avance de caisse. L'industriel va préfinancer le programme à concurrence de 150 millions d'euros. De leur côté, les Armées ont calculé que si elles pouvaient retirer plus vite que prévu du service leurs plus vieux appareils, en l'occurrence les Gazelle, elles économiseraient 100 millions. Ce montage financier satisfait tout le monde : le constructeur qui peut maintenir sans à-coup la charge, sachant que le HIL sera à 90 % commun avec le H160 et les armées qui s'impatientent. La Marine souhaite d'ailleurs louer quelque H160 dès l'an prochain pour remplacer ses vieilles Alouettes plutôt que d'attendre.
Anne Bauer